페이지 이미지
PDF
ePub

d'égards & de ménagemens pour le Pape & pour le Roi tout à la fois, qu'il fçût plaire à l'un fans déplaire à l'autre, & faire approuver fa conduite à tous les deux.

un

Le Pape ne crut pas devoir fe contenter du fecours de fes Bulles & de fes foudres, pour tâcher de réduire le Roi & le Royaume de France. Prévoyant que ces inftrumens feroient trop foibles pour l'ufage qu'il en vouloit faire, il eut recours encore વે autre moyen, qui fut celui de s'unir avec le Roi des Romains Albert d'Autriche, & d'employer par fon miniftere toutes les forces de l'Allemagne contre Philippe le Bel. Il avoit differé jufques-là, ou plûtôt refufé de confirmer l'élection d'Albert, fous prétexte que fon avénement à la Couronne étoit défectueux; qu'il avoit violé les traitez de paix & d'union, & qu'il avoit été la caufe de la mort de fon Predeceffeur Adolphe de Naffau. Mais le befoin qu'il croyoit avoir de lui pour fe venger du Roi de France, lui fit donner toutes les difpenfes qu'il jugeoit neceffaires pour le réhabiliter. Après avoir exigé de lui toutes fortes de foûmiffions, & lui avoir fait pro

1303.

XXIII. firme l'éleLe Pape conation d'Albert mains, & lui fait diverfes faveurs pour l'oppofer à

Roi des Ro

Philippe le
Bel.
Ex Regiftris
Vaticani.
Raynaldus,

Bzovius,
Ciaconius in
Spondanus,
Bonifacium,

1303.

Raynaldus, n. 8. 9.

mettre toutes les fatisfactions imaginables, il donna en fa faveur une Bulle de confirmation le dernier jour d'Avril, lui faifant efperer que de Roi des Romains, il feroit bien-tôt Empereur de l'Occident. Il n'y oublia point la France; & pour commencer à l'indifpofer contre elle, il y fit un détail des fujets qu'il avoit de fe plaindre de Philippe le Bel & de fa Cour. Il écrivit en même tems des Brefs aux Electeurs & aux autres Princes d'Allemagne pour les porter à reconnoître Albert pour Roi des Romains, & à s'unir avec lui contre ceux qui feroient declarez ennemis du faint Siege.

Albert récrivit au Pape des Lettres de remerciement & de foûmiffion, dans lesquelles il fe difoit entierement dévoué à toutes les volontez, & s'offroit à tout ce que la condition humaine lui permettoit de faire & de fouffrir pour le fervice de Sa Sainteté. Il reconnut que la tranflation de l'Empire des Grecs aux Allemans, & le droit d'élire le Roi des Romains, pour être enfuite Empereur d'Occident, étoit venu du faint Siege. Il declara, Que tous les Rois & les Empereurs qui avoient été, qui étoient, & qui feroient

jamais, recevoient du Pape la puissance du glaive temporel. Que fur-tout les Rois des Romains & les Empereurs d'Allemagne étoient fpecialement choifis & admis par le faint Siege pour être les Patrons de l'Eglife Romaine, & les Défenfeurs de la Foi Catholique.

Il rendit hommage de fa Couronne à Boniface, confirma toutes les donations de biens & de privileges faits au faint Siege par fes Predeceffeurs, & prêta le ferment de fidelité à S. Pierre & à tous fes Succeffeurs legitimes. Il promit d'affifter Boniface de toutes fes forces & de toute fon induftrie pour recouvrer & maintenir fes droits, fes prétentions, & ce qu'il appelloit Regales de faint Pierre pour conferver & défendre les Immunitez des Ecclefiaftiques; pour venger Sa Sainteté de tous ceux qui lui cauferoient du chagrin, de quelque condition qu'ils fuffent & pour réparer tout le tort qu'il pouvoit avoit fait au Pape & au faint Siege, pendant tout le tems qu'il n'avoit pas été dans les interêts de Rome. En confideration de quoi Boniface l'abfout de tout le paffé, le difpenfe de tous les autres fermens, traitez ou engagemens qu'il avoit contractez, afin

[ocr errors]

1303.

1303. XXIV. Affemblée

Royaume contre le Pape.

qu'il n'eût point de fcrupule de rompre avec la France dont il étoit l'allié. Philippe le Bel ne fut pas moins

des Etats du fenfible aux follicitations que Boniface employoit contre lui auprès du Roi des Romains, qu'aux autres efforts que faifoit ce Pape par fes Cenfures, fes Emiffaires & fes Bulles, pour détacher fes Sujets de l'obéiffance qu'ils lui devoient, & divifer son Royaume. Ces entreprises le firent réfoudre à convoquer les Etats du Royaume en un Parlement general pour agir de concert dans cette grande affaire avec fon Clergé, fa Nobleffe & fes peuples. L'Affemblée fe tint le Jeudi 13. jour de Juin dans le Château du Louvre, où Guillaume du Pleffis, Seigneur de Vezenobre, affifté de Louis Comte de Saint Pol, de Jean Comte de Dreux qui fe porterent parties contre le Pape, prefenta un Memoire contenant diverfes plaintes que l'on faifoit de Sa Sainteté en France.

Dans le Jardin du Lou

vie,

felon la

Bulle de Bo

miface.

Accufations

Concile par

Il reprefenta devant le Roi & l'Af & appel au femblée l'état miferable où il prétenGuillaume du doit que l'Eglife fe trouvoit alors par Preuves, la faute du Pape, qui tenoit actuellepag. 101. & ment le Siege de faint Pierre. Il declafuivantes. ra Boniface atteint d'herefie & coupa

Pleffis.

1303.

ble de beaucoup de crimes énormes & il promit par un ferment qu'il fit fur le Livre des faints Evangiles, de prouver & de verifier toutes les accufations dont il le chargeoit. Ce que firent auffi les Comtes d'Evreux, de Saint-Pol & de Dreux. Du Pleffis remontra ensuite en leur nom combien il leur importoit qu'il y eût un Pape legitime qui gouvernât l'Eglife felon les Canons. Il s'offrit pour pourfuivre Boniface au Concile general, & par tout ailleurs où l'Affemblée le jugeroit à propos. Il conjura le Roi, comme Champion de la Foi & Défenfeur Pugil fidei. de l'Eglife, de procurer la convocation d'un Concile, qui fût non feulement general, mais auffi libre & legitime. Il fit les mêmes instances aux Prelats & à la Nobleffe. Les Prelats voyant la facilité avec laquelle le Roi, la Nobleffe & le Tiers-Etat acquiefçoient à cette propofition, jugerent l'affaire fi importante, qu'ils demanderent du tems pour y penfer, & le retirerent de l'Affemblée.

Le lendemain du Pleffis foûtenu des trois Comtes, rentra dans l'Affemblée avec un Notaire Apoftolique, d'autres Notaires Royaux, & plufieurs témoins de S. Nicafe.

Evenus Phili

« 이전계속 »