noms avec un Memoire de leurs biens, aufquels il fit donner des Gardiens pour être confervez pendant leur abfence. Quelques jours après voyant que le Pape vouloit toujours fe comporter en Arbitre & en Juge des differends de la France avec l'Angleterre, quoique l'arbitrage auquel il avoit été admis quatre ans auparavant, non comme Pape, mais comme perfonne privée par le compromis des deux Rois, fût fini par la Sentence qu'il avoit prononcée, il donna des Lettres de Récufation contre lui à Vincennes dans l'octave de la Touffains. Il déclara, Que comme le Compromis portoit que Boniface ou plutôt Benoist Gaëtan ne pourroit procéder dans toute cette affaire fans le confentement exprès de Sa Majefté, il fe croyoit obligé de protefter publiquement contre ce que le faint Pere voudroit faire en vertu du Compromis, parcequ'il en étoit déchargé du confentement des parties intereffees, c'est à dire du Roi d'Angleterre & du fien, & que fon pouvoir étoit expiré. D'ailleurs Boniface lui étant devenu fort fufpect à l'occafion des nouveaux differends furvenus entre la Cour de Rome & celle de France depuis le Compromis, il le recufa dans toutes les formes pour tout ce qu'il voudroit entreprendre en vertu de fon ancienne qualité d'Arbitre. Il nomma trois Seigneurs de fa Cour, fçavoir Gaucher de Châtillon, Jean de Harcourt & Jean Mouschet, pour en fignifier l'Acte à Sa Sainteté, & à tous ceux qui y auroient interêt. Le premier jour de Novembre venu, le Pape affembla ce qui fe trouvoit de Prelats à Rome, & tint fon Synode où il avoit convoqué le Clergé de France. Nonobftant la Lettre d'excufe qui lui avoit été écrite le jour de l'Affemblée des Trois-Etats dans Notre-Dame de Paris au nom de tous les Archevêques, Evêques, Abbez, Superieurs, Doyens, Prevôts de Chapitres, Univerfitez & Communautez féculieres & régulieres du Royaume, pour être difpenfez du voyage, & obtenir la révocation de leur citation, il les avoit tellement intimidez par fes menaces, qu'il fe trouva plus de la moitié des Prelats qui aimerent mieux contrevenir à l'Edit du Roi, que de defobéir au Pape. Les Archevêques de Tours, de Bourdeaux, de Bourges & d'Auch, furent de ce 1302. Le Pape s'y tre le Roi & fes Minif tres. nombre avec trente-cinq Evêques, parmi lesquels étoient celui d'Auxerre envoyé de la part du Roi, & les Evêques de Noyon, de Coûtance & de Beziers Députez du Clergé depuis le 10. d'Avril jour de l'Affemblée des Etats. Le Pape ayant fait entrer les prinjuftifie con- cipaux du peuple Romain avec fon Clergé, voulut en leur préfence & devant les Prelats, Abbez & autres Ecclefiaftiques François, fe purger par ferment des accufations dont Pierre Flotte & les autres Miniftres du Roi l'avoient chargé dans l'Assemblée des Etats. Il renouvella enfuite & confir ma les cenfures qu'il avoit fulminées jufques- là contre Sa Majefté & fes Officiers, & il fe prépara à en fulminer de nouvelles après la Conftitution qui devoit faire le resultat de fon Synode, & renfermer le principal de fes prétentions fur les Puiffances féculie Bulle de la Pape fur le temporel. res. que l'on Cette fameufe Conftitution puiffance du a inferée parmi les Decretales que l'on nomme Extravagantes, & que l'on Extrav. de connoît par tout fous le titre de la Bulle Unam San&tam, fut publiée le 18 du même mois, jour de la dédicaBullaus, p. 'ce de la Bafilique de faint Pierre & de Majoritate & Obedientia. Preuves, pag. 54. 36. faint Paul. Elle portoit, Qu'il y a deux glaives dans l'Eglife, le glaive Spirituel & le glaive temporel ou materiel. Que l'un & l'autre font en la main on en la puissance de l'Eglife. Que le premier doit être manié par l'Eglife même; & le fecond par les Princes on Puiffances feculieres pour le fervice de l'Eglife, fuivant les ordres & la volonté du Pape, & des Miniftres Ecclefiaftiques. Que le temporel eft fujet & dépen dant du fpirituel. Que c'est la puiffance Spirituelle qui forme la temporelle & qui la juge: mais que perfonne ne juge la fpirituelle que Dieu feul. Que l'on ne peut avoir d'autre creance fur ce point fans tomber dans l'herefie des Manichéens, qui admettoient deux principes. Qu'il eft de neceffité de falut de croire que toute creature humaine eft foumife au Pape. Cette Bulle fit voir la mauvaise foi avec laquelle le Pape accufoit Pierre Flotte d'avoir falfifié celle qui avoit été adreffée au Roi, pour lui faire entendre que Sa Majefté devoit le reconnoître comme fon Superieur dans fon temporel. Elle met au jour toute la fupercherie dont il avoit ufé dans la tenue de fon Confiftoire, & dans la 1302. Marca, 1. de Concordia." 4.c. 16. 33. So 1302. Réponse des Cardinaux à la Nobleffe & au Tiers-Etat du Royaume, pour déguiser ses prétentions fous des équivoques. Par cette derniere Conftitution, il parut vouloir ôter toutes fortes de bornes à la Puiffance Ecclefiaftique, & lui donner une étendue plus grande qu'il n'avoit encore fait, affectant de ne plus diftinguer le pouvoir qu'il s'attribuoit fur tous les Etats fou-. verains & indépendans, à raison du peché, d'avec ceux qui relevoient en Fief du faint Siege, & qui lui devoient l'hommage. Il abufoit à fon ordinaire de l'Ecriture fainte, dont il avoit une grande connoiffance, auffi-bien que de l'un & de l'autre Droit ; & des paffages qu'il employoit, il tiroit des confequences qui ne tendoient qu'à don ner au Souverain Pontife une Monarchie abfolue. Il ne demeura pas long-tems dans les termes de fimples prétentions ; & pour mettre en pratique les maximes de fa Bulle, il en donna une autre l'année fuivante fous le nom d'Edit Du 15. Août. perpetuel, pour déclarer tous Rois, Empereurs, ou autres Princes Souverains tels qu'ils puffent être, foumis aux citations de l'Audience en du Palais Rem non no Preuves, pag. 161. |