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lats de fe trouver à Rome le premier jour de Novembre à moins que le Roi ne fit une penitence fincere des fautes qu'il avoit commifes contre le faint Siege, &qu'il ne rendit une fatisfaction publique au Pape. Qu'au reste le Roi ne devoit attendre ni lettre ni nouvelle du Pape, parceque Sa Sainteté ne vouloit ni ne devoit avoir aucun commerce avec un Excommunié.

que

La Lettre des deux autres Cardinaux au Duc de Bourgogne, ne démentoit pas non plus le genie de la Cour de Rome. Elle étoit plus flatteufe la première à l'égard de ce Prince. On y fouoit le zele qu'il faifoit paroître pour la paix de l'Eglife. On l'affuroit de l'eftime & de la confideration particuliere que le Pape avoit pour fon merite & pour fa perfonne. Onajoûtoit que l'efprit du S. Pere étoit tellement irrité, qu'il ne vouloit prefque plus fouffrir qu'on lui parlât de l'affaire du Roi de France. Que fi neanmoins le Roi vouloit donner des marques d'humilité & de repentir, le Pape avoit encore affez de clemence & de charité pour oublier le paffé. C'eft pourquoi on y exhortoit le Duc à faire en forte que le Roi s'humiliât pour meriter

1302.

Robert &

Pierre.

Preuves,

pag. 82.

1302,

XVIII.
Perte des

François à la

bataille de Courtray at

tribuée au Pa

pc.

l'abfolution, & fe mettre en état de reffentir les effets de la bonté du saint Pere.

Pendant qu'on étoit occupé à Rome des Réponses qu'on devoit faire aux Lettres des Trois-Etats du Royaume de France, & des moyens de rendre inutiles les défenfes que le Roi faifoit de laiffer fortir de France ni argent, ni marchandises, le Pape reçut avec une fatisfaction fecrette la nouvelle de la défaite de l'armée Françoife en Flandre; & particulierement celle de Robert 11. la mort du Comte d'Artois, & du GarPierre Flotte. de des Sceaux, qu'il regardoit comme les deux adverfaires les plus nuifibles à fes prétentions qu'il eût à la Cour. Il ne s'étoit vû depuis long-tems une journée fi funefte aux François que celle du onze de Juillet. Cinquante mille hommes de troupes agueries & toutes victorieufes fous la conduite de Robert II. Comte d'Artois, Prince du Sang Royal, fuivi de la principale Nobleffe du Royaume, avoient été mis en pieces près de Courtrai par vingt-cinq mille hommes fans expe rience & fans difcipline, ramaffez des boutiques de Bruges, de Gand & des Villages voifins, revoltez contre les

Officiers de Philippe le Bel, & conduits par le fils du Comte de Flandre.

1302.

Charles de Valois rap

Le Roi confterné d'un échec auffi peu attendu, & craignant que cette pellé d'Italie difgrace n'eût de plus grandes fuites, par quelque fâcheufe ligue que les Anglois & les Allemands auroient pû faire avec les rebelles des Païs-Bas, rappella d'Italie le Comte de Valois fon frere avec les troupes. Ce Prince avoit paffé les Alpes depuis un an avec une belle armée, à la follicitation du Pape qui l'avoit déclaré Capitaine General des armées en Italie, Commandant de l'Etat Ecclefiaftique, Pacificateur de la Toscane, & Vicaire de l'Empire. Il étoit alors en Sicile occupé à chasfer de cette Ifle Frederic d'Aragon pour la mettre en la poffeffion du Roi Charles. La nouvelle des affaires de France le porta à faire avancer la paix entre ces deux Princes, de forte que remettant à un autre tems l'expedition qu'il devoit faire en Grece pour la conquefte de l'Empire de Conftantinople, il prit la route de Rome avec ce qui lui reftoit de troupes Françoi fes, pour revenir en France.

Le Pape travailla inutilement pour l'en détourner; & ce qu'il put obte

Nouveau fut

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de brouil

leries entre la

1302.

Cour de Ro

me &la Fran

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Vecerius.

nir fut une promeffe que ce Prince lui fit d'accomoder les differends furve nus entre la France & la Cour de Rome, au contentement réciproque de Sa Sainteté & du Roi fon frere. Ce n'é ad Mulatum. toit point tant un accommodement où ham in Edu- une reconciliation que Boniface deardum in mandoit du Roi Philippe le Bel', qu' Ypodig.Neuftr. une foumiffion à fes volontez. Mais

Felix Ofius,

Vvalfing

le Comte de Valois arriva trop tard pour prévenir le Roi qui avoit été déja informé des intrigues par lefquelles on prétendoit que Boniface avoit fait révolter les Flamands contre lui. Il avoit appris auffi que c'étoit par les follicitations du Pape que le Roi d'Angleterre avoit violé la paix & l'allian

ce contractée entre les deux Couronnes par les mariages de fa four & de fa fille, & que c'étoit de concert avec Boniface qu'il avoit favorifé les rebelles de Flandre de fes confeils, & de l'argent des Décimes que Sa Sainteté avoit fait lever fur les Eglifes d'Angleterre & d'Irlande.

Une conduite fi defobligeante ache va d'aigrir l'efprit de Philippe le Bel contre la Cour de Rome, aux artifices de laquelle il attribua la perte qu'il avoit faite de fon armée à la journée

de Courtrai. Le Pape de fon côté, quoique fort content de la punition qu'il croyoit que Dieu avoit tirée du Comte d'Artois, de quelques autres Seigneurs qui avoient été de l'Affemblée des Etats,de Pierre Flotte qui s'étoit rendu l'accufateur de Sa Sainteté, & de quelques autres prétendus ennemis du faint Siege, ne fe crut pas encore affez vengé. Il ne rabattit rien de fon humeur hautaine & de fes prétentions ambitieuses; c'eft ce qui rendit les deux Puiffances perfonnellement irréconciliables.

Cependant le Roi apprit que malgré les défenfes qu'il avoit faites aux Ecclefiaftiques de fortir de fon Royaume fans fa permiffion, quelques Prelats, Abbez, Prieurs, Docteurs en Theologie & en Droit, étoient allez à Rome pour fatisfaire aux fommations du Pape, & fe trouver au Synode du premier jour de Novembre. Cette contravention à fes ordres lui fit donner le Dimanche d'après la Fête de la faint Luc un Edit par lequel il ordonnoit à fes Officiers de faifir les biens de tous les Ecclefiaftiques fortis du Royaume contre les défenfes. Il vouloit auffi qu'on lui en envoyât les

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