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"Nous ne voyons rien dans ces papiers qui mérite un plus long commentaire. Un Moniteur entier est rempli de pieces relatives à la conspiration des trois généraux. Tout nous fait voir que le complot était sérieux et étendu, et nous ne doutons pas que Mallet n'eût fort raison quand il leur disait : Vous avez la tête, mais vous né tenez pas la queue.

"Le Moniteur paraît indigné d'un paragraphe qui se trouve dans un papier anglais, où il est dit que Caffarelli retournait d'Espagne en France. "Non-seulement," dit-il, "il ne sera retiré aucunes "troupes d'Espagne, mais il y en sera envoyé de "nouvelles, et l'on vient d'expédier un convoi avec "dix millions de franes, pour solder l'arriéré des "troupes." Ces deux assertions sont, à coup sûr, aussi vraies que la nouvelle que les cohortes d'Hambourg et d'autres villes du Nord ont exprimé un vif désir de partager les dangers de la grande armée.

Réflexions du Rédacteur du Times sur les mémes Papiers.

"Il vient d'arriver des journaux de France jusqu'au 1er Janvier. Nous devons nous attendre à voir mettre en action tous les instruments du mensonge et de la déception, afin de persuader au monde que Buonaparté n'est ni perdu de réputation, ni dénué de ressources, et que sa santé même n'est pas altérée. Il semblerait pourtant que depuis le 20 jusqu'au 27, il n'avait pas été assez bien pour se hasarder à paraître en public; ce jour-là, il fit l'effort de se montrer à une revue dans la cour de son palais. Le lendemain, il parut le matin au Muséum, qui est encore dans son palais, et le soir, il alla à l'Opéra. Ce sont là toutes ses apparitions en public, car on ne peut pas compter dans ce

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nombre d'avoir présidé une séance du Conseil d'Etat, et d'avoir reçu les compliments de quelquesuns de ses courtisans. Quant à avoir chassé dans les bois de Versailles le 28 Décembre, le même jour qu'il alla au Muséum et à l'Opéra, nous prendrons la liberté de douter complétement du fait. Rien de ce que nous avons vu dans ces journaux, n'ébranle l'opinion que nous avons eue sur la maladie qu'il a essuyée et qu'il éprouve encore; on en voit des traces dans la couleur sombre de ses derniers discours, et certes, c'est la conséquence nécessaire des fatigues et des peines de corps et d'esprit qu'il a eu à supporter dans ces derniers temps.

!

"A en croire Buonaparté, non-seulement sa santé, mais même ses ressources se sont améliorées par sa campagne de Russie; car on nous dit sérieusement qu'il vient de donner des ordres pour qu'il fût envoyé à ses armées en Espagne, 20,000 hommes, 6000 chevaux, 600 charriots, et dix millions de francs en especes. Voyez combien ses levées militaires sont abondantes! comme son trésor regorge Ce doit être une bien grande peine pour ces braves cohortes du Midi, que de se voir condamnées à un service aussi impopulaire; tandis que si elles avaient joint la grande armée du Nord, elles auraient trouvé un théâtre bien plus adapté à leurs sentiments; car déjà nous voyons les garnisons d'Hambourg et de quelques autres villes d'Allemagne, présenter des pétitions pour aller partager les plaisirs et la bonne chere de Wilna!

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Quel pent être l'objet de semblables déceptions? C'est ce qu'il est impossible de concevoir. Ce sont des mensonges qui ne peuvent tromper personne, surtout lorsqu'on pense à la circonstance qu'il n'a encore été publié aucune nouvelle de la grande armée d'une date, postérieure au 29e bulletin. S'il en était arrivé des nouvelles à Wilna le 18

(c'est-à-dire quinze jours après la date du dernier bulletin), il y aurait eu assez de temps pour notifier cet événement dans les journaux que nous venons de recevoir. Nous ne disons pas qu'il soit arrivé de nouvelles de Wilna; car il est trèspossible qu'un courier ordinaire ne voyage pas aussi vite qu'un Empereur fuyant: mais nous mentionnons le fait comme une preuve incontestable que la marche de l'armée de Molodeschino n'a été ni rapide ni glorieuse. Elle n'a offert aucun événement dont la publication aurait pu balancer les horreurs du dernier bulletin. S'il était vrai qu'il eût été envoyé de nouvelles troupes en Espagne, nous serions tentés de croire que cela ne pourrait provenir d'aucune autre cause, sinon que de ce qu'elles ont absolument refusé de marcher au Nord. Il est aisé de démontrer que Buonaparté ne peut pas maintenir efficacement les deux guerres ensemble pendant une autre campagne ; et il semblerait qu'il lui est plus nécessaire dans le moment actuel de se fortifier du côté de la Russie, où il est faible, que de celui de l'Espagne où il est assez fort, surtout depuis que le vainqueur de Salamanque a été forcé de se retirer en-deçà de la frontiere de Portugal. Vingt mille hommes jetés en Espagne sont autant d'hommes inutilement employés, tandis que dix fois vingt mille hommes en Russie ne remplaceraient pas les pertes de sa derniere campagne, et même deux fois ce nombre ne rétabliraient pas sa gloire flétrie.

"Buonaparté doit pourtant prendre le port du Dieu Mars, il ne doit pas rabattre un iota de sa jactance, tandis qu'au fond sa véritable, sa grande affaire doit être de négocier la paix sous la médiation de l'Autriche. C'est dans cette occasion que son mariage peut l'appuyer, si les Cabinets avec lesquels il aura affaire, sont assez faibles pour se laisser intimider par la peur dé l'opposition de l'Au

triche. Il y a sans doute plusieurs raisons personnelles et politiques, qui peuvent attacher l'Empereur d'Autriche à la fortune de son gendre, à une époque où le dernier, cessant d'être formidable comme conquérant, peut être regardé comme fort ntile en qualité d'allié. Ainsi, si l'Espagne, l'Ita lie ou la Pologne était offerte à un prince autrichien, l'appât pourrait être trop tentant pour être refusé. Il serait aisé d'imaginer des projets sans nombre de cette nature, mais il nous faut pour les déjouer des politiques adroits, sagaces, et à grandes vues, etc."

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(Le reste de ce paragraphe dégénere en affaire de parti, et nous croyons devoir nous abstenir de le traduire.)

Réflexions du Rédacteur du Times, sur les Papiers de France, du ler, 2 et 3 Janvier, reçus le 6.

"Nous avons reçu les journaux français des trois premiers jours de cette année. Ils ne contiennent gueres que des gasconades et une certaine affectation d'abondance de ressources, de mouvements militaires, etc. etc. "Bien loin d'évacuer l'Espagne," est-il dit dans une note du Moniteur, sur un paragraphe extrait des papiers anglais, " y marche de "nouvelles troupes.. "L'Espagne appartient " à la dynastie de France, aucun effort humain ne peut l'empêcher...." Bravo! nous voici revenus à l'ancien jardon, la nécessité, la fatalité, la prédestination, le nouvel ordre de choses que rien ne peut arrêter; les arrêts du destin qui émanent des levres de Buonaparté. Cet oracle est plus súr que celui de Calchas! Hélas! le pauvre homme ;

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ses facultés sur-humaines ont eu leur temps, mais ce temps est passé. Celni qui n'a pas pu prévoir qu'il y avait un hiver en Russie, ne doit pas aujourd'hui avoir de grandes prétentions à passer pour un oracle infaillible sur la destinée future de la monarchie espagnole. L'Espagne n'appartient à la famille de Buonaparté ni par le droit ni par le fait; une grande partie de ce royaume n'est pas même souillée par la présence des satellites de l'usurpateur; et qnoiqu'il soit vrai que, depuis six mois, les fruits des talents et de la valeur du grand Wellington aient été perdus, et que nous n'ayons engraissé de sang britannique les champs de la Castille et du royaume de Léon que pour remettre ces provinces aux mains de notre ennemi, cela n'a été dû qu'à la politique étroite de quelques individus, etc....

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L'expression de la dynastie de France, lorsqu'elle était appliquée aux fils d'un petit procureur corse, a toujours été une chose passablement ridicule: mais, dans les circonstances actuelles, c'est une expression remarquable par sa futilité que celle de dynastie dans les rapports de ce mot avec les révolutionnaires qui gouvernent la France. Qu'ils s'évertuent tant qu'il leur plaira à parler du successeur de Charlemagne, des anciens droits du trône, ou de l'union indissoluble du grand empire, il n'est personne en France qui ne sache et qui ne sente que ce ne sont là que des affaires d'hier au soir. Il serait tout aussi raisonnable de voir le champignon disputer d'antiquité avec le chêne. Rien ne peut mettre la chose plus en évidence que la maniere dont

*Le Times est un journal dévoué aux intérêts du parti du Marquis de Wellesley, et conséquemment en opposition aux ministres actuels.

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