Apoftolique comme le refte des hommes, &obligez d'y comparoître. Mais ces deux Bulles furent déclarées de nul effet à l'égard de la France par le Pape Clement V. comme nous le verrons dans la fuite. La premiere fut réfutée de point en point dans un Traité latin compofé par un favant Docteur de Paris, fous le titre de Queftion touchant la puiffance du Pape. Cet Ecrit fut enfuite adopté par l'Univerfité. 1302. Le Roi eA excommu nié de nou veau. Salomon. Rex pacificus Le jour de la publication de cette fameufe Bulle, Boniface en fulmina une autre que les Partifans de la Cour de Rome ont coutume de produire comme un monument de la modera- Vigor, p. 58. tion de ce Pape à l'égard de Philippe pag. 663. Preuves, le Bel. A leur compte c'étoit pour ce Prince un furcroît d'obligation envers Boniface,de ce que fon nom étoit épargné dans cette Bulle où il étoit excommunié & anathematifé, fous le terme general de Quiconque ofoit détourner ou empêcher ceux qui vouloient faire le voyage de Rome, ou qui en revenoient ; Quiconque les maltraitoit jufqu'à faire faifir leurs biens ou leurs perfonnes, fûtil revêtu de la dignité de Roi ou d'Empereur. Philippe le Bel averti de ce qui fe XX. Edit du Roi 1302. contre ceux de fes Su jets qui al loient à Ro me fans fa permiffion. 1303. Nogaret au Roi contre le Pape. paffoit à Rome au préjudice de fon au- Les fâcheufes impreffions que la Requête de Bulle Unam Sanctam répandue en France par les Emiffaires de la Cour de Rome, faifoit fur les efprits timides & fcrupuleux, ne laiffoient pas d'embaraffer les Miniftres du Roi, malgré toutes les précautions qu'on prenoit à la Cour, pour rendre inutiles les efforts du Pape Boniface. C'est ce ce qui porta Guillaume de Nogaret qui avoit été chargé des Sceaux après la mort de Pierre Flotte, à former fa plainte en présence du Chancelier de Mornay Evêque d'Auxerre, qui étoit revenu de fon ambaffade de Rome. Il préfenta fa Requeste au Roi contre le Pape devant plufieurs Prelats, le Comte de Valois, frere de Sa Majefté, le Comte d'Evreux fon frere du fecond lit, le Duc de Bourgogne, le Connetable de France, & plufieurs autres Seigneurs de la Cour qui fe rendirent au Louvre pour l'entendre le douziéme jour de Mars de l'an 1303. felon le calcul de Rome; mais que l'on comptoit encore en France de l'an 1302. jufqu'à Pâques prochain. Il commença par des invectives contre la perfonne du Pape, qu'il chargea de crimes atroces, & qu'il prétendoit ne pouvoir être nommé Boniface que par antiphrafe. Il repréfenta d'abord, foûtint & offrit de prouver, Que Boniface n'étoit point Pape; qu'il avoit employé la fourbe & l'impofture pour s'emparer du S. Siege après avoir féduit Celeftin. Qu'encore que les Cardinaux euffent confenti de nouveau à fon élection après la mort de fon Prédecer H feur, fon intrusion n'avoit pû être recti1303. fiée, étant vicieuse dans fes motifs & dans fes moyens. Que n'étant pas entré · dans la Bergerie par la porte, il n'étoit ni vrai Pafteur, ni Mercenaire même, mais aux termes de l'Evangile, un voleur & un brigand, qui étoit venu fondre fur le Troupeau de JESUS-CHRIST pour le perdre, & pour le massacrer. Après l'avoir accufé d'herefie & de fimonie, il il attaqua fes mœurs, & le dépeingnit comme le plus fcelerat & le plus abandonné des hommes, comme le corrupteur de la Religion, l'ennemi de Dien & del Eglife. Il remontra au Roi qu'étant le Chrift du Seigneur, & le Protecteur de l'Eglife, il devoit s'intereffer plus que les autres dans la juftice qu'il faloit faire de Boniface. Il le fupplia de l'affifter dans la poursuite qu'il prétendoit faire contre lui. Il demanda enfuite à Sa Majesté qu'il lui plût affembler fon Parlement ou les Etats de fon Royaume, pour y proceder à la convocation d'un Concile general, dans lequel Boniface pût être jugé & dépofé. Il offrit de verifier devant le Concile tous les crimes dont il l'accufoit; & il repréfenta que par provision il feroit neceffaire que le Roi & le College des Cardinaux pour- 1303. XXI. le Moine en France. Pendant qu'on prenoit au Louvre des déliberations contre la Cour de Legation Rome, Boniface fur la nouvelle du du Cardinal dernier Edit qu'avoit fait le Roi pour défendre le tranfport de l'argent hors du Royaume, & pour empêcher les Evêques d'aller à Rome, voulut envoyer à ce Prince un Legat pour traiter avec lui en apparence de tous les points qui faifoient le fujet de leurs conteftations; mais en effet pour af fembler les Prélats qui étoient demeu- gi. Contin. Vyalfingrez en France, & les porter à fe ran- ham. Guill. Nan |