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Conftance & de Bafle, contre les entreprises de ceux qui vouloient établir l'infaillibilité & le pouvoir defpotique du Pape fur l'Eglife. Mais ces deux éditions ne comprenant que la moindre partie des chofes qui s'étoient paffées dans toute cette affaire, n'étoient pas capables de fatisfaire ceux qui fouhaitoient d'être pleinement inftruits d'une hiftoire fi remarquable.

Il eft certain que ces quatre favans hommes, outre une connoiffance trèsexacte de ces matieres, ont fait paroître beaucoup d'integrité & de defintereffement dans ce qu'ils en ont écrit. Mais il fuffit qu'ils foient François pour être fufpects aux Ultramontains. Ainfi l'équité qui veut qu'on écoute également toutes les parties dans une caufe contestée, nous oblige de confulter auffi les Italiens, & generalement tous ceux qui ont favorifé les Papes dans cette affaire, quelque partialité qu'ils ayent fait paroître dans leur défenfe. Comme la plupart de leurs Historiens & de leurs Canoniftes n'en ont parlé fuivant leur deffein, qu'à la rencontre des évenemens, & par interruption, il feroit à fouhaiter que quelqu'un de ces Défenfeurs eût entrepris d'exami

ner toute cette affaire dans quelque traité fingulier que nous puffions oppofer à ceux de Richer & de Dupuy.. Je n'ai encore pû trouver que Felix Ofius & les Continuateurs de Baronius, qui ayent rapproché & joint enfemble ce qu'ils en avoient recueilli de divers Auteurs ; encore n'ont-ils pas détaché ces recueils du corps de leurs ouvrages. Ofius, Profeffeur en Eloquence à Padoue du tems d'Urbain VIII. a ramaffé de divers Auteurs les caufes & les progrès de ce fâcheux différend, à la fin de fes Commentaires fur l'histoire de Muffatus. Mais outre que la mort a interrompu cette compilation, le dessein d'Olius n'étoit que de faire un amas d'extraits & de mor. ceaux détachez indifféremment. de tous les Ecrivains qui lui étoient tombez fous la main, fans en faire l'examen, fans les digerer, & fans leur donner aucune forme. Les Continuateurs de Baronius, & particulierement Bzovius & Raynaldi, font beaucoup plus propres par leur partialité envers les Papes, pour faire connoître juf qu'où ces Pontifes pouffoient leurs prétentions. C'eft dommage que dans ce dévouement aveugle qu'ils font pa

roître, ils n'ayent confervé quelque amour pour la verité; ils auroient commis moins d'infidelitez & de negligence dans la fuppreffion des veritables causes, dans l'alteration des faits, & dans l'induction de leurs fauffes conféquences. Ces confidérations ne feront pas neanmoins fuffifantes pour nous les faire rejetter entierement mais ce font des avertiffemens pour ne rien prendre d'eux, non plus que de ceux qu'on a cru dans des interêts contraires, fur-tout de Sponde, quoique beaucoup mieux inftruit, plus exact & plus fidele que ces deux Annaliftes, qu'après en avoir fait la preuve fur les originaux, & fur les actes reconnus autentiques de part & d'au

tre.

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I.

Avenement de Boniface

L y avoit neuf ans que Philippe le Bel, petit-fils de faint Louis, regnoit en France, lorfque le faint Siege au Pontificat. vaquant par l'abdication volontaire du Pape Celestin V. fut rempli par Benoist Gaëtan, qui fe fit appeller Boniface VIII. Celeftin, connu dans fa vie privée fous le nom de Pierre de Mourchon, voulant conferver dans le Pontificat la fainteté qu'il y avoit portée, y trouva tant d'obftacles, que l'amour de fon premier Institut, & de fon ancienne folitude, jointe au peu d'experience qu'il avoit pour le maniment des affaires publiques de l'Eglife,

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lui fit écouter volontiers les fuggestions de certaines gens apoftez par ceux qui lui envioient fa place, pour lui exagerer les dangers & les obligations de la Papauté. Boniface qui s'étoit montré le plus impatient & le plus adroit de ceux qui cherchoient à monter fur le faint Siege, n'auroit eu aucun befoin des artifices & des fourberies dont on l'a depuis accufé, pour perfuader la retraite à un fi faint homme. Il en avoit pourtant employé de plus d'une efpece, dans la penfée de féduire la fimplicité de Celeftin, qu'il ne regardoit pas comme un homme. d'une grande vertu. Après lui avoir procuré toutes les facilitez poffibles pour la démiffion, il n'y eut point de brigues qu'il ne mît en ufage pour fe faire élever à fa place. Les voyes qu'il prit pour s'affurer de fa nouvelle dignité, ne répondirent point mal aux 'moyens qu'il avoit employez pour y parvenir; & l'on jugea fur les premiers traits de fa violente politique, quelles pourroient être les maximes dont il fe ferviroit pour gouverner l'Eglife. Car non content d'avoir fait confirmer l'abdication de fon Predely, Cardinal. ceffeur dans le College des Cardinaux,

Pierre d'Ail

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