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faites à fes Officiers touchant la fou-
veraineté de la Seigneurie de Pamiers,
& les affaires qu'il avoit fufcitées au
Comte de Foix. Il ne laiffa
ne laiffa pas de le
lui envoyer, ne croyant pas devoir
ufer de ménagement ou de complai-
fance auprès de Sa Majefté. Bernard
outre la negociation du voyage d'ou-
tre-mer, étoit encore chargé de de-
mander au Roi la délivrance du Com-
te de Flandre & de fes enfans. Il s'ac-
quita de l'une & de l'autre commis-
fion, comme s'il avoit eu droit de fe
faire obéir. Il parla au Roi avec toute
la hardieffe que pouvoient lui donner
fon naturel impétueux, & l'autorité
du Maître dont il portoit le caractere.
Mais s'appercevant qu'il parloit en
vain, & que le ton de fa voix, non:
plus que fes raifons, n'avoit point la
force de perfuader ni le Roi, ni ceux
de fon Confeil qui l'écoutoient
perdit le refpect dû à Sa Majesté.

il

Il fe plaignit du peu de confideration qu'on faifoit paroître pour lui à

1301.

la Cour, & dit hautement; Qu'en- Dupuy & core que fa Ville fe trouvât dans les Sponde. limites du Royaume de France, il n'étoit Sujet de perfonne. Qu'il ne tenoit rien du Roi ; qu'il n'étoit foumis qu'au Pape,

&qu'il ne reconnoiffoit point d'autre` 1301, Puiffance que la fienne, tant pour le temporel que pour le fpirituel. Il porta même l'infolence, jufqu'à menacer au nom de Boniface, que fi on ne lui accordoit fa demande touchant la liberté du Comte de Flandre, il jetteroit l'Interdit fur tout le Royaume, &fulmineroit même l'excommunication fur la perfonne du Roi. Après ces infolentes menaces, il commençoit à foutenir la puiffance abfolue du Pape fur les Princes Souverains & indépendans : mais le Roi qui avoit eu la patience de l'écouter jufques-là, ne voulut pas fouffrir plus long-tems fes emporteRicher,.. mens. Il pouvoit le faire ressouvenir qu'il parloit devant fon Roi, en l'arrêtant prifonnier, pour le faire punir comme fon fujet; il aima pourtant mieux le renvoyer à Rome, ou dans fon Diocese.

Bernard, fur l'ordre qu'il reçut de fe retirer promptement de la Cour, alla rendre compte de fa negociation au Pape Boniface, qui pour faire voir qu'il ne fe rebutoit pas du mauvais fuccès de fa negociation, renvoya cet Evêque en Languedoc pour y remuer. contre l'autorité Royale en faveur de

la fienne. Ce fut pour lors que fe
croyant à couvert des atteintes de la
Cour de France, il se déchaîna contre
le Roi avec toute forte de licence &
de fureur. Il fit paffer ce Prince pour
un ufurpateur des droits de l'Eglife,
qui convertiffoit les Decimes à des
ufages illicites, qui retenoit les fruits
des Cathedrales vacantes, qui en con-
feroit les titres & Benefices fans le
confentement du Pape, & qui violoit
en toutes rencontres les privileges &
les libertez Ecclefiaftiques. Il eut l'ef-
fronterie même d'attaquer ce Mo-
narque fur l'état de fa naiffance, sur
l'honneur de la Famille Royale, & de
diffamer la Perfonne du Roi, avec
toute fa Cour. Il fit ce qu'il put pour
remplir le pays de factions & de re-
voltes, foulever les peuples
tre leur devoir, & pratiquer des in-
telligences contre le fervice du Roi
avec les Princes étrangers & les enne-
mis de la France. Et pour fon parti-
culier, il foutenoit qu'il n'étoit point
Sujet du Roi, & que fa ville de Pa-
miers n'étoit point du Royaume, ni
dans le Royaume de France.

con

Les Officiers du Roi en Languedoc ne manquerent pas de former leurs DS

1301.

1301.

cès de Ber

plaintes fur la conduite de ce feditieux Prelat, & de les envoyer en Cour. Le Roi fe croyant obligé à quelques égards pour le caractere Epifcopal, ufa de diffimulation pendant quelque tems, pour donner lieu à l'Evêque de changer de conduite, & pour laiffer diffiper les accufations dont il étoit chargé. Mais les déportemens de cet homme étant devenus trop publics pour pouvoir être diffimulez ou tolerez plus long-tems, le Roi nomma des Commiffaires qui eurent ordre d'aller fur les lieux informer plus particulierement des faits dont il étoit accufé.

Les Commiffaires qui étoient Richard de Nepotis, Archidiacre d'Auge en l'Eglife de Lifieux, & Jean, Vidame d'Amiens, Seigneur de Picquigny, arriverent en Languedoc vers le mois de Mai de l'année 1301. Se voyant Actes du Pro- chargez de Memoires & d'Actes qui nard de Pa- contenoient les circonftances de ces miers, page accufations, ils ouirent vingt-quatre témoins, dont les principaux furent les Comtes de Foix, les Evêques de Beziers, de Maguelone ou Montpellier, de Toulouse, l'Abbé de S. Papoul, & le Comte de Comminges,

626. & fuiv.

qui dépoferent à la charge de l'accufé. Le Roi ayant reconnu par ces informations que l'Evêque de Pamiers étoit coupable de la plupart des faits que la renommée lui imputoit, lui ordonna de venir en Cour. Il affembla fon Parlement à Senlis, où se trouverent les Grands du Royaume avec beaucoup d'autres Ecclefiaftiques & Seculiers. Bernard y fut convaincu de nouveau, & condamné comme criminel de leze Majefté. Il fut refolu qu'il feroit arrêté prifonnier, ou par l'Archevêque dont il étoit fuffragant, ou à fon défaut, par les Officiers de la Juftice feculiere au nom du Roi.

1301.

Auffi-tôt le Roi manda l'Archevê- Gilles Anfe

que de Narbonne, Metropolitain de lin de Billion. Pamiers; & ayant affemblé plufieurs Evêques & Barons, il lui fit expofer devant eux tout ce dont il étoit question en presence de l'Evêque accufé. Il fomma l'Archevêque de faire fon devoir conformément à l'Arreft rendu à Senlis par les trois Etats ou le Parlement du Royaume, afin que le criminel pût être dégradé par un jugement ecclefiaftique, avant que d'être livré à la Juftice Royale. L'Archevêque après avoir été pleinement in

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