lui tendirent Afdrubal, & Xantippe le Lacédémonien. Les ennemis le renvoyerent fur fa parole, pour traiter luimême avec le Sénat & le Peuple Romain de fa rançon. Mais ils ne vouloient accorder la liberté du Général, déja confumé de Vieilleffe, qu'en recevant pour prix l'élite de leur Jeuneffe faite Prisonniere. Attilius opina lui-même fortement contre cette propofition, & la fit rejetter il n'ignoroit pas quel traitement cruel il devoit attendre des ennemis; mais il avoit fait ferment en préfence des Autels de fe remettre en leur pouvoir, & il exécuta fa promeffe. Les Dieux auroient pu, fans doute, adoucir la férocité des Africains, mais ils laifferent à Regulus la gloire d'être la victime de fa Religion & de la cruauté Carthaginoise, qui fut févérement punie dans la troifiéme Guerre Punique, par la deftruction entiere de leur Ville

par

& de leur Empire.

X V.

Que le Sénat Romain fit bien mieux éclater fa vénération pour les Immortels, après la malheureuse bataille de Cannes ! Il ordonna que le deuil des Dames de Rome cefferoit abfolument au trentieme jour, afin qu'elles puffent affifter aux Fêtes de Cérès. La majeure partie des forces de la République avoit tombé fous le fer des Carthaginois, dans cette funefte journée; la Campagne étoit jouchée de morts; & dans cette calamité publique, il n'étoit point de Familles qui n'eût une perte particuliere à pleurer. Cependant les Meres, les Sœurs, les Epoufes & les Filles des Citoyens ensevelis à Cannes, furent forcées d'effuyer leurs larmes, de quitter leurs vêtemens lugubres & de prendre les habits blancs qui conviennent aux folemnités, pour offrir de l'encens fur les Autels de Cérès. A la vue de cette fidélité inviolable, les Dieux même

durent rougir,de frapper plus long-tems un Peuple que les perfécutions les plus violentes ne détournoient point de leur Culte.

EXEMPLES MÉMORABLES,

DU

MÉPRIS DES LOIX RELIGIEUSES, Tirés de l'Hiftoire Romaine.

ARTICLE PREMIER.

ON crut communément à Rome

que le Conful Varon n'avoit été défait fi complettement à Cannes, que par la colere de Junon; fon crime aux yeux de la Déeffe étoit d'avoir confié, pendant les Jeux du Cirque, auxquels il préfidoit étant Edile, la garde du Temple de Jupiter à un jeune Efclave Hiftrion, de la plus belle figure: on ne dé

dans la fuite cette irrégula

couvrit que

rité, qui fut expiée par des facrifices.

I I.

Hercules fut auffi, dit-on, tirer une vengeance éclatante du mépris qu'on avoit témoigné pour fon Culte. Il avoit dans Rome une Famille entiere confacrée à fon fervice, celle des Potitiens qui naiffoient tous fes Pontifes par droit héréditaire : le Cenfeur Appius leur perfuada de quitter le Ministere des Autels d'Hercule, comme indigne de leur nobleffe, & de l'abandonner à leurs Efclaves; mais dans la même année trente Jeunes Gens, de cette Maison illustre, furent enlevés par la mort, & des douze branches du nom de Potitien il n'en refta plus qu'une feule fouche; Appius, lui-même, perdit la vue.

La fuite à l'Ordinaire prochain.

(Suite du N°. précédent.)

Exempla ex vetere memoriâ & monimentis a Litteris, plena diguitatis, plena antiquitatis, hæc plurimum folent & autoritatis habere ad proban dum, & jucunditatis ad audiendum.

CIC. ACT. S. IN VERR.

ARTICLE II I.

APOLLON

POLLON fe fit à lui-même une Justice très févere, d'un Romain qui voulut dans le fac de Carthage, enlever d'une de fes Statues, la robe d'or dont elle étoit couverte. Les mains du Sacrilége tomberent avec les morceaux du vêtement précieux qu'il vouloit mettre en piéces ; c'est ainfi qu'il avoit aveuglé Tome IV.

M