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fond qu'un radotage digne de mépris?

Par quel art auroit-on pu

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engager

à

pu les mettre, même en doute fi tous les Docteurs les plus fameux de leur Corps, n'avoient pas confommé leur vie, depuis cinq cens ans, à déraisonner sur des termes, au lieu de puiser dans les vraies fources, la connoiffance des choses?

La lumiere ne pouvoit donc jamais fortir des anciennes têtes académiques, farcies de préjugés & façonnées à une routine dont il étoit impoffible de les détacher. Defcartes la fit briller aux yeux du Public studieux, qui n'étoit point fubjugué par les regles des Univerfités, mais qui laiffant les disputes sophistiques ensevelies dans la pouffiere des Ecoles, étudioit dans fon cabinet les vraies fources de l'érudition, de la critique & du goût. Le fuccès en fut prompt, & les progrès rapides, mais auffi s'en fallut-il peu que cette célébrité ne devînt fatale aux Sciences mêmes.

La fuite à l'Ordinaire prochain.

No. XIV.

DE L'ÉTAT ACTUEL DES SCIENCES

ET DES ARts.

(Suitè du N°. précedent.)

Omnes artes quæ ad humanitatem pertinent, habent commune quoddam vinculum, & quafi cognatione quâdam inter fe continentur.

CIC. pro Arch. Poët.

PEUT-ÊTRE fans l'ingénieuse requête

de Boileau pour l'Univerfité contre la raison, les scolastiques euffent-ils armé l'autorité contre la philosophie de Defcartes, il en fut quitte pour des perfécutions qui l'obligerent à mourir exilé près du pôle, & pour un déluge d'injures qui lui furent prodiguées dans tous les cayers des vieux Profeffeurs.

Il fallut attendre qu'une génération
Tome IV.

entiere fût écoulée, pour que la raison fe fit jour à travers les épais nuages de la Philosophie Scholastique.La Méthode Cartéfienne avoit tout féduit hors des Ecoles & des Cloîtres; il fut impoffible de ne pas fe rendre à l'évidence, qui tenoit affiégés de toutes parts les défenfeurs des vieilles fubtilités arabesques: on commença donc à tolérer l'alliage de la Philofophie ancienne & nouvelle, & ce fut un rare effort de courage, en quelques Suppots des Univerfités, de tenter ce mélange bifarre. L'effet en fût héureux quoiqu'affez lènt; les vraies connoiffances gagnerent de plus en plus fur le jargon ftérile, & dans l'état aquel s'il en reste encore beaucoup trop de veftiges dans les Claffes, il n'eft pas moins vrai de dire que ces racines trop difficiles à extirper, loin de s'étendre & de fructifier, paroiffent plutôt fe deffécher de mieux en mieux.

La Philofophie que Defcartes avoit

retirée de l'oppreffion, fit de grands progrès fous le dernier Regne. L'Adminif tration aimoit tout ce qui tend à la gloire; elle protégeoit les Sciences, par honneur, & par la paffion de briller auk yeux de l'Univers. Tous les efprits furent enflammés de zele, aiguillonés par l'espoir des récompenfes, & comme enivrés par l'éclat des distinctions & par l'attrait de la faveur.

Tous les efforts devoient alors se tourner, par une impulfion naturelle, vers les parties les plus brillantes de la Philofophie on porta rapidement les Sciences mathématiques à la plus fublime perfection; l'infini fut affujetti aux regles du calcul, les problêmes les plus profonds & les plus curieux furent réfolus. On dirigea la route des Aftres & des Cometes; on pesa les Planettes. On refondit la terre pour l'allonger; ou pour l'applatir par les Poles. On voulut tout comprendre, tout expli

quer; le flux & le reflux, la lumiere, les couleurs, les vertus magnétiques, les propriétés chymiques, la formation des foffiles, la végétation des plantes, la vie des animaux; tout fut foumis à T'observation, à l'expérience, au calcul & aux fyftêmes.

L'efprit & le cœur Humain furent auffi les objets des Méditations philofophiques; on rechercha la fource de nos idées, de nos connoiffances, de nos jugemens, de nos erreurs; on analyfa les fentimens, les paffions, les vertus & les vices; & bientôt par une entreprise plus délicate encore, les nouveaux Méthodistes oferent concilier les principes de la Philofophie cartéfienne avec les dogmes de la Religion.

Defcartes eut comme Ariftote, fes trois époques dans les Ecoles Théolo giques, profcrit d'abord, comme contraire à fa faine Doctrine; puis toléré, comme indifférent; enfin, adopté, com

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