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1297.

Villani, Vval

P. Æmilius

Il eft reçu

Les trois Princes envoyerent leurs Ambassadeurs à Rome pour en faire la poursuite. L'Archevêque de Reims fingham & Jacques de Saint-Pol, oncle mater- Oudergheft nel de la Reine, y allerent pour Phi- Polyd. Virgi lippe; l'Evêque de Durrham, pour le lius. Roi d'Angleterre, & Robert Comte de Nevers, pour le Comte de Flandre fon pere. Tout fembloit parler pour Philippe ; l'avantage qui lui revenoit d'une grande bataille gagnée près de Furnes fur les Flamands & les Allemands; l'averfion des Anglois qu'

'Edouard leur Roi s'étoit attirée par fes violentes exactions, & la rupture de la ligue faite par Adolphe Roi des Romains, occupé de fes propres affaires dans fon païs. Mais l'opinion qu'il avoit de l'équité de l'arbitre,l'empêcha de faire valoir ces confiderations, croyant qu'il fuffifoit que fes Ambaffadeurs propofaffent leurs moyens, & représentaffent les points conteftez avec ceux de fes Parties.

Boniface ayant reçu le compromis des deux Rois le 27 de Juin de l'an 1298. rendit fa Sentence arbitrale le jour fuivant, non comme Pape, mais comme perfonne privée, felon la proteftation qu'il en fit fous fon premier

arbitre du

différend. Sa fenfe le Roi.

Sentence of

Raynaldus, ".2.& feq. 1298. n. 1.

Spond. ann.

Additions aux preuves,

n. V.

1298.

nom de Benoist Gaetan. Mais ce fut au profit du Roi d'Angleterre & du Comte de Flandre. Car pour ce qui regardoit le premier, il ordonna, Que Philippe le Bel lui donneroit fa fœur Marguerite en mariage, & fa fille Elifabeth à Edouard fils de ce Roi, avec la difpenfe du faint Siege pour le degré défendu de leur parenté. Que les deux Rois fe deffaifiroient de ce qu'ils avoient pris l'un fur l'autre, & le mettroient en sequeftre entre les mains de Sa Sainteté.

Et

pour ce qui étoit du Comte de Flandre, il étoit dit par la Sentence, Que le Roi de France lui rendroit non-feulement toutes les places qu'il lui avoit prifes, mais auffi fa fille qu'il retenoit depuis deux ans, & qu'il ferait libre an Comte de la marier à qui il lui plairoit. Pour conclufion Boniface marque, Que Philippe le Bel iroit dans le Levant faire la guerre aux Infideles.

Le Pape oubliant qu'il n'avoit rendu cette Sentence que comme perfonne privée,fit expedier une Bulle de ce qu'il venoit dejuger.Il la mit entre les mains de l'Evêque de Durrham, Ambaffadeur du Roi d'Angleterre, pour être rendue à Philippe le Bel. L'Eveque vint à Paris,accompagné de Jacques de Chaftil

lon,frere du Comte de Saint-Pol ; & il la prefenta au Roi, qu'il informa en même tems de tout ce qui s'étoit paffé à Rome en cette occafion. Comme le Pape avoit prévû que fa conduite ne plairoit gueres à ce Prince, il lui avoit écrit le 3. de Juillet fuivant un Bref bullé, pour prévenir ou appaiser sa colere, en lui promettant qu'il ne jugeroit pas fur les autres articles conteftez, fans un confentement particulier de Sa Majefté, porté par fes Lettres Patentes & par un Envoyé exprès. Mais cette honnêteté apparente ne fervit qu'à faire reconnoître l'artifice avec lequel Boniface cherchoit à fe rendre de plus en plus neceffaire par la continuation de fon arbitrage & de fa mediation. Il faifoit naître de nouvelles difficultez pour avoir un prétexte de ne pas terminer fi-tôt le differend, & pour tenir les deux Rois dans la dépendance de fon Tribunal.

La Bulle qui contenoit la Sentence fut lûe dans le Confeil en presence du Roi, de Charles de Valois fon frere, des Comtes d'Evreux & d'Artois, & des autres premiers Seigneurs de la Cour, Mais le Comte Robert d'Artois, qui avoit gagné la derniere

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1298.

lani.

bataille, pris Lille & plufieurs autres places en Flandre, ne pouvant fouffrir les conditions qui regardoient les FlaMeyer, Ou- mands, arracha la Bulle en colere de dergheft, Vil- la main du Prelat qui en faifoit la le&ure, la déchira avec les dents & la jetta au feu, jurant, Qu'il ne fouffriroit pas que le Pape jouât ainfi le Roi, & Se vengeât aux dépens du Royaume. Cette action, quoique trop brufque, ne déplut pas au Roy, qui avoit déja paffé au Pape les conditions d'accommodement qu'il avoit établies entre lui & le Roy d'Angleterre par fa Sentence. Mais il protefta devant l'Ambassadeur Anglois, qu'il ne feroit rien de tout ce qu'on lui impofoit à l'égard du Comte de Flandre, & qu'il recommenceroit la guerre auffitôt que la Treve

Le Pape man

que à la pa

role donnée

faire fon frere

mains.

feroit-finie.

Duc d'Autriche contre Adolphe de Cependant la confpiration d'Albert au Roy, pour Naffau Roy des Romains, étoit deveRoy des Ro- nue fi puiffante en Allemagne, que ce dernier qui n'avoit que le peuple dans fon parti, fe vit en peu de tems abandonné de prefque toute la nobleffe. Les Electeurs n'oublierent pas de communiquer avec le Pape Boniface de l'élection qu'ils avoient à faire après

1298.

la dépofition d'Adolphe. Mais fans fe foucier de la promeffe qu'il avoit faite à Philippe le Bel de s'employer pour Charles de Valois fon frere, il favorifa fecretement la brigue d'Albert d'Autriche, non par inclination, puisqu'il en eût fouhaité un autre, mais dans la crainte de rendre la Maison de France trop puiffante, & dans l'efperance de fe fervir de cet Allemand pour l'affoiblir, & affujettir enfuite Philippe le Bel à fes volontez. Adolphe ayant voulu fe maintenir par la force des armes, fut défait par Albert, & tué dans un combat qui fe donna près de Spire le 2. jour de Juillet. Albert après avoir vaincu la répugnance que le Pape avoit témoignée d'abord pour fon élection, fut fait Roi des Romains pour la feconde fois : mais il ne tarda pas de tromper les efpe- Raynaldum, rances que Boniface avoit conçues de n. 14. lui, par la bonne intelligence dans laquelle il voulut vivre avec le Roy de

France.

Ptolemæus Lucenfis apud

VIII. Philippe le

L'opinion qu'eut Philippe le Bel d'avoir reçû de Boniface deux mau- Bel cherche à vais offices, tant par la Sentence ren- s'en venger. due en faveur du Comte de Flandre fon Vaffal & fon ennemi, que par

le

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