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par provifion quarante-trois articles d'herefies dreffez dans fon Confeil, il demanda qu'on les examinât fur le lieu, & que fes Procureurs fuffent reçus à les prouver. Il le pria fur-tout de ne pas oublier le ferment folemnel qu'il avoit fait à Saint-Jean d'Angeli. Le Pape ainfi preffé fe trouva fort embaraffe. Il voyoit de quelle confequence il étoit pour le faint Siege de ne pas laiffer condamner comme heretique un de ceux qui l'avoient occupé ; mais en même tems il fe repréfentoit le précipice où le jetteroit fon parjure s'il manquoit à fa promeffe. Il pria le Roi de confiderer, qu'il ne pouvoit pas décider feul d'une affaire de cette importance, & de lui donner le tems neceffaire pour en communiquer avec le Sacré College. Il voulut enfuite lui perfuader, qu'il y avoit un peu trop de chaleur dans les pourfuites de Nogaret & de du Pleffis; qu'on ne remarquoit point que la vie de Boniface eût été auffi criminelle que fes Accufateurs le publioient; & qu'encore qu'il ne prétendît pas excufer la conduite que ce Pape avoit gardée avec la France, il ofoit croire qu'on avoit exageré auprès de Sa Majefté tout ce qui

pouvoit n'être pas favorable au Pape
Boniface VIII. & qu'on avoit au con-
traire diffimulé mal à propos ce qui
auroit pû fervir à fa juftification.
i Ces raifons ne purent ralentir l'ar-
deur avec laquelle le Roi continuoit
fes inftances; jufqu'à ce que le Cardi-
nal du Prat, quoique bien intentionné
pour Sa Majesté, cherchant en même
tems à fauver la memoire de Boniface,
dont il étoit creature, & à tirer Cle-
ment d'un fi mauvais pas, trouva en-
fin un expedient pour éluder l'affaire,
ou la tirer au moins en longueur. Il
dit à Clement qui lui en demandoit
fon avis, qu'il faloit faire entendre au
Roi, qu'il n'y avoit point de fureté à
cominuniquer cette affaire aux Cardi-
naux, fans lefquels neanmoins il ne
pouyoit rien faire, parceque le plus
grand nombre étoit porté pour Boni-
face; & que la plupart étant de fa
creation, ils demeureroient toujours
liez par inclination, ou par devoir,
aux interêts & à l'honneur de fa famil-
le. Qu'ainfi il feroit plus à propos &
plus avantageux pour le Roi de porter
la chofe au Concile general qu'on de-
voit, affembler inceffamment, afin
que la condamnation de Boniface en
Mes!

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1307.

fût plus autentique & mieux reçue 13.07. dans l'Eglife. C'étoit-là la raison dont ce Cardinal difoit qu'il faloit leurrer le Roi, qu'il n'étoit pas difficile de tromper lorfqu'on ne lui étoit pas fufpect; & il ajoûta en même temps qu'il n'y avoit rien à craindre pour la memoire de Boniface dans cet expedient, parLe Dauphiné ceque la ville de Vienne en Dauphiné ne fut à la ou s'affembleroit le Concile, n'étant fous Philippe pas du Royaume de France, le Roi de Valois fon n'auroit pas le credit qu'il pourroit

France que

neveu.

avoir à Lyon ou à Poitiers; & qu'il feroit aifé de faire en faveur de Boniface une brigue plus forte que la fienne.

L'expedient plut au Pape, qui le propofa auffi-tôt au Roi, en lui marquant que fi la fatisfaction qu'il demandoit, devoit arriver plus tard, elle en feroit plus éclatante, plus glorieuse pour la France, & fans appel pour les Partifans de Boniface. Le Roi ne parut pas content d'abord d'un fi long terme; mais la confiance qu'il avoit au Concile general, dont il faifoit luimême folliciter la convocation depuis tant de tems, le fit réfoudre à ces délais, fans trop penetrer dans l'artifice qu'on employoit pour rendre fes pourfuites inutiles.

Avant que le Roi quittât le Pape pour retourner à Paris, il prit avec lui les premieres. mesures pour executer pour le deffein qu'ils avoient tous deux de ruiner & d'éteindre l'Ordre des Tem. pliers. On ne peut pas dire précisé ment lequel du Pape ou du Roi avoit été le premier auteur de cette réfolu tion: mais il est toujours certain que ceux-là fe font trompez, qui ont cru que c'étoit le fixiéme article des conditions que le Roi avoit caché d'abord au Pape, pour ne lui découvrir qu'en tems & lieu. Ils fe porterent l'un & l'au tre avec une ardeur égale à faire faire les informations des defordres qu'on imputoit à cet Ordre, dès qu'ils furent retournez, l'un à Avignon, & l'autre à Paris. On ne doutoit pas qu'il n'y eût beaucoup de déreglement parmi les Templiers: mais ceux qui obfervoient de plus près la paffion que le Pape & le Roi faifoient paroître pour amaffer de l'argent, crurent que les richesses de ces malheureux étoient leur plus grand crime. On avoit déja accufé Philippe le Bel, épuifé par la guerre de Flandre, de n'avoir chaffé les Juifs de fon Royaume au mois de Juillet de l'année précedente, que pour profiter

1307. VII. Le Pape & le

Roi confpirent à la ruine

des Tem

pliers.

1307.

1308.

Le Pape

mefle d'éle

de Valois fon

de leurs biens. Ce Prince autorifê du Pape qui s'étoit chargé de faire dans les autres parties de la Chrétienté, ce qu'il faifoit dans fon Royaume, & qui lui avoit promis de faire confirmer dans le Concile ecumenique l'extinction totale de l'Ordre, fut fi- bien fervi, que les Templiers furent arrêtez à la même heure par toute la France le Vendredi 13. d'Octobre 1307.

Le tems de découvrir au Pape le fixiéme article des conventions de l'entrompe le Roi trevûe de Saint-Jean d'Angeli, & dont dans la pro- le myftere donnoit tant d'exercice aux ver Charles Politiques, arriva enfin l'année suifrere à l'Em Vante. Ce fut à la mort d'Albert d'Aupire. triche Roi des Romains, qui fut tué en trahifon par le Duc de Souabe fon neveu, au milieu des préparatifs qu'il faifoit pour remettre fous fon obéiffance les Suiffes qui s'étoient révoltez l'année précedente, & qui formoient déja par Cantons cette fameufe ligue dont il fe fit enfuite un Corps de République détaché de l'Empire, qui s'eft toujours maintenu depuis ce tems-là. Lorfqu'il fut queftion de lui donner Conr. Vece. un Succeffeur, le Roi Philippe le Bel rius, vit. Hen apprit que les Electeurs ne pouvoient TVII.p.66. s'accorder fur celui qu'ils devoient

J. Villani,

1. 8. c. 101.

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