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filence indifcret, pourquoi m'avez-vous diffimulé que cette beauté Chaldéene fut votre épouse? Il joignit à ce difcours une garde pour les accompagner à la fortie de l'Egypte : on voit par ce trait, que les loix de la fidélité conjugale étoient encore en honneur parmi les Peuples d'Ifis, qui leur en avoit donné de fi beaux modeles.

Abraham en quittant la Cour de Pharaon fut plus riche que jamais, il poffédoit fuivant la Genese, de l'or, de l'argent, des bijoux, des efclaves & des troupeaux de toute efpece. Il manquoit à fon bonheur un des plus doux plaifirs de la vie, celui de voir croître sous fes yeux un héritier légitime de fes biens & de fa puiffance; fon épouse étoit toujours ftérile. Une Esclave nommée Mafech, avoit pour époux Eliézer, Intendant d'Abraham, & pour fils Damafcus, Fondateur, dit-on, de Damas, que le le Patriarche chériffoit en pere plutôt

qu'en maître; il avoit déja défigné cet enfant pour fon fucceffeur, lorfque le Ciel lui renouvella folemnellement la

fa

promeffe de multiplier sa postérité, audelà du nombre des étoiles qui font au firmament.

Sara ne pouvoit encore fe perfuader qu'elle pût devenir mere, & cependant la prédilection d'Abraham pour le fils de Mafech, paroît avoir bleffé fa délicateffe: elle avoit à son service, une Efclave chérie, l'Egyptienne Agar, qu'elle réfolut de placer elle-même dans le lit de fon époux, dans le deffein d'adopter les enfans qui naitroient d'elle. » Vous » voyez Seigneur, que le Ciel a rejetté » tous les vœux que nous avons formés » pour ma fécondité, prenez pour com"pagne Agar ma fervante, afin que

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j'éleve les enfans dont elle vous rendra le pere». Abraham y confentit, tel étoit l'ufage de ces premiers fiécles on fait que les Spartiates en ufe

rent de même à l'égard de leurs époufes, choififfant eux-mêmes parmi les plus généreux, un pere naturel aux enfans qu'ils vouloient adopter pour héritiers.

L'Egyptienne honorée de la tendreffe de fon Maître, & flattée par l'efpoir de lui donner un fils, s'enorgueillit bientôt jufqu'à méprifer la foeur & l'épouse d'Abraham, fa bienfaitrice & sa fouveraine; rien n'eft plus commun dans tous les temps que cet oubli de foi-même. Sara fut obligée d'en porter fes plaintes, » Vous me traitez, dit-elle, avec trop de rigueur, mon Efclave ofe s'oublier » à mon égard depuis que je l'ai mife » moi-même dans la place qu'elle oc» cupe auprès de vous ». Abraham étoit trop jufte & trop raisonnable pour balancer fur le parti qu'il devoit embrasfer dans cette querelle domeftique; » Sara (dit-il à son épouse), Agar est »toujours votre Servante, ufez vous

même de vos droits pour châtier fon infolence.

Quelque modefte que fût d'ailleurs la femme du Patriarche, fa vengeance fut prompte & cruelle ; ce n'est pas d'aujourd'hui que les Femmes font accufées avec raison de fe traiter entr'elles avec la plus grande févérité. Agar excédée de mauvais traitemens, fe livra fans mefure à fon defespoir; elle s'échapa dans le defert, fans fonger aux dangers qu'elle y courroit, & que fa fituation rendoit encore plus grands; mais le Ciel qui veilloit d'une maniere spéciale fur la Famille d'Abraham, prit foin de la ramener à ses pavillons, pour être mere d'Ifmaël, dont les Arabes fe vantent encore d'être les descendants.

La fuite à l'Ordinaire prochain.

N. XVII.

HISTOIRE UNIVERSELLe des Femmes.

(Suite du N°. précédent.)

Multa pudicitiæ veteris vestigia.

Juv.

L'EPOU 'EPOUSE légitime du Patriarche étoit dans l'erreur, lorfqu'elle fe croyoit condamnée fans retour à la ftérilité. qui paffoit alors pour un opprobre: quatrevingt dix ans révolus devoient l'affurer dans cette opinion, & la nature fembloit la confirmer par les preuves les plus indubitables Cependant Abraham reçut dans fa tente la vifite des Anges, fous la forme de deux jeunes Voyageurs, Dans le régal qu'il avoit offert, on doit remarquer les gâteaux de pur froment, cuits fous la cendre, que Sara pêtrît ellemême, fuivant la fimplicité des mœurs

Tome IV.

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