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Se mit à proférer des mots épouvantables.
O bouche familière aux propos délectables!
Nobles lèvres longtemps fertiles en douceurs,
Longtemps l'asile unique et charme des neuf sœurs!
Bosquets d'Académus! ombrages du Lycée!
Hélas! comment ne pas frémir à la pensée
Que seules dans ces temps barbares et déserts,
Héritières des tours aimables et diserts
Au point qu'en entendant vos cadences égales
On croyait écouter un concert de cigales
Assises sur la branche extrême du figuier.
Tout cela dépendit d'un fer de perruquier?
Et que, pour houspiller la barbe d'Aristote,
On vous perdit aussi catachrèse, litote,

Et tous ces beaux discours formés avec tant d'art?
« Canaille! criait-il, brigand, bandit, pendard;
Ma barbe, mon honneur, ma gloire, ma science,
Tout perdu, saccagé, massacré ! Patience!

Va, va, tout n'est pas dit entre nous deux, bourreau!
Nous nous retrouverons furcifer, verbero! »
Le malheur lui faisait vomir son antiquaille,

Et puis il reprenait en soufflant : « Chien, racaille!
Vous faire un empereur des Français avec ça !
Cela roi! prince! avec le front que ça vous a;
Cet œil bas, la noirceur de ce visage imberbe!
Je faucherais le pied à cette mauvaise herbe.
Moi! Moi le précepteur de cette brute-là !
Je m'en lave les mains, petit Caligula!
J'épiais les progrès de ton pervers génie.
Mais en face du temps et de la calomnie,

J'ai l'âme en paix. J'ai fait mon devoir, Dieu merci!
Je ne te savais pas à ce point endurci,

Jeune monstre. Attaquer un vieillard! quoi ! ton maître
Endormi! Quoi, Seigneur, avez-vous pu permettre
Qu'un sénéchal de France et l'un de vos barons
Marchât désormais glabre au milieu des larrons?
Tu ne t'en loueras pas en Paradis! vipère,
Nous allons voir un peu ce qu'en dira ton père.
Arrive ici, mignon de potence, grenier

A coups; et rira bien qui rira le dernier! »

VI.

Le roi Pépin jouait aux échecs après vèpres.
Soudain, comme un lépreux découvrirait ses lèpres,
Sous un porche d'église implorant un liard,
Traînant le criminel consterné, le vieillard,
En haillons, tête nue, avec la mine étrange
De son menton où pend encore quelque frange
Comme du chaume au bord d'un toit, paraît, hideux,
Au milieu des barons faisant cercle autour d'eux
Marmottant quelque chose avec sa lèvre émue,
Tel qu'un cygne perdant ses plumes par la mue.

<< Père, bégaya-t-il, justice, venge-moi!
Vois l'état où je suis, ma honte, mon émoi !
Fais-moi droit et reprends ton enfant : j'y renonce.
Il n'a pas de cervelle ou de cœur pour une once.
Vois mon visage, vois ces traits déshonorés !
Cette barbe en lambeaux, ces habits déchirés !

C'est lui qui m'a honni de la sorte. Justice,
Sire. Puisqu'il a fait le coup qu'il en pâtisse.
Regarde! où voudrais-tu que j'aille désormais?
Je suis défiguré pour toujours. Je dormais!
Il avait des ciseaux pris Dieu sait où, le traître.
Juge, sire voilà son ouvrage. Où paraître?
Où me cacher? Ecoute, ô prince, il faut punir.
Cet enfant à ton tour pourrait bien te honnir.
Moi je m'en vais. Voilà le prix d'un long service.
Adieu, roi, Mais malheur au royaume où le vice
Du fils du roi n'a pas dans le roi son vengeur! »

Le roi Pépin, debout, écoutait tout songeur,
En tourmentant du poing le pommeau de son glaive,
Et de l'élève au maître et du maître à l'élève
Promenant son regard et semblant réfléchir
Au moyen d'épargner son enfant sans gauchir,
Marchait comme un lion à grands pas dans son aire.

Tout à coup, éclatant d'un rire de tonnerre,
Le roi, que cet accès força de se rasseoir,
S'écria d'une voix formidable : « Un rasoir! »
Et devant les barons, devant Sadragésile
Qui le considérait de stupeur imbécile,

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Devant l'enfant tout droit sur le trône princier,
En deux coups, dont le sang congela sous l'acier,
Il s'abattit,la barbe et dit : «Justice est faite! >>
Chacun en fit autant. Et plus d'un bon prophète,
Voyant tant de mentons mis à l'air ce jour-là,
Et le tranquille enfant auteur de tout cela,

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Se disait :

« Ce petit sera grand, si Dieu l'aide, Qui change à son plaisir en grimace si laide Le visage et la mine altière des barons!

Nos femmes vont s'en rire, et nous leur répondrons :
« Ce que jamais encore, ô femmes, vous ne pûtes

« Par larmes, par amour, prières ni disputes,
« Ce que n'eût fait Pépin, ni Clovis son aïeul,
« Ce marmot nous a fait la barbe à lui tout seul! »

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LE SODN

PIÈCE

PRÉSENTÉE AU CONCOURS

Par Mme MARGUERITE GINET, à Villeneuve-sur-Lot.

L'Idéal est l'essence de la poésie.

(GUIZOT.)

Comme il avait encor les fins cheveux d'enfant
Qu'aiment à caresser de leurs lèvres les mères,
Ses yeux étaient déjà pleins d'étranges chimères
Et son cœur adorait tout ce que l'on défend.

Dans le berceau d'osier garni de blanches toiles,
Il demeurait longtemps sans dormir, écoutant
Le vent souffler dehors et le toit sanglotant
Sous le clignotement fatigué des étoiles;

Et de chercher pourquoi le ciel cligne et pourquoi
L'hiver, comme un damné, gémit aux portes closes,
Le tourment le suivait parmi les vagues choses
Que les contes de vieux lèvent autour de soi.....

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