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Livre. Il voulut que les Colonnes y fuffent notez & flétris à perpetuité, fous 1297. le titre de Schifmatiques condamnez par l'Eglife.

Les Colonnes appuyez de beaucoup d'autres mécontens qui fe rangerent de leur côté, & réfolus de fe mettre à couvert des violences du Pape, s'étoient retranchez dans les Places qui appartenoient à leur famille, fur-tout dans la ville de Palestrine, & dans les Châteaux de Zagarola, Nere & Colonna. Cette conduite réveilla l'humeur guerriere de Boniface; & s'imaginant avoir trouvé l'occafion de les exterminer, il publia une Croifade contre eux, avec de grandes Indulgences pour ceux qui prendroient les armes. Il employa même une grande partie de l'argent & des troupes deftinées contre les Infideles de l'Orient & de la Palestine, pour leur faire la guerre. Cependant il fit abattre leur Palais,& les autres maifons qu'ils avoient à Rome il fit agir l'Inquifition contre ceux qu'on croyoit être de leur parti. Les Croisez joints à d'autres troupes que le Pape avoit fait venir, allerent affieger Palestrine, où SciarraColonna s'étoit renfermé avec quel

C

Croifade contre eux.

Villani, Platina, PetrarEp. 4. lib. hali Hiftorici. Bevis, &c.

2.

Raynaldus,

1297.

tandis que

ques-uns de fes freres, les autres cherchoient de l'appui auprès des Princes & des Républiques voifines de l'Etat Ecclefiaftique. Mais Etienne, dont le Pape demandoit la tête, pour le vol qui s'étoit fait dú bagage de Sa Sainteté fur le chemin d'Anagnie, & dont on le tenoit coupable, gagna promptement les Alpes, parce qu'il apprehendoit de ne pas trouver un feul lieu de fûreté pour lui dans toute l'Italie. Sciarra s'étant déguifé, fortit la nuit de Palestrine & fe fauva dans les bois d'Ardée, οι il vêquit pendant quelque tems des fruits fauvages de la forêt, évitant la rencontre & la vue des hommes. Mais ayant été apperçu par des Pirates qui avoient fait une defcente près d'Antio, il fut pris & mis à la chaîne avec les forçats. La crainte d'être livré à Boniface pour une groffe fomme d'argent, s'il le faifoit connoître à ces Pirates, le fit réfoudre à fe dire fimple bouvier, & à fouffrir les maux les plus horribles d'une fi dure captivité, plutôt que de déclarer fon jufqu'à ce qu'ayant été découvert à Marfeille, il fut racheté quatre ans après par la liberalité de Philippe le Bel.

nom,

1297.

VI.
Le Pape mo

dére fa Bulle,
touchant la
fides fur le
Clergé en
de France.

levée des fub

veur du Roi

Pendant que le Pape animoit toute l'Italie contre les Colonnes, il donnoit ordre à fes Legats & à fes Commissaires, de ménager tellement les efprits en France, qu'ils puffent au moins difpofer le Clergé & les peuples du Royaume à reconnoître en lui une fouveraineté temporelle. Il écrivit en même tems au Roi Philippe le Bel & à Edouard II. pour les prévenir fur les raifons qu'il avoit de pourfuivre les Colonnes, & les prier de ne leur donner ni protection ni retraite dans leurs Royaumes. Ayant appris que fa déclaration donnée le feptiéme de Fé- aux Preuves, vrier, pour expliquer fa Decretale n.11L Clericis Laicos, n'avoit point fatisfait le Roi Philippe; & craignant que les Colonnes, & les autres ennemis ne fe prévaluffent de la difpofition de ce Prince contre lui, comme ils firent depuis, il voulut en fa faveur moderer encore fa Decretale par de nouvelles interprétations.

Additions

Preuves, page 39.

Il fit publier une Bulle adreffée au Etfi de fatu. Clergé & aux Grands du Royaume le 31 Juillet, où il levoit la défenfe qu'il avoit faite aux Ecclefiaftiques de rien donner aux Princes féculiers fans la permiffion du faint Siege, & aux Prin

1297.

ces de rien exiger des Ecclefiaftiques. Il permit, comme dans fa déclaration du mois de Février, les dons volontaires & gratuits que le Clergé de France voudroit faire au Roi. Il excepta encore de fa défense non feulement les Droits feodaux, & les autres fervices dûs au Roi & aux Seigneurs laïcs par les gens d'Eglife; mais encore le cas de la néceffité preffante de l'Etat. Il voulut encore aller plus loin, & il déclara, Que fa Bulle Clericis Laïcos, qui défendoit aux Ecclefiaftiques d'ai der les Rois de leurs biens, ne regardoit point la France. Que le Roi & fes fucceffeurs peuvent dans le cas de néceffité recevoir des fubfides des Ecclefiaftiques pour la défense de l'Etat, fans demanInconfulto der ni la permission, ni le consentement, etiam Romano ni l'avis du Pape. Que pour juger de

Pontifice

cette néceffité, le Roi & fes fucceffeurs s'en rapporteroient à leur propre confcience, lorfqu'ils auroient paffé l'âge de de vingt ans, ou aux gens de leur Confeil privé, lorfqu'ils feroient au deffous de cet age. Qu'au refte il n'avoit jamais prétendu par cette défenfe donner aucune atteinte aux Coutumes de la France, ni aux libertez, franchises ou ufages du du Roi & des Grands du Royaume.

1297.

t. 3. p. 1417.

Ancien ftile

du Parlement

Preuves des

Libertez de l'Eglife Galli1503. ch. 39. n.11.

,

Quelques Auteurs ont foupçonné cette Bulle de fauffeté, fur ce qu'elle paroît trop favorable à Philippe le Du Moulin, Bel, & trop éloignée des prétentions de Boniface. Mais elle fut confirmée huit jours après par une autre Bulle datée du 8 Aouft, où ce Pape ajoûte encore un nouveau cas pour lever en France des fubfides fans la permiffion du faint Siege, fçavoir lorfqu'il feroit queftion de payer la rançon du Roi & des Enfans de France, s'il arrivoit qu'ils fuffent faits prifonniers par leurs ennemis: addition que l'on a fait gliffer depuis avec quelque alteration dans la Bulle du 31 Juillet; & c'est ce qui a fervi à la rendre fufpecte à ces Auteurs. Certainement on la croyoit très-véritable en France fix ans après, lorfque dans le plus fort de la querelle entre le Pape & le Roi, elle fut alleguée comme un titre autentique. Car nous apprenons par une Lettre du Mardi d'après la Notre-Dame de Septembre de l'an 1303. écrite à l'Evêque de Montpellier par les Gens du Confeil que le Roi avoit laiffé à Paris pendant fon abfence, que le Clergé avoit accordé au Roi une décime, fans qu'il y eût ni confentement ni permiffion

1bid. Tage

1508. n. xv.

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