ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

1303.

Preuves,

P. 126. 127.

College des Cardinaux, afin de les
porter à coopérer férieufement au
même
même ouvrage. Il écrivit auffi au Roi
de Portugal, à tous les Etats, tant du
Clergé, que de la Nobleffe & de la
Bourgeoifie d'Efpagne, & aux princi-
pales Villes d'Italie, pour les engager
à vouloir favorifer un deffein, qu'il
prétendoit n'avoir entrepris que pour
le bien de l'Eglife univerfelle.

Dès qu'il eut fait partir les Ambaffadeurs deftinez pour l'Italie, l'Efpagne, les Principautez, Republiques & Seigneuries voifines aufquelles il écrivoit fur ce fujet, il renouvella la defense qu'il avoit déja faite plufieurs fois à tous Ecclefiaftiques de fortir de fon Royaume, n'exceptant que ceux qu'il employoit dans fes ambaffades qui pouvoient produire des Lettres de créance, & des congez de Sa MaPreuves, jefté en bonne forme. Il en publia P. 131. 133 l'Edit à Vincennes le Dimanche 28. jour de Juillet, & ajoûta la peine de mort & de confifcation de tous les biens pour ceux qui y contreviendroient, & pour les Officiers ou Commis des paffages qui les laifferoient fortir. Pour détromper ceux du Clergé qui fe croyoient obligez d'obéir au

[ocr errors]

Pape plûtôt qu'au Roi, & qui prétendoient que les Loix du Prince ou du Magiftrat n'engageoient pas les confciences, il leur fit connoître le droit qu'il avoit d'exiger d'eux cette obéiffance, à caufe de leur naturalité, de leur fujetion, & de la fidelité qu'ils lui devoient, & dont aucune Puiffance fur la terre n'étoit capable de les dif penser.

On n'entendoit point parler de Guillaume de Nogaret dans tous ces mouvemens de la Cour de France, parce qu'il étoit en Italie durant la tenue du grand Parlement des Etats à Paris. Il у étoit allé de la part du Roi fon Maî tre, peu de tems après avoir prefenté fa Requête contre Boniface, & interjetté le premier appel au futur Concile, qui fut fuivi de celui que Guillaume du Pleffis forma en son absence dans l'Affemblée du mois de Juin. Le Roi lui envoya la refolution de l'Af femblée avec ordre de la fignifier au Pape, & de la publier enfuite par la ville de Rome. Nogaret s'acquita de fa commiffion après s'être affuré de la difpofition de plufieurs d'entre le penple & la Nobleffe du pays, & de quelques Cardinaux mêmes qui ne s'ac

[blocks in formation]

commodoient pas de la dominationa 1303. defpotique de Boniface.

Preuves

P. 166.

Le deplaifir que de fi fâcheuses nouvelles cauferent au Pape, lui fit quitter le Vatican & la ville de Rome, pour se retirer en celle d'Anagnie lieu de fa naissance, où il crut qu'il lui feroit plus libre & plus facile de prendre les mefures neceffaires à la vengeance qu'il vouloit exercer fur le Roi & le Royaume de France. Il raffembla près de lui la plupart des Cardinaux qui fe trouvoient en Italie, & tint un grand Confiftoire dans lequel il fe purgea par un ferment folemnel de tous les crimes qui lui avoient été objectez à Paris devant le Roi & les Etats du Royaume par Nogaret, du Pleffis & fes autres accufateurs. Il y fulmina auffi plufieurs Bulles, qu'il fit publier prefque toutes le jour de l'Affomption de la fainte Vierge, mais qui furent depuis revoquées ou biffées la plûpart par le Pape Clement V. au moins pour tout ce qui regardoit particulierement le Roi & fon Royaume.

La premiere qu'il fit paroître conRicher, 410. tenoit une efpece de relation de ce qu'il avoit appris qui s'étoit paffé à Paris contre lui dans la derniere Af

femblée, qu'il croyoit s'être tenue au Jardin du Roi le jour de la Nativité de faint Jean-Baptifte. Il s'y plaignit, Que le Roi eût confenti à l'accufation des crimes dont on avoit chargé indignement Sa Sainteté. Que fuppofant le Pape ainfi coupable, il fe fût mêlé fi legerement de la convocation d'un Concile general contre lui, & eût fait interjetter appel au Concile ou au Pape fon Succeffeur de tout ce que Sa Sainteté pourroit faire contre la France, Qu'enfuite de cette refolution prife dans l' Assemblée des Etats du Royaume, le Roi eût défendu de recevoir aucune Lettre du Pape,

d'obéir aux ordres de Sa Sainteté. Qu'il eût reçu dans fon Royaume & fous fa protection Etienne Colonne, ennemi du Pape & de l'Eglife Romaine, malgré Les Cenfures fulminées contre ceux qui donneroient retraite à cet homme, & à ceux de fa famille qui étoient profcrits.

De tous les crimes qu'on lui imputoit, il s'attacha fur-tout à repouffer celui de l'herefie, dont il affura que ni lui, ni aucun de sa Maison n'avoit jamais été atteint ou fufpect. Pour les autres il ne s'arrêta point à s'en justifier, foit qu'il ne crût pas que l'accufation paffat pour vraisemblable, foit

[blocks in formation]

1303.

qu'il eftimât qu'un Souverain Pontife, quoique redevable à toute l'Eglife, dût rendre moins compte de fes mœurs que de fa Foi au public. Mais il garda peu de mefures fur les reproches & les menaces qu'il fit au Roi, lui remettant devant les yeux les exemples des Empereurs, qui bien que plus grands Princes que lui, à ce qu'il difoit, n'avoient pas laiffé d'être plus foumis & plus obéiffans à des Prelats, qui d'ailleurs n'avoient pas tant d'autorité que le Pape. Il voulut même lui perfuader que les Papes avoient autrefois dépofé des Rois de France, alleguant ce qu'avoit fait Zacharie à l'égard de Childeric, quoique ce fût en vain & fur une autre fuppofition fauffe. Il l'avertit enfin, qu'encore qu'il eût encouru déja plufieurs excommunications dont il n'étoit pas abfous, il procederoit de nouveau contre lui, nonobftant fa frivole appellation au Concile, s'il ne remedioit promptement aux defordres dont il l'avoit repris; & qu'on ne devoit pas croire qu'il y eût dans le monde quelqu'un qui pût être fuperieur ou égal au Pape, pour en pouvoir appeller.

Par une autre Bulle du même jour,

« ÀÌÀü°è¼Ó »