auffi dans la même abfolution, tous ceux qui avoient encouru les peines marquées par les Canons quelles qu'elles puffent être, pour avoir eu part à la prife de Boniface. Mais il en excepta encore Guillaume de Nogaret, dont il voulut fe réferver l'ablolution à lui feul & au faint Siege ; & s'il ne renferma point dans la même exception les Italiens qui avoient commis avec Nogaret des violences dans Anagnie & dans Rome contre Boniface, c'eft qu'il n'étoit ici question que des Sujets du Royaume de France. Ce-bon Pape voulut auffi que les Colonnes, dont la famille avoit été exterminée de Rome & de toute l'Ita 1304 III. les Colonnes Richer, 1.12. n. 3. Felix Ofius, ex var. aut. lie par la profcription de fon Prede- Pierre & Jean de Montenegro, contre 3304. leurs fauteurs, leurs affociez & leurs adherans, & enfin contre la ville de Palestrine ou Prenefte. Il leva leurs excommunications, leurs irregularitez, leurs interdits & leurs banniffemens, & les rétablit dans les droits, les privileges & les autres avantages de famille & de bourgeofie qu'ils avoient poffedez avant que d'avoir encouru l'indignation de Boniface. Mais il ne jugea pas à propos de rendre encore fitôt le chapeau aux deux Cardinaux, ni de leur reftituer leurs Benefices, ni de les réhabiliter pour pouvoir être élûs, & parvenir au Souverain Pontificat. Il ne voulut pas même toucher aux confifcations, afin de ne point faire d'abord un fi notable changement. Il défendit auffi que Paleftrine fût rétablie & fortifiée, & qu'elle reprît le nom de Ville & d'Evêché fans une permiffion expreffe de Sa Sainteté. Colonnes au Roi contre Requête des Les Colonnes fe contenterent pour lors de ces premieres faveurs, attribuant les ménagemens & les réferves Preuves, dont on les accompagnoit à la pru dence de Benoift qui avoit des mefures à prendre avec tout le monde pour P. 225. reconcilier les efprits. Mais quelque LS 1304. 1304. Rétabliffement des Co lonnes par le peuple Ro main. fi l'on ôtoit aux Cardinaux le droit & la liberté de s'oppofer au Pape, lorsqu'il feroit queftion de maintenir contre lui les interêts de la verité de la justice, & de lui refifter, fur-tout lorfqu'il voudroit établir une fouveraineté & un empire defpotique dans l'exercice de fon miniftere. Que pour eux ils n'avoient été ni dénoncez, ni citez, ni convaincus d'aneun crime qui eût dû leur attirer tout ce qu'ils avoient fouffert de la part de Boniface qu'ayant deja de fi grandes obligations à Sa Majesté, ils efperoient qu'il acheveroit ce qu'il avoit commencé en leur faveur auprès de Benoist XI. qui leur avoit déja rendu à fa confideration, une bonne partie de la juftice qu'on leur devoit. Benoift ne vêcut pas affez long-tems pour mettre la derniere main à leur rétabliffement, & pour leur faire reftituer les Villes, Châteaux & Seigneuties que Boniface leur avoit injuftement ôtez, & qu'il avoit donnez aux Urfins & aux Gaëtans: mais le peuple Romain y fuppléa peu de tems après par un Decret folemnel, pour caffer tout ce qui s'étoit fait contre eux, leurs créatures & leurs amis, & pour condamner Pierre Gaëtan & les autres parens de Boniface a les dédommager de toutes les pertes qu'ils avoient faites. Il fut arrêté même que ce Decret du Senat de Rome feroit regardé comme une Loi du peuple & un Statut de la Ville, & qu'il auroit lieu nonobftant tout Droit Canon ou Civil, & toutes Coutumes contraires. Toute la bienveillance que Benoit faifoit paroître pour les François & pour les Colonnes, ne fut pas capable d'étouffer en lui le defir qu'il avoit toujours eu depuis qu'il avoit le pouvoir en main, de venger l'injure faite au faint Siege en la perfonne de fon Predeceffeur, dans la pensée que l'honneur de toute l'Eglife y étoit intereffé. Il entreprit de faire le procès à tous ceux qui avoient trempé dans la confpiration de ceux d'Anagnie, qui avoient pris Boniface, & qui avoient volé le trefor del'Eglife. Il commença par une Bulle publiée le 7. jour de Juin ; & regardant ceux qui avoient eu part à la prise du Pape & au vol du trefor, comme des facrileges & des enfans d'iniquité, il les declara excommuniez avec tous ceux qui les auroient affiftez de leurs mains ou de leurs confeils. Il nomma parmi les 1394. Benoist pro cede contre ceux qui a voient malface. traité Boni Flagitiofum fcelus. Richer, 1. 12. .4. . Preuves, P.,232. |