devant fa Majefté, l'avoit obligé de 1296. faire faifir la terre qu'il tenoit en fief de la Couronne; & que c'étoit la feule caufe de la guerre qu'il lui avoit déclarée. Que pour ce qui regardoit le Roy d'Allemagne ou des Romains, il étoit prêt de foumettre au jugement des arbitres le differend qu'il avoit avec lui. Qu'il lui feroit aifé de faire voir l'injuftice des plaintes de ce Prince, touchant le Comté de Bourgogne, qui n'avoit été conquis par les armes de la France, qu'après que Philippe eût été ridiculement provoqué par Adolphe, & engagé mal à propos dans une guerre, dont celui-ci étoit feul conpable, par fa fierté & sa mauvaise con IV. Requête des Reims au Preuves, page 26. duite. Cette Réponse du Roy au Pape fut Prelats de la fuivie peu de jours après d'une Lettre Province de écrite en forme de Requête à Sa SainPape. teté, par les Evêques & les Abbez de In hac terreftri la Province de Reims, excitez excitez par l'Archevêque Pierre Barbet, imitaVigor, Ri- teur de fon Predeceffeur Hincmar, qui Ch. Maurice avoit écrit au Pape Adrien II. pour le Tellier, Ar- la défense de Charles le Chauve. Ils téchevêque de Reims, a auffi moignerent d'abord à Boniface la reallegué l'exéconnoiffance qu'ils avoient pour les ple de Hincfoins que Sa Sainteté prenoit des droits deceffeur fous & des immunitez du Clergé ; & ils cher. mar fon Pré Innocent XI. louoient l'intention qu'Elle avoit eue en publiant fa premiere Bulle, de faire une Conftitution pour l'avantage de l'Eglife, & pour la liberté ecclefiaftique. Mais ils lui remontrerent en même tems, que le Roy, les Princes, les Grands, les Seigneurs temporels, & generalement tous les fujets du Royaume, l'avoient trouvée trop préjudiciable à leurs droits. Ils l'avertirent du deffein qu'avoit le Parlement, ou les Etats, de faire appeller tous les François, nonobftant tout privilege, excufe, ou exception que ce pût être, pour la défenfe de la Couronne & de la Patrie, fur-tout les Feudataires & les Vaffaux du Roy, avec tous les Prelats du Royaume obligez envers Sa Majefté, tant par hommage, que par ferment, à conferver & à défendre les droits & l'honneur du Roy & du Royaume. Ils lui reprefenterent l'impoffibilité où ils étoient, eux & tous les Ecclefiaftiques du Royaume, de fubfifter fans la protection & l'affiftance du Roy. Ils le fupplierent d'avoir égard à leurs engagemens, & de confiderer combien il étoit important de conferver l'Eglife Gallicane dans fes Libertez, & dans le repos qui lui 1296. 1296. Raynaldus, 0.32. étoit neceffaire; & qu'elle feroit neanmoins toujours troublée, fi elle ne demeuroit parfaitement unie avec le Roy, les Princes & tous les Seigneurs temporels du Royaume. Ils lui deputerent en même tems des Prelats de leur Corps, pour lui faire comprendre de vive voix la neceffité qu'il y avoit de revoquer fa Conftitution, ou de l'expliquer d'une maniere qui pût être favorable au Roy & à leurs Eglifes. Cependant Philippe le Bel fit fufpendre l'execution des Ordonnances qu'il avoit données contre le commerce des Etrangers dans fon Royaume, & contre le transport d'argent, d'armes & de marchandises, dans l'efperance de rendre l'efprit de Boniface plus traitable à fon égard. Mais ayant remarqué l'inutilité de ce ménagement envers Sa Sainteté, il redonna vigueur à fes Edits, & les fit executer, pour empêcher les ennemis de la France de tirer avantage de leur commerce avec Nouvelles fes Sujets. Boniface s'en plaignit par un Bref qu'il lui adreffa le 7. de Fevrier de l'année fuivante. Il lui fit entendre ; Qu'il n'auroit rien à dire, fi l'intention de Sa Majesté ne regardois que les ennemis de fon Royaume, en dé menaces du Pape contre le Roy. 1297. 1297. Preuves Raynaldus, fendant le tranfport & le commerce avec les Etrangers: mais que puifque les termes generaux de fa défense tomboient page 24. également fur les Ecclefiaftiques comme Exit aco, 6 fur les autres, il étoit obligé de s'y oppofer par la feverité de fes réprimandes, de lui apprendre qu'il n'avoit aucun droit, ni aucun pouvoir fur les Ecclefiaftiques, & qu'il ne pouvoit difpofer ni de leurs biens, ni de leurs perfonnes; & de l'avertir qu'il avoit encouru la peine marquée par les Canons. Il l'exhorta pour prévenir ce malheur, à corriger, ou à expliquer favorablement fon Edit, & à ne plus fuivre les mauvaises déliberations de fon Confeil. Deux jours après il écrivit un autre Bref à fes Legats Berard & Simon Cardinaux, Evêques d'Albano & de Paleftrine, qui avoient publié fa premiere Bulle en France & en Angleterre, touchant les Immunitez des gens d'Eglife, & qui étoient chargez des négociations de l'accommodement entre les deux Rois. Il leur manda que fi on vouloit les empêcher de faire fortir de France l'argent qu'ils y avoient levé pour l'Italie & pour la Terre-fainte, ils déclaraffent le Roi & fes Officiers qui au Du 9. Févr. Preuves, pa ge25. roient formé ces obftacles, foumis à la 1297. peine des Canons (c'est à dire de fa Conftitution, ) & qu'ils les excommuniaffent de nouveau, & noínmément, nonobftant leurs privileges. Le Pape fe relâche fur fa Bulle concernant les E xemptions du Clergé. na Mater,&rc. Sur ce qu'il avoit appris par les Députez de la Province Ecclefiaftique de Reims, qui lui avoient porté la Requête de leurs Evêques, que tout le monde en France, hors un petit nombre de fes creatures, prenoit fa Conftitution en mauvaise part, & lui donnoit des fens fort préjudiciables au reRaynaldus, fpect dû à un fouverain Pontife; il 49. Roma voulut donner une déclaration plus ample de fa penfée, & des intentions qu'il avoit eues en la publiant, croyant la mettre à couvert des cenfures que la nouveauté de fes prétentions lui avoit attirées. Il l'adrella au Roi même, avec le Bref du 7 de Février. Elle portoit, Qu'en interprétation de la Bulle qu'il avoit donnée un an auparavant pour la liberté & l'exemption du Clergé, il ne trouvoit pas mauvais que les Ecclefiaftiques de fon Royaume lui payaffent quelques contributions, pourvu que ce füt volontairement de leur part, fous le nom de don gratuit ou de prêt, & non de taille ou d'impôt fur le Clergé, & Clericis Lai |