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» tous! Seche tes larmes, ô Pierre ! & toi, difciple chéri, modere ton affliction: » lorfque l'Epoux vit encore, l'Epouse » fufpend fa douleur. Confolez-vous; vous » me reverrez; oui, vous me reverrez » & vous éprouverez à ma vue les tranf»ports d'alegreffe d'un fils unique, qui » voit fa mere fe réveiller d'entre les » morts. >>

Ainfi parloit le Meffie à fes difciples; & quoiqu'en leur parlant, il éprouvât déja intérieurement toutes les fouffrances de la rédemption, une férénité divine brilloit fur fon vifage. Il quitta l'endroit où il les entretenoit; & tous, excepté Ifcariot, marcherent fur fes pas. Il avoit entendu de loin, caché fous l'épaiffeur de la forêt, tout ce qu'avoit dit Jefus. « Il fait >> donc déja, dit-il en lui-même, en le fui»vant des yeux ; il fait donc déja qu'un jour » finiftre le menace. Mais, s'il le fait, il doit » favoir auffi par quel moyen il pourra >> fe mettre en état de réfifter à fes perfécu»teurs, & vaincre tous les obftacles qu'on » tentera d'oppofer à fes vues.... Mais, » fait-il auffi, Judas, fait-il l'affreux com» plot que tu médites contre lui? fait-il » que tu veux le trahir?.... Mais hélas ! » fi l'apparition de l'ombre de mon pere » n'étoit qu'une illufion? fi ce fonge n'étoit

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» qu'une impofture, pour ajouter de nou» veaux tourments à ceux que me fait » endurer la haine du Meffie?... Inftant » funefte, auquel je me fuis endormi; » où l'ombre de mon pere s'eft montrée » à mes yeux ! Puiffe ce lieu détesté où »je me fuis couché, où le fommeil m'a » furpris, retentir à jamais des cris plain» tifs de quelques mourants, & des gé>> miffements que les morts y poufferont » du fond de leurs tombeaux ! Puiffe un » fils dénaturé y égorger fon pere! Puiffe » le plus cher de mes amis y verfer en » furieux fon fang de fa propre main !... » Où t'emportes-tu, malheureux Ifcariot !... » Quelle rage te fait former des voeux facriléges ?... Où t'égares-tu? Mais non, ce » n'eft pas toi qui t'égares; tu ne fais que » céder à un pouvoir plus fort que toi. » Un pere vient, dans un fonge, t'ordon» ner de trahir le Meffie; peux-tu être » coupable en obéiffant ?... Jour à jamais » détestable, jour affreux où le Meffie me » choifit, où, plein de tendreffe & de » bonté pour moi, il m'invita à m'unir » à lui! Jour épouvantable, reste à jamais » enveloppé dans les horreurs d'une nuit » éternelle! Que la pefte, que toutes les » maladies contagieufes, que tous les fléaux » qui détruifent les hommes, fortent de

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» ton fein maudit!... que jamais aucun » mortel ne te nomme!... que Dieu lui» même puiffe oublier de te compter parmi » les jours!... Quel tourment j'endure, » ô ciel!... Un tremblement univerfel a » brifé tous mes os!... Où fuis-je,... » où fuis-je ?.... Eveille-toi, lâche Ifca» riot.... fors de ton accablement.... >> Malheureux, eh! pourquoi te tourmen» tes-tu? Non, ton fonge ne peut t'avoir » trompé.... & quand ce fonge ne feroit » en effet qu'un preftige , connois-tu, » pour parvenir à l'accompliffement de tes » defirs, d'autres moyens que ceux qu'il » te prefcrit ? » L'infortuné Judas étoit en proie à ces violentes agitations; & depuis fon fonge funefte, deux heures terribles, & qui l'approchoient toujours plus près de l'éternité, s'étoient deja écoulées,

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Fin du Chant III.

CHANT QUATRIEME.

ARGUMENT.

Caïphe infpiré par Satan affemble le Sanhédrim, pour délibérer fur le fort de Jefus. Son difcours. La réponse de Philon qui opin. pour la mort du Meffie. Gamaliel parle en fa faveur. Nicodéme loue hautement le courage & la générofité de Gamaliel. Philon s'emporte avec fureur contre Jefus, Gamaliel & Nicodême. Son difcours eft infpiré par Satan, que s'étoit rendu invifiblement à l'affemblée avec Ituriel. Nicodéme répond à Philon, & fort de l'affemblée avec Jofeph. Judas arrive, parle en fecret à Caïphe qui approuve & récompenfe le traître. Le Meffie s'approche de Jérufalem, & envoie Pierre & Jean faire les préparatifs de la cêne. Pierre apperçoit, du haut de la terraffe, fur laquelle il étoit, la mere de Jefus, Lazare, Marie fa fœur, le fils de la veuve de Naïm, & Cydélie, fille de Jaïre, qui cherchoient Jefus. Ils voient Pierre, & vont à lui, Marie attend que fon fils arrive

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