part; & quelque forte de rapport avec l'extir- Mais s'il fe rencontre tant d'incidens propres à faire comparer enfemble ces deux fameufes conteftations, il y a auffi de quoi les oppofer par des différences très-grandes, qui pour la plûpart viennent des endroits mêmes Ciaconins vi d'où naiffent leurs rapports. Dans rá Bonifacii. Caracteres VIII. & d'In. nocent XI. toute la fuite des fucceffeurs de SaintPierre, il eft difficile de trouver deux Papes qui ayent été plus éloignez pour l'humeur & le caractere d'efprit, que Boniface VIII. & Innocent XI. fous lefquels fe font élevez tous les troubles de l'un & de l'autre différend. Boniface étoit un homme hautain de Boniface turbulent, plein de courage & de fierté, entreprenant, ambitieux, fourbe, violent, peu reglé dans fes mœurs, moins touché du fpirituel que du temporel, peu eftimé, peu aimé même parmi les fiens. Innocent étoit doux & paisible, difficile à la verité à faire revenir de fes préventions; mais plein de pieté, ne refpirant que la charité, la paix & l'union des fideles, attentif aux devoirs d'un veritable Pafteur, fimple, modefte, ennemi du vice, refpecté & cheri des fiens. Auffi Boniface a-t'il été l'auteur ou la caufe des troubles arrivez fous Philippe le Bel; au lieu qu'Innocent XI. n'a fait que fouffrir ceux que l'on a excitez au fujet de la Regale pendant le regne de Louis XIV. Les Papes fuivans qui ont fait la paix avec la France, ont eu auffi des qualitez affez contraires. Benoît XI. qui a caffé ou révoqué ce qu'avoit fait fon prédeceffeur, paffoit pour un homme d'auffi fainte vie, que celle de Boniface avoit paru scandaleufe; & l'on remarque comme une preuve fingu liere de la vertu du premier, qu'il ne voulut pas tirer fa famille de la baffeffe & de la pauvreté où elle étoit. Alexandre VIII. qui a prétendu caffer & annuller ce qui s'étoit fait en France du vivant de fon Prédeceffeur, étoit dans une réputation affez douteufe, ou Royaume de du moins fort inferieure à celle qu'In- France, en nocent XI. avoit acquife par fa pieté éxemplaire; & le principal de fes foins été d'élever & d'enrichir fes parens durant fon Pontificat. La différence a Il publia un Puniverfalité de la Regale decret contre dans tout le 1691. des deux Evêques de Pamiers, qui ont donné occafion aux deux démêlez, n'eft pas moins confidérable. Bernard de Saiffet envoyé au Roi par Boniface VIII. étoit un brouillon & un infolent, fans foumiffion & fans refpect pour fon Prince légitime. Frangois-Etienne Caulet, dont Innocent XI. avoit pris la protection, étoit un homme de Dieu, zelé pour le falut de fon Troupeau, & pour l'honneur de fon Eglife, humble dans fa fermeté, courageux dans fa foumiffion, fidele & refpectueux envers fon Roi, auprès duquel fes ennemis l'avoient cafomnié. On peut dire auffi que tout n'étoit pas égal dans ce qui s'étoit paffé fous les deux Rois, quoiqu'ils puffent, être également équitables, ou bien intentionnez. Philippe le Bel avoit l'avantage d'une caufe jufte dans toutes fes parties, & il n'étoit que le défenfeur de fes droits & de fa fouveraineté , contre un ambitieux qui croyoit être le feul Souverain de la Chrétienté. Sous Louis XIV. on ne combattoit que les prétentions de la Cour de Rome, qui regardent, non la Souveraineté des Puiffances féculieres, mais l'infaillibilité des Papes dans I -coup leurs jugemens, & leur fuperiorité fur de Concile; & on foutenoit avec beaude fermeté les droits & les libertez de l'Eglife Gallicane contre un Pape, qui bien que prévenu & entêté des prétendus Privileges de fon Siege, comme quelques-uns de fes Prédeceffeurs, n'avoit pourtant pas encore abufé de fon pouvoir. Ceux qui fervoient Philippe le Bel avoient le cœur droit,& paroiffoient n'agir que par un zele veritable, mais un peu trop vehement pour les droits de la Couronne; au lieu que parmi ceux dont Louis XIV. fuivoit les avis, il y en avoit quelquesuns, qui fous le prétexte du bien public ne cherchoient qu'à fe venger par des voyes obliques & détournées, de ceux qu'ils regardoient comme les cenfeurs de leur conduite & de leurs fenti mens. Il y a encore cette différence, que Philippe le Bel, quoique parfaitement foumis au faint Siege, n'a point affez ménagé Boniface, & qu'il l'a traité, foit par lettres, foit par la bouche de fes Ambaffadeurs, en termes durs, incivils & offençans, felon la groffiereté de ces tems-là. Mais Louis XIV. a toujours affecté beaucoup de modé De ceux qui ration, & n'a jamais écrit ou fait par- Il feroit donc à fouhaiter qu'on pût ont travaillé nous donner l'Hiftoire de ces deux faà cette Histoi. meux démêlez, avec la liberté & le definterellement que demande l'importance du fujet. Mais comme le tems de découvrir les refforts & les intrigues du fecond n'eft pas encore venu, il eft bon de faire connoître le premier par avance, pour préparer les efprits à juger plus fainement de l'autre. C'eft pourquoi je fuis réfolu d'écrire feulement l'Hiftoire de la conteftation furvenue entre Boniface VIII. & Philippe le Bel, comme fi celle qui s'eft élevée entre Innocent X I. & Louis XIV. n'étoit jamais arrivée; & je tâcherai de me conformer aux favans hommes qui avoient en |