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» blimes; tantôt il leur peint la vertu im» mortelle; & par des comparaifons tirées » des chofes humaines, il la rend plus » intéreffante & plus fenfible à leurs » cœurs. C'eft ainfi, qu'il les forme, & » qu'il les prépare à l'éternité. Nous nous » inftruisons nous-mêmes, en l'écoutant; >> nous devenons plus parfaits, en fuivant » fon exemple. Ah! Sélia, fi, comme » nous, tu le voyois tous les jours, fi » tu connoiffois fa douceur inaltérable, fa » vie pure & célefte, cette vie digne de » l'Eternel, ton coeur fe perdroit dans un » raviffement inexprimable! Tu ne ferois » pas moins fenfible au portrait que fes » difciples font de lui, lorfqu'infpirés par

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» la reconnoiffance ils s'entretiennent » ensemble de fes vertus; les immortels » même les écoutent avec attendriffement. » O mes amis, ils l'aiment auffi ardem»ment que nous nous aimons entre nous.

» Je l'ai dit fouvent, & je le répete » encore: oui, j'ai quelquefois fouhaité » d'être homme, d'être un enfant de la » race d'Adam! Je renoncerois volontiers » à l'immortalité, s'il étoit poffible d'être » mortel, fans être en-même-temps fujet » au péché. Il me femble qu'alors je le » révérerois plus fincérement, que je le » chérirois avec plus de tendreffe. Je le

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» regarderois comme mon frere, comme » un frere né de la même chair & du » même fang que moi. Avec quelle joie » je donnerois ma vie pour lui, lui qui » auroit commencé à donner la fienne » pour moi! Au milieu des flots de mon fang innocent, les yeux couverts des » ombres de la mort, je le louerois, je le » bénirois avec tranfport. Le foible bruit » de mes derniers foupirs, mes derniers » cris en expirant, frapperoient l'oreille » de la Divinité auffi agréablement que » les fublimes cantiques qu'Eloa fait re» tentir devant fon trône. Alors, » Sélia, ou l'un de ces hommes pieux, » vous fermeriez mes yeux d'un main que » je ne verrois plus, vous recueilliriez mon » ame fugitive, & vous la porteriez de» vant le trône de l'Eternel....

toi

» Que vous m'attendriffez, répondit » Sélia! Vous excitez auffi en moi le defir » de me voir au nombre des mortels. Ceux » que j'apperçois là-bas au-deffous de nous, » font donc les douze amis que le Ré

dempteur s'eft affociés? Ovous, hommes » précieux! vous dont les féraphins même » envient le fort au prix de l'immortalité, foyez à jamais bénies, créatures fortu» nées, que le Sauveur du monde chérit » comme des freres! Des fiéges d'or vous

» attendent dans les régions céleftes, & » vous y jugerez un jour l'univers avec » votre Maître. Nommez-les moi, anges » tutelaires; faites-moi connoître ces noms » facrés qui brillent dans le livre de la » vie, au-deffus de tous les noms. Qui » eft celui qui s'avance le premier? Son >> regard étincelant fe porte avec impa» tience autour de lui: on voit qu'il » cherche à découvrir quelqu'un, Jefus » peut-être, dans cette forêt obfcure. » L'élevation de l'ame & le feu du cou

rage refpirent dans toute fa perfonne. » Eclairez-moi fur l'intérieur de ce mor» tel intéreffant, qui paroît réunir tant » d'ardeur à tant de fenfibilité ».

» Celui dont tu parles, répondit le fé»raphin Orion, c'eft Simon Pierre, un » des plus diftingués des difciples. Le Sau» veur l'a confié à ma garde. Il eft tel » en effet, que fon extérieur l'annonce. » Ah! Sélia, fi, comme moi, tu pouvois » le fuivre jufques dans fes moindres ac» tions; fi tu le vovois lorfqu'il eft avec »le Meffie, lorfqu'il écoute, & qu'il » dévore ce qu'il dit; ou, lorfqu'au fond » de quelque folitude, éloigné de l'œil » de fon Maître, & n'ayant que moi pour » témoin, il médite fur l'être fupreme, » alors, féraphin, alors tu concevrois en

»core une plus haute idée de fon ame » célefte.

Jefus, il y a quelques jours, deman» doit à fes disciples pour qui ils le pre» noient? Pour qui? s'écria Pierre avec » ardeur, ah? nous te prenons pour le » Chrift, pour le Fils du Dieu vivant! · » L'excès de fon attendriffement lui permit » à peine de prononcer ces mots, des » larmes de joie inondoient fon visage; » nous ne pumes retenir les nôtres. Mais, » hélas ! j'ai entendu le Meffie dire à Pierre: »Tu me renieras trois fois... Triftes pa » roles que m'annoncez-vous? Ah! Si» mon, ah! mon frere, les as-tu enten» dues? Si tu les as entendues, quelle » impreffion ont-elles faite fur toi? A la vérité, tu répondis avec confiance: » Non, je ne renierai jamais mon Ré» dempteur & mon Dieu? Mais Jefus te » répéta une feconde fois la même chose. » Ce fouvenir me déchire le coeur. Ah! » tu mourras plutôt que de méconnoître » un ami fi précieux, ton tendre Ami, » ton immortel Ami! Dans ce moment » même, tu as dû fentir combien tu étois » cher à fon coeur. Il jetta fur toi le re» gard d'une affection divine. Non, Pierre, » non, jamais tu ne le trahiras lâchement ». Ce difcours pénétra Sélia d'une tendre

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douleur. « Non, dit-il, non, mon cher » Orion, ce difciple ne trahira jamais Iâ» chement fon immortel Ami. Jette les » yeux fur lui: vois comme brille en » toute fa perfonne le caractere de la droi»ture & de la fincérité? Mais quel eft » cet autre fur le front majestueux du» quel fe peignent & l'enthoufiafme de » la vertu & la haine inflexible du vice? » Il paroît un des amis de Simon; & » quand il feroit fon frere, il ne pour»roit marquer ni plus d'intimité ní plus » d'empreffement pour lui. >>

Sipha prenant la parole, lui dit: « Ce » difciple commis à ma garde, & qui, » dans ce moment, attire tes regards, » eft André, frere de Pierre. Ils ont été » nourris ensemble: Orion & moi nous » avons pris foin de former leurs ames » dès leur plus tendre enfance. Ils com» mençoient à peine à fourire aux careffes » de leur tendre mere, que nous les pré» parions déja à cet amour plus parfait, » qui devoit un jour les unir au Meffie. " André étoit encore à la fuite de Jean, » lorfque Jefus l'appella à lui fur les bords » du Jourdain. Les merveilles que Jean » annonçoit de l'arrivée du Meffie, rem»pliffoient encore le coeur d'André, lorl» que Jefus l'attira à lui par un regard plein

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