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ftruit des preuves qui refultoient des informations, fit difficulté de proceder contre fon Suffragant, fur ce qu'il étoit hors de fa Province, & fans Jurifdiction. Le Roi lui fit donner le territoire neceffaire qui lui fut affigné par l'Evêque de Senlis dans fon Diocefe, & confirmé par l'Archevêque de Reims comme Metropolitain de la Province. Il lui offrit auffi un lieu de fûreté pour la garde du prifonnier, lorfqu'il feroit arrêté, & tous les fecours neceffaires pour le retenir s'il n'étoit pas affez fort.

L'Archevêque de Narbonne répondit qu'il étoit prêt de faire fon devoir, mais qu'il ne le pouvoit qu'avec le confeil de fes Suffragans, & qu'après avoir confulté le Pape, à caufe de l'importance de l'affaire. Cependant l'Evêque de Pamiers craignant d'être arrêté dans les Prifons Royales, comme il en étoit menacé, pria fon Archevêque de le faire prendre & de le garder comme fon prifonnier ; ce qui fut executé de telle maniere, qu'il parut que le Roi avoit fait préceder fes ordres pour cela. Ce Prince prévoyant que cette affaire pourroit avoir des fuites, dépêcha un Confeiller de fa

Cour vers le Pape Boniface, pour l'informer de tout ce qui s'étoit paflé. C'étoit Pierre Flotte, Seigneur de Revel, qui fut depuis Garde des Sceaux ou Vicechancelier. L'Archevêque de Narbonne & l'Evêque prifonnier écrivirent auffi à Rome chacun de leur part, l'un pour demander comment il devoit fe comporter dans la procedure, l'autre pour marquer qu'il ne fouffroit que pour avoir executé trop fidelement la volonté de Sa Sainteté, & fuivi trop exactement les inftrutions qu'Elle lui avoit données..

L'Envoyé du Roi reprefenta au Pape, Qu'encore que dans le Confeil des Grands du Royaume, il eût été réfolu que le Roi fon Maître pouvoit faire châtier l'Evêque de Pamiers comme criminel d'Etat, reconnu traître & convaincu de divers autres crimes qui l'avoient fait décheoir des privileges accordez à l'Eglife & à la dignité Epifcopale, & que d'ailleurs il fût en droit de proceder contre lui par d'autres moyens, fur tout par la privation de fon temporel, il avoit auparavant voulu lui marquer le refpect & la déférence qu'il avoit pour l'Eglife & le faint Siege, à l'exemdes Rois fes Prédeceffeurs, qui avoient

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toujours en foin de conferver & de maintenir les Privileges Ecclefiaftiques. Il ajoûta que Sa Majesté efperoit de voir entrer le Pape dans les mêmes interêts, d'autant plus volontiers que Sa Sainteté étoit obligée de venger l'injure faite à Dieu comme Auteur de toute puiffance legitime, au Roi comme Fils de l'Eglife, & au Royaume, comme por tion confiderable de la Chrétienté. Il demanda enfuite au faint Pere qu'il voulût bien priver l'Evêque de Pamiers de la dignité Epifcopale, & le declarer déchû de tout privilege de Clericature, afin que le Roi pût en faire une punition exemplaire.

Le Pape comprit aifément par le difcours de Pierre Flotte, que l'Evêque de Pamiers avoit tout gâté à la Cour de France par l'imprudence & la témerité qui lui étoient naturelles. Mais ne croyant pas devoir fe laiffer prévenir contre fon Miniftre, il fe contenta pour lors de répondre, Que ce n'étoit pas fa coutume de condamner qui que ce fut fans l'avoir oui. Que pour faire le procès à l'Evêque de Pamiers dans les formes, il falloit, ou l'envoyer à Rome poury être jugé, ou lui nommer des Commiffaires en France, afin que fon affaire

fut examinée fur les lieux. Que fi on choififfoit ce fecond moyen, ce feroit à 1301. lui à voir lequel fembleroit le plus à propos des deux expédiens légitimes qui reSteroient pour juger la caufe de l'Evêque accufé, favoir fi ce feroit devant le Métropolitain de l'Evêque, accompagné de les Suffragans, on devant un Légat du faint Siege, ou quelqu'autre Commiffaire du Pape.

Ce fut là tout ce que la politique & la modération purent exiger alors de Boniface. Mais s'étant trop facilement perfuadé que l'affaire de l'Evêque de Pamiers étoit la fienne, & que l'honneur du faint Siege étoit intereffé dans le falut de cet homme, il ne voulut plus fonger qu'aux moyens de fe venger de l'affront qu'il prétendoit avoir reçu en fa perfonne, & d'avancer fes entreprises touchant fa puiffance fur le temporel du Royaume. C'est à quoi il travailla pendant tout le tems qui reftoit jufqu'à l'Avent, faifant compofer des Bulles & des Brefs fur ce fujet pour diverfes perfonnes, & fur-tout pour le Roi & le Clergé. Pierre Flotte demeura dans Rome durant tout cet intervale, pour veiller fur les intérêts de fon Maître, & pour obferver les

XI. Rupture ou

verte entre le Pape & le

Roi

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Nangi conti

mouvemens de la Cour de Rome. Il fit tout ce qu'il put pour obferver ce Vvalfingham qui s'y paffoit au préjudice de la FranYpodigma Neuce; & dans une audience qu'il eut de ftria. Guill. Boniface peu de tems avant fon retour, ce Pape lui ayant dit, qu'il avoit la puiffance temporelle fur le Roi & sur · Le Royaume, auffi bien que la fpirituelle, Flotte répondit:,, Je le veux, mais

nuatio.

Sufpenfion des Privile ges, & défen

fe de lever des
Décimes ou

Subfides fur le
Clergé,

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دو

celle du Roi mon Maître eft réelle,
au lieu
la vôtre n'eft que ver-

bale.

que

La liberté dont il ufoit dans tous fes difcours irrita le faint Pere de telle forte, que jugeant qu'il n'y avoit plus de mefures à garder avec le Roi, il fit fceller fept ou huit Bulles le 5. jour de Decembre, en adreffa les unes au Cardinal Jean le Moine fon Legat en France pour être présentées à ceux pour qui elles étoient deftinées, & fit porteur des autres Jacques des Normands, Archidiacre de Narbonne fon Notaire Apoftolique, qu'il envoya peu de tems après en qualité de Nonce.

La premiere qu'il fit fignifier au Roi datée du 4. de Decembre, & inclufe dans un Bref daté du lendemain, portoit une fufpenfion de tous les privileges accordez ci-devant par Sa Sainte

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