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confentement donné à l'élection d'un autre que de fon frere pour le titre de Roi des Romains en Allemagne, lui fit juger que ce Pape n'avoit pas été fincere dans toutes les marques de bienveillance qu'il lui avoit données. Les reffentimens qu'il en témoigna furent les préludes de ces funeftes brouilleries qui commirent quelque tems après la France avec le faint Siege, & qui cauferent un fâcheux fcandale à toute la Chrétienté. Pour commencer à se venger, il reçut dans Villani, An- fon Royaume, & fous fa protection Etienne Colonne, & les autres fugitifs de la même Maison, qui s'étoient fauvez de l'Italie, & qui cherchoient à fe garantir de la perfecution de Bo

toninus Flo

rentinus.

niface.

Il prit occafion de l'Interdit où le Pape avoit mis les Evêques de Laon & de Poitiers pour fe faifir de la Regale de leurs Evêchez, c'eft-à-dire de la garde & de l'administration des biens temporels de leurs Eglifes, comme fi leur Siege eût été declaré vacant par cet Interdit. Le Roy prétendoit maintenir la faifie, & par le droit de sa Couronne, & par une coutume déja établie fous fes Predeceffeurs pour

quelques Eglifes particulieres. Mais fur les plaintes de l'Evêque de Laon qui avoit été cité à Rome, le Pape écrivit un Bref au Roi datté de Rietti le 4. jour d'Octobre, pour lui faire entendre, Que les Eglifes de fon Royau

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Cum nuper &c. Raynal

me ne devoient pas être cenfées vacantes, dus, n.24. ni par l'Interdit, ni par la fufpenfion, ni même par l'excommunication de leurs

Prelats.

L'année fuivante le Roy eut encore quelques difficultez avec le Pape fur la Regale. Il ne fe foucia point de faire rendre à Robert de Courtenai, nouvellement élû Archevêque de Reims, les revenus qu'avoit produit la vacance du Siege depuis la mort de Pierre Barbet fon Predeceffeur. Le Pape ne fe contenta pas de lui adreffer un Bref à ce fujet; il employa encore le credit de l'Evêque de Dol, & de Guy Comte de Saint-Pol, qui avoit tout pouvoir fur fon efprit. Il auroit pû s'affurer du fuccès de toutes les affaires qu'il entreprenoit dans le Royaume, fi elles euffent eu autant de juftice que celles des Eglifes de Laon & de Reims. Mais comme il embraffoit indifferemment toutes celles qu'on lui prefentoit,pourvû que ce fût contre le Roi, & qu'il

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1199.

recommen

côtre le Com

recevoit fans examen toutes les plaintes qu'on lui portoit contre les Officiers Royaux, les Gentilshommes & autres Laïcs accufez de vexations ou de rapines par les gens d'Eglife, il donna lieu de croire qu'il ne cherchoit qu'à établir fa domination par toutes fortes de voyes; & les manieres dures & imperieules qu'il employoit dans fes Brefs, & dans les commiffions de fes Envoyez, ne fervirent qu'à aigrir de plus en plus, & à éloigner de lui l'efprit du Roy & des Grands du Royaume,

Philippe fut touché principalement ce la guerre du de fidelité que peu Boniface avoit te de Flandre, eu à garder la parole qu'il lui avoit qu'il fait pu donnée après la Sentence arbitrale,

fonnier.

de ne rien faire fans fon avis & fon confentement dans ce qui reftoit à vuider du differend qu'il avoit avec le Roy d'Angleterre & le Comte de Flandre. De forte que la Treve des deux ans étant expirée, il fit entrer Charles de Valois fon frere en Flandre avec une groffe armée. Le pays fe rendit en peu de tems, à la referve de la ville de Gand, où le Comte s'étoit retiré. Il n'y avoit plus de fecours à efperer, ni d'Angleterre, ni d'Alle

magne ; & le Pape étoit un trop foible appui : c'est ce qui fit refoudre le Comte de Flandre à recevoir les conditions de Charles de Valois, & à fe rendre au Roy avec fes deux fils. Charles lui avoit promis de les faire reconduire à Gand en fureté, fi le Roi refufoit de leur accorder cette grace.

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Villani,

fait alliandes Romains, au grand chagrin du Pape Boniface.

ce avec le Roi

Mais Philippe ne fe crut pas lié par la parole de fon frere; il retint ces deux jeunes Princes prifonniers auffi-bien que leur pere; ce que les Flamands prirent pour une injuftice, dont ils fe crurent vengez depuis par le gain d'une grande bataille, où perirent les principaux de la Nobleffe Françoife. Peu de tems après, Philippe le Bel fit encore une action qui parut traverfer les grands deffeins de Souveraineté temporelle fur les Princes feculiers, dont le Pape entretenoit toujours fon ambition. Ce fut l'entrevûe qui fe fit Belleforeft, au mois de Decembre de l'an 1299. à Vignier, Pap. Vaucouleurs en Lorraine entre le Roy de France, & le nouveau Roy d'Allemagne Albert d'Autriche. Les deux Rois y renouvellerent l'ancienne alliance qui avoit toujours fubfifté entre les Allemans & les François, & qui n'avoit été troublée que fous le regne

Mallon.

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precedent par la mauvaise conduite d'Adolphe de Naffau, qui pour avoir un prétexte de fe liguer avec les ennemis de la France, s'étoit avifé de redemander le Royaume d'Arles à Philippe le Bel. Albert renonça par le Traité qu'ils firent, à toutes les prétentions que l'Allemagne pouvoit avoir fur ce Royaume éteint ; & Philippe à celles que la France avoit fur la Lorraine & l'Alface. Ils jurerent une amitié perpetuelle entre eux & leurs Succeffeurs, & ils promirent de s'entr'aider reciproquement en toutes rencontres pour la défense de leurs Etats, & la confervation des droits de leurs Couronnes. L'alliance y fut conclue par le mariage arrêté entre Rodolphe Duc d'Autriche, fils d'Albert, & Blanche fœur de Philippe le Bel.

Les nouvelles qu'on reçut à Rome de ce Traité, ne furent pas fort agréables au Pape Boniface, qui avoit toujours efperé de pouvoir commettre ces deux Puiffances pour élever la fienne, en profitant de leurs divifions. Son indignation tomba principalement fur le Roi des Romains, dont il crut qu'il lui feroit plus aifé de fe venger que du Roi de France. Lorfqu'il fut que

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