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1302.

ce Miniftre, prétendant, Que depuis qu'il avoit été admis dans le Confeil du Roi, se n'avoit été qu'un Achitophel & un beretique; & que fes confeils n'avoient jamais été fuivis qu'à la perte du Roi & du Royaume, n'ayant eu pour appui que le Comte d'Artois, le Comte de Saint-Pol, & des du même cagens ractere. Qu'il vouloit que Flotte fût puni temporellement & fpirituellement, & qu'il demandoit à Dieu qu'il lui réservât cette punition, afin qu'il en pût faire un exemple de fa juftice. Il dit, Qu'il falloit que Flotte eût corrompu ou déguifé le fens de la Lettre qu'il avoit écrite au Roi avec la participation & le confentement de tout le College des Cardinaux mais que par : déliberation Voyez cy- prife avec les Ambassadeurs de France, ils n'avoient pas jugé à propos de l'envoyer à Sa Majestée avant qu'on lui en eût récrit pour la fonder ou la prévenir favorablement. Qu'ainfi on ne pouvoit aßurer fi Flotte avoit falfifié lá Lettre même, ou s'il avoit dit à ce sujet des fauffetez au Roi pour le prévenir contre Sa Sainteté. Mais qu'on avoit affecté de cacher la Lettre aux Grands du Royaume & aux Prelats, pour leur perfuader plus aifément que le Pape avoit

deffus, chap.

14.

voulu obliger le Roi à reconnoître qu'il tenoit de lui fa Couronne & fon temporel. 1302. Que depuis quarante ans qu'il étudioit le droit, il n'ignoroit pas que les Puiffances fpirituelles & temporelles fuffent toutes deux ordonnées de Dieu, & qu'elles euffent leurs fonctions feparées. Qu'il n'avoit jamais en intention d'ufurper celle du Roi : & qu'ainfi il n'étoit rien de plus mal fondé, ni de plus outrageant que cette FATUITÉ qui lui avoit été imputée à la tête de la Réponse. Que le Roi, ni pas un Fidele ne pouvoit nier qu'il ne fut fujet du Pape même quant fût au temporel, non pas en Fief du faint Siege, mais par rapport au peché qui fe commettoit dans l'administration de ce temporel, comme l'avoit rapporté le Cardinal de Porto. Qu'à l'égard de la collation des Benefices, il avoit fouvent dit aux Ambaffadeurs de France, qu'il vouloit faire en forte que le Roi fît licitement ce qu'il faifoit illicitement. Que cette collation ne pouvoit appartenir à un Laïc, en telle forte qu'il pût avoir le droit & l'autorité fpirituelle qui confifte dans le pouvoir de conferer les Benefices.

Qu'il n'étoit pas vrai qu'il eût permis au Roi de mettre un Chanoine dans cha

GS

1302.

que Eglife de fon Royaume qu'à la verité il avoit eu intention de lui accorder le pouvoir de conferer les Prebendes de l'Eglife de Paris, pourvû que ce fut à des Docteurs ou à des gens favans ; mais qu'il avoit à fe plaindre que ce Prince ne donnât ces places qu'à la recommandation & à la faveur. Que fo au lieu de gens faits comme Flotte & Nogaret, le Roi lui avoit deputé pour lui faire fes remontrances, des gens dhonneur & de probité, tels que le Duc de Bourgogne ou le Duc de Bretagne, il les auroit écoutez avec plaisir, & se feroit corrigé dans les chofes où on lui auroit fait voir fes fautes. Qu'il ne vou loit point traiter le Roi felon toute la rigueur qu'il lui avoit donné fujet de le faire, parce qu'il étoit refolu de bien vivre avec lui. Qu'il avoit été l'ami particulier de faint Louis fon ayeul, & de Philippe le Hardi fon pere ; qu'il avoit toujours été porté pour la France durant fon Cardinalat que depuis qu'il étoit Pape, il avoit toujours aimé, défendu

fervi Philippe le Bel, fur-tout contre les Anglois, les Allemans, & fes. autres ennemis étrangers & domestiques, fans quoi il étoit perdu. Mais que fi le Roi ne dovenoit plus fage, & que s'il ne

laiffoit aller à Rome les Prelats de fon Royaume, il fauroit le châtier comme un petit garçon, & lui ôter la Couronne. Que fes Predeceffeurs avoient dépofé trois Rois de France pour de moindres fujets; & que Philippe le Bel ayant déja fait beaucoup plus de mal qu'eux avoit tout à craindre s'il ne profitoit de leur exemple. Qu'il connoiffoit les defordres & les befoins du Royaume ; & qu'il

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ordonnoit de nouveau aux Prelats de

venir à Rome, & de faire le voyage à pied s'ils n'avoient point de chevaux. Que ceux qui y manqueroient fans cause legitime, feroient déposez, & qu'il les déclaroit déja dépofez par avance.

1302. Sicut unus

garcionen.

trois Cardi

Après le Confiftoire, quelques Car- Réponse de dinaux fe chargerent de répondre au naux au Duc Duc de Bourgogne (Robert) qui étant de Bourgo touché du scandale que la divifion de gne. Rome avec la France commençoit à caufer, leur avoit écrit en particulier pour tâcher de les prévenir, & avoit deputé de fa part en Cour de Rome un Chevalier du Temple, nommé Hugues Catalan, pour adoucir l'efprit du Pape. Ils lui renvoyerent ce Deputé avec deux Lettres fignées de trois d'entre eux, & datées des 5. & 6. Septembre. Mais à quelques civilitez près, ils ne

preuves p 80. & 82.

1302.

Mathieu,

Sainte-Ma

rie in portion.

lui donnerent pas beaucoup d'autre fatisfaction. Le premier lui fit l'apo

Cardinal de logie de Boniface, entreprit de lui prouver l'innocence & la juftice de toute fa conduite, & l'ingratitude de la France, pour les bienfaits dont il l'avoit comblée. Il lui manda, Que le Roi étoit excommunié pour avoir défendu aux Prelats & aux autres Ecclefiaftiques convoquez, d'aller à Rome. Il lui fit même des reproches fur ce que ni lui, ni la Nobleffe, ni le Tiers-Etat ou les Communautez du Royaume, n'avoient pas écrit au Pape, comme ils avoient fait au Sacré College. Il le pria de confiderer, Que ce n'étoit qu'au Pape qu'appartenoient les Canonizations, les difpenfes de mariage, les Indulgences, les Provifions aux Prelatures, la permiffion aux Princes de lever les decimes fur le Clergé ; qu'il n'y avoit aucune de ces graces que Boniface n'eût faites à la France. Qu'il n'étoit pas poffible de faire pour le Roi auprès de Sa Sainteté ce dont il le follicitoit, & qui confiftoit à faire revoquer la suspension de toutes les graces que le Pape lui avoit accordées jufqu'à l'arrivée de l'Archidiacre de Narbonne à la Cour de France, & le commandement fait aux Pre

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