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Abbez, les Chapitres & les Docteurs du Royaume, avec permission auffi à Sa Majefté d'y envoyer de fa part. Que quelques-uns avoient voulu excufer le Roi, en rejettant la faute de tant de défordres fur fes mauvais Conseillers, mais qu'il étoit toujours inexcufable de les retenir près de lui, contre l'avis qu'il lui avoit fait donner. Après une longue déclamation contre ces Confeillers qu'il accufoit de s'être rendus les maî tres de l'efprit du Roi, il paffa au deffein de la Croifade, & déplora le miférable état de la Terre-fainte. Il exhorta le Roi à rétablir promptement le bon ordre dans fon Royaume, afin qu'il pût enfuite vaquer à une expedition fi louable & fi neceffaire,

La publication de cette Bulle découvrit l'inquietude du Pape, & la paffion qu'il avoit de rendre le Roi odieux au Clergé & aux peuples de fon Royaume. Et pour colorer des apparences de la juftice & de la vigilance paftorale, fes entreprises ambitieufes fur les droits de la Couronne de France, il tâchoit de faire regarder Philippe le Bel comme rebelle à l'Eglife, & au Pafteur general des Fideles, diffimulant malicieusement les proteftations que

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c. 5. Hif. Paris, Acad.

ce Prince avoit toujours faites d'être parfaitement foumis à l'une & à l'autre pour le spirituel. Il vouloit le faire paffer pour un ufurpateur des terres de fes voifins, feignant que les Pairs du Royaume, même les Comtes & les Richer, l. 10. Barons fe plaignoient de fes violences. Mais cette accufation n'avoit point d'autre fondement que les conquêtes que le Roi avoit faites fur fes ennemis en Guyenne & aux Pays-Bas, & que le droit des gens rendoit legitimes par la justice de fes armes. Pour ce qui est de la procedure contre le Comté de Flandre, c'étoit en vain que le Pape la regardoit comme une violence injufte & illegitime, puifque ce Prince étoit Pair du Royaume, & Vaffal du Roi,

Boniface prétendoit que le Roi étoit obligé de trouver bonnes & valides toutes les provifions des Bénefices qui fe donnoient en Cour de Rome, fans avoir égard à la Regale. Mais le Roi croyoit ne devoir pas renoncer à un droit qui lui avoit été acquis par fes Prédeceffeurs, foit comme Fondateurs, foit comme Gardiens, & Protecteurs des Eglifes. Il foutenoit que par le même droit les fruits pendant la vacance

& que

s'il les ren

lui appartenoient;
doit quelquefois aux nouveaux Evê-
ques, c'étoit fans obligation & par pu-
re bienveillance. Le Pape accufoit le
Roi d'empêcher qu'on ne portât les
plaintes qu'on avoit faites contre lui,
devant un Juge compétent, & au faint
Siege Apoftolique, parceque voulant
connoître de l'affaire du Comte de
Flandre, & de celle de l'Evêque de Pa-
miers,il cherchoit à rendre Philippe le
Bel partie en leur caufe, & par confe-
quentàle foûmettre àfon Tribunalavec
eux. Mais l'autorité Royale étant fou-
veraine dans les chofes temporelles &
féculieres, le Roi avoit raison de vou-
loir être Juge dans les difficultez qui
naiffoient entre lui & fes Sujets.

Le Pape fuppofoit faux, en voulant perfuader que les Rois & les Magiftrats Laïcs n'ont aucune autorité fur les perfonnes & fur les biens ecclefia-. ftiques. Il l'avoit ainfi appris de l'un de fes Prédeceffeurs Gregoire VII.au. fiecle duquel on avoit ofé avancer que cette creance étoit de droit divin, quoique ce foit une invention purement humaine. Quant à l'Eglife de Lyon, dont il fe vantoit d'avoir bien étudié les privileges, les droits & les libertez,

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lorfqu'il en étoit Chanoine, il eft cer-
tain qu'elle reconnoiffoit les Rois de
France pour les Fondateurs, de qui elle
avoit reçu tous les biens dont elle
jouiffoit. C'étoit auffi fans raifon que
le Pape attaquoit dans fa Bulle le droit
du Roi, touchant le rabais & le rehauf
fement de la monoye, ou le change-
ment des Efpeces, felon les neceffitez
de fon Royaume. C'eft un pouvoir
qu'on ne s'eft
ne s'eft pas avifé de difputer au

moindre Prince d'Italie ou d'Allema-
gne, où cette pratique eft fréquente.
Enfin il n'y a point d'articles dans cette
Bulle fi étendue, qui ne faffe voir à
quel point l'efprit de l'homme peut s'é
carter des regles de la juftice & de la
verité, lorfqu'il s'eft laiffé aveugler
par fon ambition.

C'eft dans cet état que fe trouvoit Boniface, lorfqu'il prétendoit que Phi lippe le Bel (qu'il comparoit injurieu fement à l'Idole de Bel, par une ridicule allufion à fon furnom) opprimoit la liberté de l'Eglife, parceque ce Prince refufoit de reconnoître un empire abfolu & defpotique que ce Pape s'attribuoit; qu'il ne fe rendoit pas l'executeur de fes Bulles, & qu'il ne les faifoit pas executer dans fon Royaume.

Philippe inftruit par fes Prelats & par fes Miniftres, favoit que la puiffance fpirituelle du Pape n'eft que minifterielle, & qu'il doit gouverner l'Eglife fuivant la difpofition des Canons, & & non par une autorité fouveraine & arbitraire. Ainfi il étoit perfuadé que le faint Pere n'a aucun droit de convoquer à Rome de fon feul mouvement, & comme bon lui femble, les Ecclefiaftiques d'un Royaume, ou de tout autre païs foûmis à des Princes qui ne relevent pas de lui. Avant lui c'étoit déja une maxime connue, qu'aucun Ecclefiaftique ne pouvoit fortir du Royaume fans la volonté & la permiffion du Prince, comme Hincmar Archevêque de Reims l'avoit autrefois déclaré au Pape Adrien II.

Les Romains tout dévouez qu'ils étoient aux volontez de Boniface, eurent honte d'une Bulle fi infoutenable. Ils l'ont biffée des Registres du Vatican, où l'on ne trouve plus que l'article concernant l'expedition de la Terre-fainte. Clement V. par confideration pour Philippe le Bel ne fe contenta pas de la révoquer, mais il fit encore rayer tout ce qui pouvoit déplaire à ce Prince dans le fragment qu'on en

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