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ment le plus élevé, le plus noble et le plus nécessaire de tous. Il faut joindre l'un à l'autre, le sentiment et le calcul, comme se rattachent entre eux, par nature, le vrai et le bien. C'était encore de la poésie, s'il est certain, comme on le disait déjà dans l'antiquité, que le beau est la splendeur du vrai.

Voilà, suivant vos images ingénieuses, les toiles de fond qui s'animent et vibrent en nous, avec leurs bienfaisantes influences.

Et cependant, un de nos confrères les plus chers, sachant unir à toutes les pénétrantes élé gances de l'ancien esprit français, une douce et haute raison, l'objectif de Brunetière et le nôtre, Messieurs, nous entretenait naguère, avec quelque tristesse, des devoirs actuels de sa chère Académie.

Il nous exprimait, dans son exquis langage, ses alarmes trop justifiées par l'esprit du moment. Et nous dirons après lui: Comment la poésie peut-elle résister encore aux destructions de ce sensualisme qui envahit de toutes parts la vie réelle, les beaux-arts et les lettres, se surexcitant follement lui-même par ses convoitises irréfléchies ou brutales?

Dans ces désordres d'un égoïsme dissolvant et stupidement dédaigneux de l'idéal supérieur, tout semble s'effacer ou se taire la foi, le dévouement, l'amour pur, héroïque ou simplement fidèle, le respect des grandes choses, les souvenirs de gloire et jusqu'au sentiment de la patrie.

Toutes ces sources sacrées de la poésie et des hautes pensées seraient-elles donc près de tarir?

C'est à nous de faire entendre les généreuses protestations, de mettre en relief les exemples, les paroles, les actes qui sont les devoirs impérieux du jour. C'est à nous de maintenir, suivant nos moyens, tout ce qui élève les âmes.

Ces vœux, vous les aviez réalisés d'avance dans vos œuvres, Monsieur. Votre livre sur Lamartine est l'enthousiasme d'une âme poétique appelant les autres à la contemplation d'un modèle auprès duquel s'émeut votre être tout entier.

Dans votre discours d'aujourd'hui, ces sentiments s'ennoblissent encore, d'une fierté patriotique très légitime qui nous retient sous son charme puissant.

Votre état d'âme s'est clairement révélé par les écrits et par la parole, et j'y découvre, le croiriez-vous, encore un avantage pour nous.

Vous êtes devenu Français par l'esprit et par le cœur, et cependant, laissez-moi vous le dire, on retrouve en vous la noble et sympathique race de Sienkiewicz à laquelle vous appartenez par le sang.

Vous joignez à l'élégante netteté de la forme que vous avez cultivée chez nous, cette sorte d'harmonie intérieure, moins éclatante, mais avec une sonorité plus profondément vibrante peut-être, des régions du Nord, du pays de ces hautes forêts, dont les « frémissements terribles » et les enchantements se présentent souvent à vous, comme si c'étaient des souvenirs chers à votre âme. Ce sera parmi nous, une note poétique nouvelle et bien venue.

Votre arrivée atténuera la peine où nous avait laissés la perte de votre vénéré prédécesseur.

Ainsi, en entrant dans notre demeure, vous aurez satisfait toutes nos espérances et au delà. Au nom de la Dame de ces lieux, je puis vous dire que toutes les muses, dès votre arrivée, s'unissent pour vous faire l'accueil chaleureux si bien dû à votre caractère et à votre talent. Vous y retrouverez sûrement la muse française que vous avez aujourd'hui proclamée leur sœur, l'aimable Courtoisie, si bien connue de vous, et qui, par tradition, nous reste toujours fidèle.

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RAPPORT

SUR

LES OUVRAGES DE POÉSIE

PRÉSENTÉS AU CONCOURS

LU EN SÉANCE PUBLIQUE, LE 3 MAI 1903,

PAR M. FRANÇOIS TRESSERRE

L'un des quarante Mainteneurs.

MESSIEURS,

-C'est la fête des fleurs, des strophes et des âmes! chantait un de vos anciens lauréats, trop vite réjoui, je le crains, d'avoir enfermé dans cet alexandrin la formule synthétique de notre fête traditionnelle.

Celui qui vous montrait les roses du 3 mai n'a pas tardé à sentir l'épine sous son doigt. Il vous vantait les vers, comme M. Josse, l'orfèvrerie. Et cependant qu'il évoquait la théorie des porteurs de lyres, venus pour s'incliner devant cette forme nouvelle de la Pallas-Athénée que nous nommons Clémence Isaure, il oubliait l'imprudent! - de saluer au passage ce personnage modeste et redoutable, anonyme autant qu'officiel, qui marche

en tête de nos Panathénées littéraires comme le bedeau devant la procession à savoir, le rapporteur du Concours annuel.

=་

Les bedeaux n'aiment pas qu'on les néglige. On le fit voir à notre ami. Car c'est lui, aujourd'hui, qui est le bedeau, et ses pas novices trébuchent dans les plis de sa robe.

Décidément, la critique est moins aisée que ne le veut le proverbe. Le métier de juge littéraire, généralement peu apprécié des justiciables, ne laisse pas d'être ingrat pour celui qui l'exerce. Que dire d'un critique d'occasion, quand ce critique est un poète ?

Parle-t-il avec indulgence de ses confrères en prosodie? - Son jeu est clair; personne ne doute qu'il se prépare en secret une agréable réciprocité d'épithètes : c'est la casse qui veut séduire le séné...

Montre-t-il de l'indépendance et se hasarde-t-il à trouver le Symbole trop vague et la Métrique nouvelle souvent incohérente? N'en doutez pas, son âme est plus obtuse que celle d'un bouvier de Béotie; et pour se faire un piédestal qui le montre à la foule, le sacrilège a mis en morceaux le marbre des déesses et s'est juché sur leurs débris...

Se fâche-t-il au nom des principes, ou passe-t-il, en se jouant, à travers la foule quelconque des auteurs pour aller saluer les génies immortels? les amoureux de réclame ne lui pardonnent pas sa vision sereine, et l'on chuchote derrière lui qu'il porte mal sa charge et ne se doute pas des reliques qui lui furent confiées...

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