1309. Les parties devant Cle ment V. Dupuy, pag. 32. 300. en avoit dreffez à Poitiers mais qu'il y auroit eu de la fimplicité à la laiffer. lorfqu'il avoit ratifié le Traité. La raifon qu'il en apporta eft, que l'Eglife ne peut pas refufer d'abfoudre un excommunié dès qu'il fatisfait, quelque oppofition que fon ennemi y voulût former. Il ajoûta, Qu'il étoit prêt neanmoins de remettre la claufe dans le Traité, en cas qu'on lui en montrât une pareille dans quelque Acte ou convention publique que ce pût être comme les Ambaffadeurs de Sa Majesté l'avoient avancé ce qu'il étoit fort affuré qu'on ne trouveroit nulle part. Quinze jours après, voulant faire vont plaider voir qu'il prenoit l'affaire à cœur, il fit publier une nouvelle Bulle datée du 13. Septembre, par laquelle il fit Preuves, donner affignation à tous les accufateurs de Boniface, fans en excepter les Princes, de comparoître devant lui dans la mi-Carême de l'année prochaine, , pour déduire leurs moyens d'accufation. Il declara neanmoins depuis par une Bulle particuliere du fecond jour de Fevrier, Que le Roi ne s'étant jamais rendu partie dans cette affaire, il n'étoit point compris dans la citation qu'il avoit faite de Louis Comte d'Evreux frere de Sa Majesté, de Gui Comte de Saint-Pol, de Jean Comte de Dreux, & de Guillaume du Pleffis Sieur de Vezenobre, &c. qui s'étoient portez parties publiquement contre le Pape, & l'avoient accufé d'herefie. L'affignation reçûe, Guillaume de Nogaret, Guillaume du Pleffis, Pierre de Galbard, Pierre de Blanafe, Chevaliers, Ambaffadeurs du Roi, avec Alain de Lambale fon Clerc, Archidiacre de Saint Brieux, se transporterent à Avignon, accompagnez d'une puiffante efcorte, pour fe mettre en état de ne pas craindre les Défenfeurs de Boniface, qui étoient déja arrivez dans la Ville en fort grand nombre, & qui compofoient un puiffant parti. Leurs principaux Chefs étoient Fran- çois, fils du Comte Pierre Gaëtan, Thibaut, fils de Vernazzo, Gentilhomme d'Anagnie, neveux de Boniface; Goth de Rimini, Baldred Bifeth, Thomas Murro, Jacques de Modene, Blaife de Piperno, Crefcent de Pagliano, Nicolas de Veroli, Jacques de Firmineto, Conrad de Spoleto, Docteurs en Droit, préparez pour plaider la caufe de Boniface. Peu de jours après l'arrivée des Am 1309. I.X. Procedure 1310. des Parties dans la caufe Preuves, p. 367. & fuiv. Registre des Actes pour l'inftruction baffadeurs de France, Clement V. tint un grand Confiftoire, pour donner audience aux parties. Guillaume de de Boniface. Nogaret & ceux de fa compagnie s'y prefenterent le 16. jour de Mars qui étoit celui de l'ouverture. On leur fit d'abord la lecture de la citation qui avoit été publiée dans Avignon le 13. de Septembre de l'année précedente. Elle étoit contenue dans une Bulle, où Clement témoignoit, Que lorsqu'il étoit à Lyon & à Poitiers, le Roi, les Comtes d'Evreux, de Dreux & de de ce procès, Saint-Pol, & Guillaume du Pleffis lui dreflé par or- avoient declaré qu'ils étoient refolus de ment V. juf poursuivre la memoire de Boniface VIII. qu'à la page dautant qu'il étoit mort beretique, & qu'ils étoient prêts d'en fournir les preuves. Que malgré le rang que Boniface avoit tenu dans le monde, malgré le belles Conftitutions qu'il avoit faites pour le bien de l'Eglife, il n'avoit pû refufer la justice qu'on lui demandoit, parceque les crimes dont on chargeoirfa memoire, étoient trop atroces pour être diffimulez. dre de Cle 448. Après cette lecture Nogaret fit un difcours fur les intentions de fon Maître, & propofa quelques points pré, liminaires à vuider, prétendant faire remonter l'affaire jufqu'aux fources de la querelle émûe entre la Cour de Rome & celle de France. Les Avocats de Boniface conduits par François Gaëtan parurent enfuite en plein Confiftoire au nombre de fix. Ils di rent au Pape qu'ils entreprenoient la défense de Boniface devant Sa Sainteté & le Sacré College; mais que les Accufateurs qui s'étoient prefentez, n'étoient pas recevables. Le Pape commit enfuite deux Cardinaux, fçavoir Berenger Evêque de Frefcati, & Etienne du Titre de Saint Cyriaque, pour proceder dans cette affaire, & pour recevoir les Actes qui contenoient les raifons des parties. Le Vendredi fuivant, qui étoit le 20. de Mars, les quatre Secretaires établis par le Pape pour rediger tout le procès, eurent ordre des deux Cardinaux Commiffaires de recevoir des parties tout ce qu'elles voudroient produire. Alors les Défenfeurs declarerent qu'ils ne prétendoient point fe rendre parties contre qui que ce fût, & qu'ils avoient entrepris feulement de défendre la memoire de Boniface, & de montrer qu'il étoit mort orthodoxe & Catholique. Le même jour 1310. 1310. les Accufateurs prefenterent un Ecrit, qu'ils témoignoient avoir été dreffé le 12. de Mars de l'année 1302. c'est à dire 1303. felon le calcul de Rome. C'étoit la Requête que Nogaret avoit pre. fentée au Roi au Louvre en prefence de plufieurs Prelats & Seigneurs du Royaume, pour demander la convocation d'un Concile, & y faire dépofer Boniface. Nogaret & du Pleffis communiquerent en même tems les Actes d'appel au futur Concile, & diverfes autres pieces faites du vivant de Boniface. Ils eurent même une audience particuliere du Pape dans laquelle ils inftruifirent Sa Sainteté du fond de toute cette affaire. Ils demanderent enfuite que les témoins les plus avancez en âge, ou qui étoient valetudinaires, fuffent ouis d'abord, parceque la mort diminuoit leur nombre de jour en jour. Ils donnerent au Pape même leurs plaintes contre la citation que Boniface avoit faite, & ils déduifirent les raifons qu'on avoit eues de la rejetter en France, quoiqu'ils euffent bien voulu comparoître au tems qu'on avoit marqué. Ils lui firent voir qu'elle péchoit non-feulement dans la ma |