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1304.

Mort du Pape
Benoist XI.

principaux de ces excommuniez Sciar ra Colonna, quoique compris aupara vant dans l'abfolution de ceux de fa famille; & il mit à leur tête Guillaume de Nogaret, auquel malgré fon caractere d'Ambaffadeur, il refusa l'abfolution à cautele, ayant declaré par avance, qu'il ne traiteroit point avec lui, ni en fa prefence, quoique nommé de nouveau par le Roi, mais feulement avec les autres Ambaffadeurs de fa compagnie. Il voulut même proceder criminellement contre les plus coupables, & leur affigna un jour pour comparoître devant fon Tribu nal, & y entendre ce qu'il devoit ordonner contre eux.

Mais il n'eut pas le loifir d'executer ces menaces; car étant tombé malade de tems après à Peroufe, il y moupeu ily rut le 7. jour du mois de Juillet suivant, après huit mois & demi de Pontificat. Les Ecrivains conviennent entr'eux que ce faint homme fut emMaffonus, porté par le poifon; mais ils ne font Alphonf. Cia- point d'accord fur les empoisonneurs.

Villani, 1.8.

e. 60. Pap..

conius.

-Les uns ont foupçonné quelques Cardinaux mécontens de voir affis fur le faint Siege un homme dont ils regargardoient la vie auftere comme une

cenfure de leurs déreglemens. Les autres en ont accufé les parens mêmes 1304. de Boniface, qui étoient encore toutpuiflans alors, & qui étoient chagrins du rétabliffement des Colonnes, & de l'abfolution qu'il avoit donnée aux autres ennemis de fon Prédeceffeur, D'autres enfin ont voulu rejetter ce crime fur ceux que Benoift avoit der- Matth. veft monafterienfis nierement déclarez excommuniez in Floribus Hipour la prise de Boniface, & le vol du ter. Felix Otrefor des Papes, & nommément sur 167. Guillaume de Nogaret & Sciarra Colonna. Mais il eft aifé de détruire ce dernier fentiment, fi l'on fait réflexion que Nogaret étoit revenu en France, depuis plus de fix mois; qu’ayant laiffe partir les Ambaffadeurs de Mercœuil, du Pleffis & de Belleperche, à la tête defquels il avoit été mis par le Roi, il étoit demeuré à la Cour; & que s'il retourna depuis en Italie, ce ne fut que fort long-tems après la mort de Benoift. Lorfqu'on apprit cette mort à la Cour de France, on étoit occupé de la guerre de Flandre, à laquelle le Roi Flandre. Philippe le Bel mit une fin glorieuse par deux Batailles qu'il gagna; l'une fur mer le jour de Saint Laurens, où

IV.

Fin de la guerre de

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le Comte Guy fut fait prifonnier; l'au tre par terre le 18 d'Aouft à Mons-en puelle, entre Lille & Douai, où Philippe fe fignala en perfonne. Après les actions de graces faites folemnellement à Dieu dans les Eglifes de NotreDame de Paris & de Saint Denis en France, le Roi reprit les premieres vûes qu'il avoit eues de pourfuivre la convocation du Concile general, & le procès qu'il intentoit à la mémoire de Boniface. Mais il falloit attendre qu'il y eût un Pape; ce que la divifion qui fe trouvoit dans le Conclave, ne permettoit pas d'efperer encore fi-tôt. Durant cette vacance du S. Siege, garet pour Guillaume de Nogaret qui fe regardoit tre les fau- comme le principal objet des dernieres niface & con- procedures que Benoift XI. avoit faitre fes pour- tes contre ceux qui avoient pris Boniface, voulut fe pourvoir en défense par cinq differens actes qu'il paffa dans 2:59. 237. le mois de Septembre devant l'Official de l'Eglife de Paris. Le premier, qui étoit du Lundi, veille de la Nativité de Notre-Dame, contenoit fa proteftation & des excufes pour être envoyées au faint Siege, portant les preuves & les témoignages de fon innocence, parcequ'il ne jugeoit pas

A&te de No

protefter con

teurs de Bo

fuites.

Preuves, p.

239. 252.

274.

qu'il fût für pour lui d'y aller en perfonne, tant que les parens & les partifans de Boniface feroient en credit à Rome. Il déclara, Qu'on ne devoit prendre aucun avantage contre lui en faveur de Boniface, de ce qu'il avoit demandé, & qu'il demandoit encore l'abfolution à cautele, parcequ'il n'en ufoit ainsi que pour faciliter fa négociation: mais qu'il ne prétendoit pas acquiefcer par là à ce que ce Pape avoit fait contre lui, ne fe croyant lie ni devant Dieu ni devant l'Eglife par aucune de fes Cenfures.

Il protefta, Que tout ce qu'il avoit à dire contre Boniface étoit vrai, quelques énormes que fuffent les crimes d'herefie, de fchifme, d'idolâtrie, de fimonie, de facrilege, d'ufure, d'homicide, & autres dont il prétendoit le charger. Qu'il perfiftoit toujours dans Sa premiere accufation, parcequ'il y avoit été contraint dans la vue des maux que Boniface avoit caufez à l'Eglife, & par la connivence des Prélats &des Princes qui auroient dû s'y intereffer. Qu'il y étoit porté pareillement par l'amour qu'il avoit pour fa patrie, que Boniface avoit entrepris de ruiner, tant par fes exactions violentes, que par

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des questions déraisonnables & inouies qu'il avoit remuées pour brouiller le Roi avec le faint Siege. Qu'il avoit fouvent été prié par le Clergé de l'Eglife Romaine d'executer les projets du Roi, &que fes remontrances auprès de Boniface avoient toujours été inutiles.

Il voulut auffi juftifier tout ce qui s'étoit fait de fa part à la prife de ce Pape, prétendant qu'il ne s'étoit rien commis d'injufte ni d'illegitime dans tout ce qui s'y étoit paffé: Qu'ayant été envoyé à Rome par Sa Majesté pour folliciter le Concile auquel toute la France avoit appellé de la conduite de Boniface, il avoit employé tous les moyens imaginables pour n'en pas venir aux extrémitez où ce Pape s'étoit vû réduit par fa feule opiniâtreté. Que le jour de fa prife il avoit défendu le pillage de fon Palais & de fon tréfor; mais que la furie du Soldat ayant été la plus forte, il avoit au moins fauvé la vie à Boniface

à fes parens. Que ce Pape ayant été enfuite délivré & remis en une entiere liberté, avoit fait paroître quelque repentir pour le paffés qu'il avoit pardonné au moins de bouche, à ceux qui lui avoient fait violence, & qu'il avoit nommément donné l'abfolution à Nogaret,

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