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1302.

ambitieux, & pour montrer l'obliga-
tion qu'avoient tous les Ecclefiaftiques
de défendre les franchises & les liber-
tez du Royaume, & de s'attacher aux
interêts du Prince legitime, comme
fes fujets. Ce qui rendoit le Clergé Richer.
exempt de la corruption & de l'efcla-
vage, c'est qu'il n'y avoit pas d'Emif
faires de la Cour de Rome mêlez dans
fon Corps pour facrifier les interêts de
l'Eglife Gallicane & de nos Rois à
ceux des Ultramontains. Ce n'eft pas
qu'il ne fe trouvât bien des Cardinaux
François dès ce tems-là, mais ils é-
toient membres du Clergé de Rome,
réfidans ordinairement auprès du Pa-
pe, & non en France; & ils n'avoient
aucun rang près de nos Rois, à moins
qu'ils ne fuffent revêtus de la qualité
de Legats ou de Nonces. Les autres
Miniftres ou Officiers Ecclefiaftiques
du Pape, qui étoient en France, n'a-
voient ni feances dans les Affemblées,
ni voix dans les déliberations du Cler-
gé du Royaume.

Pendant qu'on attendoit les Réponfes de Rome aux Lettres du Clergé, de la Nobleffe & du Tiers-Etat, le Roi convoqua une nouvelle Assemblée des

Nouvelle Affemblée des

Etats douteu fe & incer. taine..

rienfium. Vvalfin

gham, pod.
Felix Ofius,

P. 58.
Richer, 1. 10.

6. 12.

Trois Etats de fon Royaume, fouhaitant que les Seigneurs qui devoient aller à l'armée de Flandre, où la guerre avoit recommencé, puffent avant leur départ entendre ce qu'on avoit à produire de nouveau contre le Pape. L'Affemblée se tint le 24. de Juin jour Annal. D. de la naiffance de faint Jean-Baptifte minic. Colma dans le Jardin du Palais Royal; & l'on ne doit pas douter de fa tenue, s'il est certain que Pierre Flotte le Garde des Sceaux s'y trouva, & s'il y fit encore la fonction d'accufateur contre le Pape. Sans cette circonftance on auroit lieu de croire que les Auteurs auroient pris cette Affemblée pour celle de l'année fuivante, qui fe tint le 13. jour de Juin, tems auquel Flotte n'étoit plus au monde. Nous ne voyons pas quelles furent les déliberations de cette Affemblée du 24 Juin 1302. Mais nous voyons que tous les Auteurs qui en parlent lui attribuent celles qui furent prifes dans l'Affemblée du 13 Juin 1303. & qu'ils donnent à Pierre Flotte, Guillaume de Nogaret, & Guillaume du Pleffis, Seigneur de Vezenobre, pour compagnons dans fes accufations.C'est ce qui nous doit rendre cette Affem

blée de 1302. d'autant plus fufpecte & plus douteufe, que la date du jour paroît fondée fur une erreur de Boniface, qui parlant de l'Affemblée de Juin en 1303. dans un Bref au Cardinalle Moine du Is Aouft fuivant, dit qu'elle s'étoit tenue le jour de faint Jean-Baptifte, au lieu du 13 de Juin.

13020

Réponse des Cardinaux à au Tiers-Etat.

la Nobleffe &

Preuves,

Richer, Bul

Ce fut le 26 du même mois que les Cardinaux répondirent en Corps à la Lettre de la Nobleffe de France, & à celle du Tiers-Etat. Ils entreprirent de juftifier le Pape, non pas fur tous les points marquez dans ces Lettres, mais feulement fur les chefs d'accufation les plus importans. Ils voulurent perfuader, Que Boniface tout leur College conjointement avec lui, n'on- P.63. 71. blieroient rien pour conferver l'union en- læus, p. 26. tre l'Eglife, le faint Siege, le Roi & le Royaume de France. Que le Pape n'avoit point écrit au Roi ni à d'autres, que ce Prince lui fut foumis pour le temporel, ou qu'il tint de lui le Royaume qu'il poffede. Qu'il n'en avoit jamais eu la prétention ni la pensée. Que l'Archidiacre de Narbonne, Nonce de Sa Sainteté, ayant été oui depuis fon retour à Rome, fautenoit n'avoir rien dit en Cour, ni

3302.

rien donné par écrit qui fut approchant
de ce qu'on lui imputoit fur cela. Qu'ainfi
les Conclufions données par Pierre Flotte
devant le Roi dans l' Assemblée des Etats ̧
étoient fauffes & fans aucun fondement.
Qu'à la verité les Prelats & les autres
Ecclefiaftiques du Royaume avoient été
mandez à Rome par le Pape, pour déli-
berer avec eux fur ce qu'il y auroit à
faire touchant la réformation des défor-
dres; mais que Sa Sainteté ne préten-
doit conferer qu'avec des gens non fuf-
pects, agreables au Roi, & affectionnez
au bien de la France. Que loin de rece-
voir avec mépris les Bulles
que
Le Pape
avoit écrites au Roi, & de les rejetter
injurieufement, comme on avoit fait à
la Cour, on auroit dû l'en remercier,
puifqu'elles ne tendoient qu'à remedier
aux maux que fouffroient les gens dE-
glife, & à rétablir le bon ordre par-tout
le Royaume. Que s'il étoit vrai que le
Pape eût foulé le Clergé, ce n'auroit été
qu'à la priere du Roi, en lui accordant
la permiffion de lever des Décimes. Que
ce n'étoit qu'en faveur du Roi & des
Grands du Royaume qu'il avoit donné
Les difpenfes dont on fe plaignoit, &
qu'ainfi ils ne pouvoient lui en faire des

reproches fans ingratitude. Qu'il ne fe fouvenoit pas d'avoir pourvû d'Etrangers aucune Eglife Cathedrale, hors celles de Bourges & d'Arras, qu'il avoit remplies de Sujets très capables & agreables à Sa Majefté, qui d'ailleurs avoient été élevez dans le Royaume, dont l'un, quoique Romain (1) étoit Docteur en Theologie de la Faculté de Paris, de l'Ordre des Auguftins, & avoit été Precepteur du Roi; l'autre (2) quoique pareillement Italien avoit profeffé l'un & l'autre Droit dans l'Univerfité de Paris. Que pour un Etranger ou deux qui

avoient été recommandez d'ailleurs par le Roi, l'on trouveroit cent Françoit que le Pape avoit comblez de graces & de bienfaits. Qu'enfin toute la Cour de Rome avoit à fe plaindre de ce que la Noblesse de France contre la bienféance, la civilité & le refpect dû au Souverain Pontife de l'Eglife univerfelle, n'avoit pas daigné nommer le Pape par fon nom mais s'étoit fervie pour le défigner, d'une périphrafe conçue en termes defobligeans, nouveaux, & pleins de mépris.

Cette Réponse du Sacré College, à la compofition de laquelle le Pape Boniface avoit eu grande part, fur

1302.

1. Gilles de Rome, de la

famille des Colonnes.

2. Girard Pigalotti,

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