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1297.

Regale fe prend ici d'u

qu'il ne parût pas que cela fut exigé par autorité fouveraine ou abfolue. Qu'il ne prétendoit pas non plus comprendre dans les exemptions marquées par fa Bulle, les Prélats, & les autres Ecclefiaftiques qui tenoient des Fiefs ou Regales du Roi, ni les Clercs mariez, ni ceux qui pre- ne maniere noient l'habit clerical, pour s'exempter générale. des charges publiques. Qu'il permettoit même au Roi, ou à fes Officiers en fon nom, de recourir au faint Siege dans les néceffitez preffantes, pour obtenir la permiffion de lever des fubfides fur les antres Ecclefiaftiques compris dans fa Bulle, quoiqu'exempts, privilegiez & indépendans de l'autorité feculiere, & de La Jurifdiction Royale.

Cette déclaration où le Pape fembloit fe relâcher d'une grande partie de fes premieres prétentions, étoit pleine d'artifices; & quoiqu'elle parût l'éloigner un peu de la fin principale qu'il s'étoit propofée dès le commencement de fon Pontificat, les efprits clairvoyans ne laiffoient pas d'y appercevoir les reffources qu'il s'étoit réfervées pour la continuation de fes grands deffeins fur la puiffance temporelle de tous les Etats du monde. Mais ce qui empêcha qu'elle ne produisît son effet

1297.

Le Pape fait publier une

en

fur l'efprit du Roi, fut le Bref que le Pape lui fit rendre dans le même tems, pour l'obliger à donner main-levée des deniers qu'on avoit recueillis dans le Royaume, pour être tranfportez dehors, nonobftant les befoins qu'on en pouvoit avoir en France, pour fournir aux frais de la

guerre. Les deux Legats qu'il avoit chargez Trêve de faire faire ce tranfport d'argent France fans la hors du Royaume, & d'excommunier. Roi, qui pro- tous ceux qui y mettroient obftacle, contre fans en excepter le Roi même, con

permiffion du

tefte

cette entre

prife.

pu

tribuerent auffi par leur conduite à la
defunion de ces deux Puiffances. Ils
avoient ordre depuis long-tems de
blier une Trêve de la
part de Bonifa-
ce, entre le Roi de France d'un côté,
& les Rois des Romains, d'Angleterre,
& leurs Alliez, de l'autre. Elle de-
voit finir à la S. Jean de l'année 1297.
Mais les délais furvenus à fa publica-
tion, avoient prefque fait écouler tout
le tems de fa durée : de forte que ces
deux Legats ayant reçu du Pape un
nouveau pouvoir pour la renouveller
& la prolonger jufqu'au terme de deux
années, ils allerent trouver le Roi à
Creil en Beauvaifis où étoit la Cour.

Preuves, pa- Là ils firent la publication de la Trê

gc 27.

ve, fans en avoir obtenu ni demandé même la permiffion au Roi. Ils eurent la hardieffe de lui en préfenter le placard qu'ils avoient dreffé, avec la Bul

le

que

1297.

Additions aux preuves,

Boniface leur avoit envoyée, n. 1. pour faire continuer la Trêve jufqu'à la Saint Jean de l'année 1299. Ils s'é

toient contentez de voir le Roi avant cette démarche, & de lui expofer le fujet de leur commiffion, avec le commandement d'excommunier tous ceux qui contreviendroient à la Trêve, ou à fa publication. Ils lui avoient même offert la lecture de la Bulle du S. Pere dans cette premiere audience. Mais ce Prince avant que de la vouloir entendre, avoit fait fa proteftation en leur préfence, contre une entreprise fi contraire aux Loix de fon Royaume, &. au respect dû à la dignité Royale. II leur avoit déclaré devant les principaux de fon Confeil; Que le foin & l'administration du temporel dans le Royaume de France, appartenoient au Rai seul, & non à aucun autre. Que le Roi ne reconnoissoit & n'avoit aucun Superieur fur la terre pour ce point. Qu'il prétendoit exercer de plein droit fa jurifdiction fur tous fes Fiefs, défendre les limites de fon Royaume avec fes Sujets

& maintenir avec l'affiftance de Dien 1297. fon autorité en toute rencontre. Que jamais il n'avoit eu intention de fe foumettre au Pape, ni à aucun homme vivant pour le temporel de fes Etats; mais que pour le fpirituel, & pour ce qui concernoit la conduite des ames, il étoit toujours prêt d'obéir au faint Siege, comme avoient fait fes Prédeceffeurs, autant qu'il y étoit obligé en qualité de véritable Enfant de l'Eglife. Les Legats donnerent Acte de cette Proteftation au Roi, & répandirent par le monde une Lettre circulaire, qu'ils en écrivirent à Creil le 20 jour d'Avril avant que de quitter la Cour.

V.

mes, ennemis

Selon le cours que prenoit la difpoLes Colon- fition fâcheufe des efprits en France à de Boniface, l'égard de Boniface, il femble qu'il s'attirent une étoit de fon intérêt de fe fortifier de fanglante perfecution. fon côté, & de réunir les partis divi

fez à fon fujet dans Rome & en Italie, afin d'ôter à ce qu'il pouvoit avoir d'anciens adverfaires ou d'ennemis domeftiques, tout fujet de se joindre aux nouveaux qu'il fe faifoit de jour en jour au-delà des Alpes. Mais la prudence lui manqua encore en ce point. Au lieu de chercher à fe reconcilier avec ceux de la puiffante & nombreufe Mai

1297.

fon des Colonnes, dont les principaux lui avoient toujours été contraires depuis la démiffion de fon Prédeceffeur Ex Bull. Bon. Celeftin, il entreprit de les pouffer à bout, & de les perdre comme ennemis du faint Siege & de l'Eglife. Il en vouloit principalement aux deux Cardinaux Jacques & Pierre Colonna, & aux cinq freres de ce dernier, Jean de Saint-Vit, Oddon, ou Eudes, Agan pet, Etienne, & Facques dit SciarraColonna,tous neveux du Cardinal Jacques.

Boniface comptoit parmi les principaux fujets qu'il croyoit avoir de les hair & de les pourfuivre, non feulement le fouvenir des liaifons que leur pere avoir eues avec l'Empereur Frederic, & les autres ennemis des Papes & de l'Eglife Romaine, mais auffi l'attachement que ceux-ci avoient encore pour le parti des Gibelins, & pour la mémoire du feu Pape Celeftin; ce qui faifoit qu'ils le regardoient toujours comme l'ufurpateur du Saint Siege.

L'Italie n'étoit pas encore alors délivrée des fameufes factions des Guelfes & des Gibelins, dont la premiere favorifoit les Papes, & l'autre tenoit

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