페이지 이미지
PDF
ePub

CHANT CINQUIEME.

ARGUMENT,

Dieu defcend fur le Tabor, pour juger le Meffie. Eloa le fuit de loin. Dieu s'approche de la terre. Il eft rencontré par les ames de fix fages Orientaux. Une de ces ames parle à Dieu. Le premier pere d'un genre humain innocent & immortel, entretient fes enfants de Dieu, en le voyant passer. Dieu arrive fur le Tabor. Tous les péchés paroiffent devant lui. Eloa appelle folemnellement le Meffie au jugement. Ses fouffrances commencent. Il prie: il voit les tourments des damnés. Adramelec vient pour l'infulter. Le Meffie va trouver les difciples. La premiere heure eft paffée. Les cieux en font le fujet de leurs chants. Le Meffie fe préfente de nouveau au jugement. Abbadona arrive. Il reconnoît enfin le Meffie qu'il avoit cherché long-temps. Il lui adreffe la parole. Le Meffie fouffre & prie. Abbadona fuit. La feconde heure eft paffée, Les

cieux la chantent. Le Meffie va pour la troifieme fois au jugement. Dieu envoie Eloa vers le Meffie, qui prend pour quelques moments, un air plus ferein. Ses fouffrances augmentent. Tous les anges, excepté Eloa & Gabriel, fe détournent. La troifieme heure eft paffée. Les cieux la chantent. Dieu remonte vers fon trône,

[ocr errors]

"

CHANT CINQUIEME,

JEHOV ÉHOVA étoit affis au haut de fon trône, dans l'appareil impofant de toute fa Majesté. Eloa qui étoit à fes côtés, lui dit: » Que » ta face eft redoutable, ô Eternel! La » terreur du jugement éclate dans tes yeux! » Le bruit effrayant d'un million de ton»nerres gronde autour de toi, & fe fuc» cede fans interruption! La lumiere des » aftres s'éteint par-tout où tu portes tes regards! Je n'entends plus l'harmonie » des fpheres: les féraphins, les chérubins » confternés gardent un profond filence. » Aucun des choeurs céleftes n'ofe en» tonner un cantique à la louange du Fi's » de l'Eternel! Tous font profternés devant » ton trône, la face couverte de leurs » ailes! Que médites-tu, grand Dieu! » Vas-tu prononcer le jugement de quel» que monde? L'image de la deftruction » eft empreinte fur ton front terrible; »tes regards font ceux d'un juge!... Te

[ocr errors]

» préparerois-tu à détruire l'empire de » Satan, à frapper ce blafphémateur, à » l'anéantir, & le royaume des enfers avec » lui? Son nom détefté va-t-il être retran»ché du livre des êtres qu tu as créés? » va-t-il être effacé du nombre des efprits » vivants? Le verrai-je bientôt étendu à » tcs pieds, expirant fous les traits de ta » colere, & faifant retentir les enfers, » les cieux & tous les globes de l'univers, » des rugificments de fa rage & de fon » défcfpcir? Si c'eft-là le grand deffein » que tu médites, ô Juge fuprême ! prête» moi tes armes, laifie - moi combattre, » confic-moi ta foudre, remplis-moi de » ta force toute-puiffante, & j'irai écrafer »jufques dans le féjour de la mort la tête » fuperbe de ce monftre indompté. Que » tu es terrible, ô Eternel! Ton regard » deftructeur eft celui d'un juge courroucé, » inacceffible à la pitié, inacceffible à la » miféricorde! Depuis tant de fiécles qui »fe font écoulés fur ma tête, car mes » jours ne font pas comme ceux des mal» heureux mortels qui brillent un moment, » se diffipent bientôt en pouffiere; depuis » tant de fiécles que j'exifte, & que je » te contemple, ô Jehova! je ne t'ai pas » encore vu fous un afpect auffi redoutable! Le fombre jugement, l'affreufe

» perdition t'environnent de toutes parts » Cette face facrée qui autrefois ne » refpiroit qu'amour, ne refpire à pré» fent que vengeance!.... & j'ai olé te » parler, moi qui ne fuis qu'un souffle, » que tu peux diffiper comme le nuage >> dont tu me tiras en me créant? moi » qui ne fuis qu'un atome, un féraphin, » un être fini? Ne fais pas éclater ton cour» roux contre moi, ô mon Pere! Ne lance » pas fur ton efclave ces regards effrayants » que tu portes à présent fur la terre; ne » me détruis pas; n'efface pas mon nom » du livre des immortels qui occupent un fiége à côté du trône de ta gloire ! » Le Meffie, dit l'Eternel, s'eft mis entre » moi & la nature humaine; je defcends » pour le juger. Il eft fur la terre où il >> attend mon arrêt en Homme - Dieu. » Viens, fuis - moi, revêtu de toute ta » beauté célefte. »

Après avoir dit ces mots, Jéhova fe leva de fon trône; les montagnes du Saint des Saints furent ébranlécs; l'autel du Médiateur trembla; les nuages de l'obícurité facrée s'agiterent: trois fois ils reculerent d'effroi, & laifferent à découvert la face du haut tribunal; fes marches redoutables retentirent fous les pas de l'Eternel qui d.fcendoit. Il prit le chemin bordé de foleils

« 이전계속 »