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1302.

respect dû au Souverain Pontife, remontrerent au faint Pere par la même Lettre, Que s'avoit été une maxime. inouie jufques alors, que le Roi fût obligé de reconnoître qu'il relevoit du Pape pour fon temporel. Que l'on regardoit leur citation à Rome fous le fpecieux prétexte de reformer le Royaume, comme un moyen imaginé pour defoler toutes les Eglifes de France, pour priver le Roi de confeils, & le peuple de Sacremens. Que le Pape & la Cour de Rome étoient chargez de divers griefs, & regardez comme les Auteurs de toutes les injuftices faites au Roi & à l'Eglife Gallicane, par réferves, par Ordinations de Prelats, par collation des Benefices de France à des Etrangers, à des inconnus, & à des gens fufpects & non refidens, d'où venoient des defordres infinis dans le Royaume que le Roi avoit intention de réformer, avant que le Pape eût témoigné vouloir y travailler, & par fes Bulles, & par la convocation du Clergé de France à Rome. Que Boniface en particulier étoit accufé d'avoir chargé les Eglifes du Royaume & les meilleurs

Benefices, de penfions, de cens, & de diverses exactions qui changeoient la face de l'Eglife; & que c'étoit ce à quoi les Etats avoient résolu principalement de remedier. Qu'ils s'étoient engagez au Roi, avec les Barons ou la Noblesse du Royaume, pour travailler à la confervation des Libertés de l'Eglife Gallicane, à la défenfe des privileges & des franchifes du pays, à & la réformation des defordres caufez par les entreprises des Officiers Royaux fur le Clergé, & de tous les autres abus qui fe trouveroient parmi les Sujets du Roi, Clercs ou Laïcs. Qu'ils avoient tâché d'adoucir l'efprit du Roi, & d'effacer les impreffions fâchenfes qu'on lui avoit données de Sa Sainteté mais que malgré toute leur modération, ils avoient été obligez de s'expliquer dans P Assemblée, conformé ment à fa volonté, en faveur des droits de la Couronne, pour prévenir le scandale que leur oppofition auroit caufé à l'Eglife. Que puifque le Roi ne vouloit pas leur permettre d'aller à Rome où le Pape les avoit citez, ils prioient Sa

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Lettre de la

Cardinaux.

læus. p. 22.

Sainteté d'avoir égard à la difpofition des affaires préfentes; de ne pas expofer la France à un Schifme ; de ne pas rompre. Pancienne union entre le faint Siege & l'Eglife Gallicane, & de révoquer la citation que fon Nonce leur avoit faite de fa part.

La Nobleffe de fon côté écrivit dans Nobleffe aux le même tems au fortir de la même Affemblée, non pas au Pape, mais au College des Cardinaux, auquel elle envoya des Députez à part. Sa Lettre étoit conforme à celle du Clergé, en ce qui concernoit les déliberations prifes dans l'Affemblée des Etats. Mais Vigor, Ri- on y parloit des entreprises de Bonicher, Bul- face avec un peu moins de ménagement. On y renouvelloit tous les reproches faits à Sa Sainteté par le Roi ou fon Procureur General; & l'on s'y plaignoit de plus de ce que le Pape aboliffoit les Patronages laïcs, & faisoit perdre à la Nobleffe un droit qui lui avoit été acquis & tranfporté par les Fondateurs ou les Bienfaiteurs des Eglifes. Les Cardinaux étoient priez de remedier promptement à ces incon

Preuves

P. 60.

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veniens & aux autres defordres que la conduite de Boniface caufoit dans la France, afin que l'on pût penfer férieusement au voyage d'outre-mer. Il n'y eut que les premiers Princes & les Seigneurs, qui au nom de toute la Nobleffe firent fceller la Lettre de leur fceau, au nombre de plus de trente, dont les principaux étoient Louis Comte d'Evreux, fils du Roi Philippe; Robert II. Comte d'Artois, Prince du Sang; les Ducs de Bourgogne, de Bretagne & de Lorraine, les Comtes de Hainault & de Hollande, de Luxembourg, de Saint-Pol, de Dreux, de la Marche, de Boulogne, de Nevers, &c.

Le Tiers-Etat députa pareillement à Rome. Il écrivit auffi le même jour au College des Cardinaux, en des termes prefque femblables à la Lettre de la Nobleffe. Il traita le Pape avec auffi peu de ménagement dans les plaintes qu'il faifoit de Sa Sainteté, qu'il défignoit feulement par un circuit de mots au lieu de l'appeller fon nom. Sa lettre étoit fignée

par

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XVI. Pouvoir des

Laïcs en France en faveur

du Clergé.

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non du Tiers-Etat, mais au nom des Maires, Echevins, Jurats, Confuls, Univerfitez, Communes & Communautez des Villes du Royaume de France. La tenue de cette Affemblée & les deux Lettres de la Nobleffe & du Tiers-Etat, fuffifent pour faire voir que les Laïcs auffi-bien que les Ecclefiaftiques, ont toujours eu droit en France de déliberer fur tout ce qui concerne la police ecclefiaftique, pour empêcher les innovations & les abus: & que l'ufage du Royaume eft que la Marca 1.6. Nobleffe & le peuple puiffent agirConcordia. pour mettre le Clergé à couvert des entreprises de la Cour de Rome. D'ailleurs la Lettre du Clergé au Pape fait juger que l'Etat Ecclefiaftique en France conservoit toujours sa premiere fermeté. Il voyoit que la neceffité où il étoit de demeurer toujours uni aux deux autres Etats de la nobleffe & du peuple dans le Royaume, faifoit impreffion fur les efprits à la Cour de Rome, & il fe fervoit heureufement de cette vûe pour s'oppofer à l'execution des defirs d'un Pape

6.33.7.2 de

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