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re Celeftin.

Platine vita
Bonifac.VIII.

& de l'avoir fait fortir de la ville, après avoir voulu entendre lui-même 1295. fa confeffion pour connoître les fe- Vie de S. Pier crets de fon cœur ; il le fit arrêter en; fuite, fous prétexte qu'on pourroit abufer de fa facilité, pour lui faire re. prendre la pensée du Pontificat, & donner lieu à un dangereux fchifme. Enfin ne fe jugeant pas paifible poffeffeur de la Thiare, tant que Celestin vivroit, il lui fit finir fes jours dans une prifon, par une cruauté qui attira fur fa condute l'horreur & l'averfion de tous les gens de bien. Boniface croyant avoir levé le dernier obstacle à fon ambition mort, qui sembloit laiffer fans chef & fans prétexte ceux qui refufoient de le reconnoître pour legitime Pape, ne fongea plus qu'à executer les projets qu'il avoit formez pour fe procurer une fouveraineté temporelle & fpirituelle fur toutes les Puiffances de la Chrétienté. Mais pour en faciliter le fuccès, il crut devoir y aller par degrez, & commencer par les chofes où il fe trouvoit moins de difficultez. Il exigea d'abord de nouvelles foumiffions du Roy de Sicile, & des autres qui relevoient du faint Siege. Il difpo

par cette

II. Ses premie res démarches

pour établir fa puiffance fur le temporel des Rois. bitre de leurs differends.

Il fe rend l'ar

1295.

fa du Royaume de Naples après la mort de Charles II. dit Martel, comme d'un domaine dont il avoit la fouveraineté. Il decida des droits de ceux d'Aragon & de Valence en faveur du Roy Jacques, comme s'il en eût été le maître ; & lui promit de même ceux de Sardaigne & de Corfe. De-là il crut pouvoir tourner fes vûes für les Rois de France & d'Angleterre, qui étoient en guerre, & il leur fit offrir fa mediation pour accommoder leurs differends.

Les deux Rois, dont les efprits également aigris l'un contre l'autre, & portez à la vengeance, n'avoient encore aucune difpofition à la paix, s'accorderent à rejetter d'abord les propofitions du Pape. Ils témoignerent à Berard d'Al fes Legats, que comme il n'étoit pas bano & Si- question du fpirituel dans leur diffeftrine. Le pre- rend, ils n'avoient aucun befoin de mier étoit fre- l'entremife de Sa Sainteté pour les terV. & mourut miner. Boniface leur fit dire que ce

mon dé Pale

re de Clement

en 1295.

n'étoit pas comme Pape, mais com-
me perfonne privée, & comme ami
commun des Parties, qu'il cherchoit
à les accommoder, & qu'il n'avoit en
vûe
que le bien de la paix, & l'union
des Princes Chrétiens, pour ôter aux
Sarrafins, & aux autres Infideles les

moyens de profiter de leurs divifions.

Les deux Rois le crurent, & remirent 1295. leurs interêts entre fes mains, avec pouvoir de ménager une treve, fi l'on ne pouvoit pas parvenir à une bonne paix.

La guerre ne laiffa pas de continuer avec la même animofité durant les longueurs de la negociation de Boniface. Edouard Roy d'Angleterre, non content d'avoir fufcité contre la France, Adolphe Roy des Romains, avoit encore cherché les moyens de détacher Guy Comte de Flandre des interêts de Philippe le Bel, pour affoiblir fon ennemi de tous côtez. Afin d'engager le Flamand plus facilement dans fon alliance, il lui avoit fait demander fa fille pour le Prince de Galles fon fils. Le Comte ravi de l'honneur que Th. Vvalang le Roy d'Angleterre lui faifoit, & de han. Tpod. l'occafion qui fe prefentoit de faire pour l'hommage de fon pays ce qu'il voyoit faire à ce Prince dans la Guyenne, qui ne relevoit pas moins de la Couronne de France que la Flandre lui accorda fa demande fans aucune déliberation, & lui fit efperer même de fe liguer avec lui & le Roy des Romains contre la France.

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Neuftria.

Philippe le Bel fe crut offenfé de ce

129 6. que le Comte de Flandre, fon Vaffal, avoit promis fa fille au fils du Roy d'Angleterre, fans lui en avoir demandé la permiffion, à quoi il étoit neanmoins obligé par les Loix du Royaume, qui défendoient aux Grands de la Cour, & aux Seigneurs qui relevoient de fa Couronne, de se marier ou de marier leurs enfans fans le confentement du Roy. Il manda le Comte & la Comteffe fa femme pour venir lui rendre raifon de cette conduite. Mais n'ayant pas trouvé leurs excuses recevables, if les retint prifonniers, & ne leur rendit la liberté qu'après qu'ils lui eurent remis entre les mains leur fille promife au Roy d'Angle

terre.

Quelques égards que Philippe le Bel eût pour cette jeune Princeffe,qui étoit fa filleule, & qui portoit fon nom; quoiqu'il lui fit rendre les mêmes honneurs & les mêmes fervices qu'aux enfans de la Reine fa femme, parmi lefquels elle étoit entretenue, le Comte Guy ne laiffoit pas de la regarder comme un ôtage qu'il falloit retirer. Il poursuivit la délivrance de fa fille pendant quelque tems: mais voyant qu'il

Puteanus,

pag.3.

n'avançoit pas beaucoup, il prévint le Pape fur cette affaire, par un hom- 1296 me qu'il envoya à Rome avec des inftructions; & il appella à Boniface de tout ce que le Roy avoit fait, Le defire Mf. Hift. de fe venger encore par d'autres voyes le fit entrer auffi dans la ligue des Rois d'Angleterre & des Romains, des Ducs d'Autriche & de Brabant, & des autres Princes liguez pour faire la guerre à la

France.

Philippe le Bel environné de tant d'ennemis qui le menaçoient de la perte de fes Etats, confiderant que les peuples qui avoient accoûtumez de payer les fubfides, se trouvoient épuifez par les frais des guerres précedentes, fe vit obligé d'en lever de nouveaux fur tout le monde indifféremment, fans en excepter les Ecclefiaftiques; de changer la monnoye, & de Richer, L. 1. rehauffer le prix des efpeces, comme les Rois fes Prédeceffeurs l'avoient pratiqué dans les tems difficiles, & les preffantes néceffitez du Royaume. Le. Pape qui avoit reçû avec plaifir l'ap-. pel du Comte de Flandre contre le Roi, fut ravi de recevoir auffi des plaintes de quelques particuliers d'entre le Clergé de France & d'Angleter

ch. 4.

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