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13 Juin 1766.

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No. X II I.

DE L'ÉTAT ACTUEL DES SCIENCES ET DES ARTS

{Suite. Voy.Tom. II. No. VIII. p. 112.)

Omnes artes quæ ad humanitatem pertinent, habent commune quoddam vinculum, & qua tognatione quâdam inter fe continentur.

LE

CIC. pro Arch. Poët.

Es connoiffances Philofophiques occupent le premier rang dans l'Empire des Sciences; on ne leur dispute point l'honneur de la préféance: mais parmi les objets qu'embraffe le génie des Philofophes, quel est le plus important & le plus digne de nos hommages? Il paroit que le préjugé National est sujet à de grandes variations fur la folution de ce problême.

Tome IV.

N

La fubtile & vaine Dialectique de l'Ecole fa Métaphyfique, encore plus vuide de fens, plus chimérique & plus pernicieuse, ont long-tems ufurpé le fceptre de l'Empire Littéraire; pendant plus de trois fiecles, les meilleurs Efprit de l'Europe, furent condamnés à n'avoir pour pâture que les équivoques éternelles de ces termes, inventés pour donner à l'ignorance la plus craffe, un air scientifique & refpectable, qui la rendoit mille fois plus dangereufe.

L'immortel Descartes fit naître le premier rayon, & diffipa ces épaiffes ténébres, malgré l'acharnement des vieux Pédants dont il fut la victime pendant fa vie. La Scolastique, parée du nom d'Ariftote, qui ne s'y feroit jamais reconnu, ni lui ni fes ouvrages, étoit le fruit de l'imagination trop vive des Arabes, oififs, réveurs, difputeurs & naturellement extrêmes en tout Ce premier levain apporté parmi nous, avoit fermen

té dans les cervelles de nos Docteurs des

12me, 13me & 14me fiecles.

La formation des Univerfités & l'Inftitution des Religieux mandiants, qui mirent leur gloire à être les plus favans, exciterent une vive émulation entre le Clergé féculier & les Moines de toutes couleurs; les Laïcs mêmes y participerent. Les Parlemens rendus fédentaires & l'établissement des divers Tribunaux inférieurs, durent contribuer beaucoup à l'activité de ce reffort; Saint Louis & plufieurs de nos Rois fes fucceffeurs, protégerent les études; les autres Souverains & les Papes fur-tout, accueillirent & récompenferent les hommes studieux; tout le monde voulut apprendre & se diftinguer.

Mais avec la meilleure envie du monde, & les talens naturels, qui font peut-être de tous les tems & de tous les lieux, même avec des étincelles du génie, bien plus rare que l'esprit & la

science, quel progrès pouvoit-on faire dans ces tems malheureux, dénués de tout secours?

Les Livres étoient alors au poids de l'or; la Langue Nationale n'étoit pas encore formée; un jargon moitié latin, moitié barbare, étoit le feul Idiome scientifique c'étoit prefque un crime d'ufer dans les Ecoles d'un ftyle approchant des Ecrivains profanes du fiécle d'Augufte. On ne favoit pas même lire les Auteurs Grecs; s'il s'en trouvoit par hafard quelque citation dans les Livres claffiques, on paffoit par deffus, en difant gravement aux Ecoliers curieux, cette formule: Gracum eft, non legitur ; c'est du Grec, on ne le lit point. On n'avoit pour toutes sources d'érudition que quelques mauvaises traductions Latines, dont plufieurs étoient faites fur des traductions Arabes.

Le Clergé de notre Europe avoit eu beaucoup de relations avec les Peuples

Africains, pendant les croifades; les Sciences avoient fleuri, fous plufieurs de leurs Princes; mais à l'époque de la communication qu'ils nous en firent l'ardeur de leur imagination les avoit fait dégénérer en fubtilités vaines & chimériques.

Il ne faut pas croire cependant, que l'Aristotélisme arabe s'établit fans coup férir dans nos Ecoles; il y causa les Guerres les plus fanglantes. Il y eut des flots d'encre répandus, plufieurs invectives débitées, & beaucoup d'accufations graves, intentées ou repouffées avec un grand acharnement. Ces premieres hoftilités paffoient peut-être déja les bornes de la modération & du bon fens: mais ce fut bien pis quand l'efprit d'intolérance & de perfécution s'en mêla; quand il y eût des vexations, des exils, des deftitutions, des emprisonnemens & tout le refte des manœuvres qui font gémir les honnêtes Citoyens;

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