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quer à l'Ecole Occitane qui, s'efforçant de se dégager le plus possible des particularités dialectales, ont l'ambition d'établir, comme les anciens. troubadours, une langue littéraire très large, d'une aire très étendue, susceptible d'être comprise et goûtée de tous les pays d'Oc sans acception de dialecte.

Réussiront-ils dans leur entreprise? C'est le secret de l'avenir. Dans tous les cas, l'Académie ne saurait repousser aucun des efforts qui sont tentés pour faire refleurir la langue d'Oc, pas plus ceux des simples Patoisants, pourvu qu'ils nous apportent une langue sans adultérations, que ceux des Félibres qui, tout en écrivant dans un dialecte bien défini, l'élargissent de leur mieux pour le faire comprendre par delà les frontières toujours un peu étroites de ce dialecte, que ceux des Lettrés enfin qui essaient de reconstituer une langue analogue à celle que les anciens Troubadours avaient vulgarisée, en prenant pour base tantôt le dialecte limousin, tantôt le dialecte provençal, tantôt le dialecte catalan suivant les fluctuations de la politique et suivant le mérite des poètes qui s'imposaient par leur talent à l'admiration de leurs contemporains. Cette année, en particulier, l'Académie n'a pas hésité à couronner sans préoccupation d'écoles les poètes les plus divers par leur mode de parler et d'écrire, comme M. Xavier Rivière, M. Edouard Lamourère, M. Gaston Lavergne et M. Antonin Perbosc.

C'est dans ces mêmes sentiments qu'elle a accueilli la Grammaire languedocienne de M. Emile MAZUC. Le titre en est trop ambitieux,

car cette grammaire ne s'occupe que du dialecte de Pézenas. De plus, elle est insuffisante comme science philologique. Enfin, elle est très discutable au point de vue des modes de graphie qu'elle enseigne. Mais elle est une véritable enquête sur le parler de Pézenas, et, à ce titre, elle constitue une précieuse contribution à l'étude d'un dialecte déterminé, et peut rendre d'importants services pour l'étude de la linguistique méridionale.

IV.

Vous le voyez, Messieurs, chaque année vient augmenter le nombre de ceux qui se groupent autour de l'Académie des Jeux Floraux pour faire revivre la langue des ancêtres romans et lui rendre son ancien prestige. Est-il téméraire d'en augurer une prochaine renaissance littéraire et d'espérer qu'il en sera pour nos poètes ce qui s'est déjà fait pour nos peintres et nos sculpteurs de l'Ecole toulousaine?

La langue d'Oc a eu de malheureuses destinées. Née du verbe latin sur les bords ensoleillés de la mer celtibérienne, parlée des Alpes Carniques à la huerta de Castille et des rives de la Loire jusqu'aux portes d'Hercule, elle était devenue, au Moyen-âge, la langue préférée des Cours souveraines. Aujourd'hui, elle a bien décliné c'est le peuple seulement qui continue à la parler, mais avec une telle constance, avec une telle vitalité qu'on peut tout espérer de sa restauration en haut comme en bas des classes sociales.

Longtemps, les Troubadours ont résisté à l'invasion du Nord. Epris obstinément de plaisir et d'harmonie, il fallut la proscription pour les faire renoncer à la poésie qu'ils cultivaient d'instinct et qui embellissait leur vie. Même après les tristes jours de Muret et l'âpre « conquête d'Albigeois », ils chantaient encore. La poésie n'est pas toujours frivole. C'est elle qui glorifie et c'est elle qui venge. Elle sait aussi consoler.

Les poètes de la langue d'Oc ont eu leur mérite et parfois leur grandeur. Saluons-les avec respect comme de glorieux ancêtres. Aimons-les et imitons-les dans tout ce qu'ils eurent de bon et de beau, le culte de l'idéal et de l'honneur, l'amour du sol natal, la passion de l'art et de la poésie. Ces sentiments ont été de tout temps ceux qui rendent les peuples puissants et respectés, aimables et aimés. S'ils ne les font pas toujours heureux, ils les font immortels.

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RAPPORT

SUR LE

CONCOURS DES PRIX DE VERTU

Lu en séance publique, le 1er mai 1903,

Par M. Joseph BRESSOLLES
L'un des quarante Mainteneurs.

MESSIEURS,

L'Académie a exprimé, plusieurs fois déjà et par ses interprètes les plus autorisés, la satisfaction qu'elle éprouve de pouvoir, dans une même fête, couronner le talent et récompenser la vertu. Elle peut ainsi contempler l'âme humaine dans l'ensemble de ses manifestations : l'intelligence avec ses hautes envolées, la volonté et ses efforts méritoires. D'autres ont montré, mieux que je ne saurais le faire, comment le domaine du beau embrasse le bien moral; insister sur une vérité acceptée de tous m'exposerait à des redites fastidieuses. Je préfère montrer les conditions différentes des concours littéraires et de celui dont je dois vous rendre compte.

Tout y semble contraste. A peine un avis dans

les journaux, forme moderne de l'antique Semonce, a-t-il annoncé l'ouverture des Jeux, qu'on voit arriver en foule poètes et orateurs. J'entends encore un éminent littérateur rappeler à l'Académie, sans aucune pointe de malice assurément, qu'aux approches des Pâques fleuries, elle voit << fondre sur elle de tous les points du ciel les escadrons bien alignés des Sonnets, la troupe lé. gère des Idylles et la redoutable réserve des Discours1». De tous ces candidats, les états d'âme sont divers, les talents sont variés; seule une pensée leur est commune. Qu'il ait ri ou pleuré, qu'il ait aimé ou haï, qu'il ait médité ou que, spontanément, une idée l'ait saisi, le poète ou l'orateur n'a pas voulu garder pour lui l'expression de ses sentiments, il a tenu à la rendre publique, et, si notre règlement lui a demandé plusieurs copies de sa pièce, c'est sans difficulté aucune qu'il s'est soumis à cette exigence. Encore sous le charme de l'idéal entrevu, il est persuadé que son chant ou son discours est un chefd'oeuvre et que c'est pour lui sûrement qu'a fleuri de nouveau notre parterre. Ai-je besoin de rappeler que dame Clémence ne partage pas toujours ces illusions et qu'elle se voit souvent forcée de réserver quelques-unes de ses fleurs?

Rien de pareil dans le concours pour les prix de vertu. C'est presque toujours à leur insu et souvent malgré eux que nos lauréats nous sont

1. M. Mérimée, Discours prononcé au nom de la Société archéologique, à l'occasion du centenaire de l'érection des Jeux Floraux en Académie, Recueil, année 1895, p. 218.

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