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qui conduit vers la terre. Il rencontra un féraphin qui venoit de la quitter: il conduifoit les ames de fix juftes, qui, après avoir brifé les liens qui les attachoient à leurs corps mortels, prenoient leur vol vers leur patrie célefte. Les ames de fix juftes! hélas ! l'enfer en reçut bien davantage! Le féraphin les avoit revêtues de nouveaux corps, & avoit verfé des rayons immortels & dépouillés de tout ce qu'ils avoient de terreftre, planoient dans les airs, à fes côtés. Ces ames étoient celles de fix fages de l'Orient, qui, conduits par une étoile qui les dirigeoit dans leur marche; avoient apporté en-même-temps que les anges, leurs hommages & leurs adorations aux pieds de l'Enfant célefte.

Le premier s'appelloit Hadad: il s'étoit endormi paifiblement du fommeil de la mort, fur le fein de fa bien-aimée, de fa vertueufe épouse, la plus belle de toutes les femmes qui habitoient la forêt de Béthurim. Elle ne verfa point de larmes fur la perte de fon époux elle le lui avoit promis dans les tranfports d'un amour faint. Certaine de fon immortalité & de celle d'Hadad, elle fe feroit fait un crime de le pleurer: ils s'aimoient cependant plus que jamais mortels ne s'aimerent.

Sélima, pendant le cours d'une vie longue

& orageufe, avoit été en butte à toutes les adverfités humaines; il les avoit foutenues avec courage & fermeté: il mourut, & fon bonheur commença avec la fin de fa vie.

Simri avoit paffé fa vie dans la fageffe, & en avoit confacré tous les inftants à donner des leçons de vertus à fes concitoyens qui perfifterent dans le vice. Il eut, à fa mort, la confolation d'en toucher

& de le ramener à la vérité: il couronna une vie fainte par une fin femblable. Mirza mourut entre les bras de cinq enfants qu'il avoit formés à la vertu : il ne leur laiffa point d'autre héritage.

Béled né fur le trône, avoit fu pardonner l'injure: il ne s'étoit vengé de fon plus mortel ennemi, qu'en le comblant de bienfaits. Après l'avoir affocié à fon bonheur, & avoir partagé fon empire avec lui il eut la piété de lui fermer les de pleurer fa mort.

yeux &

Sunith avoit chanté dans la forêt de Pharphar l'Enfant de Bethléem; fes trois filles l'avoient chanté avec lui. O Sunith! les cedres & les ruiffeaux de Jédidoth ont pleuré ta mort! Tes chaftes filles, couvertes. de voiles lugubres, ont pleuré fur ta tombe!!

Telles étoient les ames que conduifoit le féraphin, Créées pour des biens fupérieurs

à ceux de la terre, elles avoient brifé leur prifon avec joie, pour voler vers leur véritable patrie. Elles fe hâtoicnt d'y arriver, lorfque leur guide vit paffer la Majesté de Dieu, & s'écria: Voila votre Maître, » adorez!... » Sélima parla pour exprimer fon raviffement, & fut étonné du fon harmonieux de fa nouvelle voix.

» O toi, que je vois enfin ! Source » facrée de tous les êtres, quel nom digne » de toi pourrai-je te donner? T'appel» lerai-je Dieu, Jéhova, Juge de l'univers, » Créateur? ou n'aimes-tu pas mieux t'en» tendre nommer du tendre nom de Pere; » de Pere du Fils éternel qui naquit à » Bethléem, que nous y vimes, & que » les féraphins y vinrent adorer avec nous? » Nous te faluons, Pere éternel du Fils » éternel comme toi! Quand j'étois fur » la terre, je t'entendois donner parmi les » hommes le nom de Bienfaifant, pour» quoi donc me parois-tu fi terrible? » Pourquoi tes regards annoncent-ils la » terreur & la mort? Vas-tu détruire le » féjour des pécheurs ? vas-tu anéantir » ceux qui refufent encore de reconnoître » ton divin Fils? Ah! tu ne les perdras

les

pas! non, tu ne les perdras pas, puif» que tu as envoyé ton Meffie pour » fauver! »

Cependant l'intrépide Eloa conduifoit à côté du chemin des foleils, le char enflammé fur lequel autrefois il enleva Elie fur les montagnes de Dothan, à la vue d'Elifée. Une tempête, en mugiffant, vint fondre contre lui; les effieux de fon chart d'or en furent ébranlés; fes vêtements & fa longue chevelure fembloient fuir & fe détacher de lui comme des nuages chaffés par l'Aquilon le féraphin refte immobile; il préfente fa main au-devant de l'orage le detourne, & fuit les traces de l'Eternel, qui s'avançoit rapidement à travers cette immenfité d'étoiles qui forme ce que nous appellons la voie lactée, & que les immortels appellent le lieu du repos du Seigneur, parce qu'il s'y repofa après avoir achevé tous les ouvrages de la création. En traverfant les airs, Dieu paffa à côté d'un globe habité par des hommes d'une figure femblable à la nôtre, mais bien différents de nous, puifqu'ils étoient innocents, & qu'ils étoient immortels. Le pere de tous les habitants de cette terre heureufe étoit encore dans toute la force & la beauté d'une jeuneffe mâle & brillante, quoiqu'il eût déja vu s'écouler für fa tête un grand nombre de fiécies. Sa vue n'étoit point affoiblie par les larmes & les années. Auffi fain, auffi frais que fes arriere-neveux, il jouifloit

du plaifir de les voir, il jouiffoit du plaifir de les entendre, de s'entendre appeller du doux nom de pere par toute fa postérité. A fa droite étoit fon époufe, la mere de tant d'humains. Elle brilloit encore de tous les charmes dont l'orna la main du Créateur, lorfqu'il conduifit l'immortelle aux chaftes embraffements de fon époux. A fa gauche étoit l'aîné de fes fils, l'image de fon pere, & comme lui, plein d'une inno

cence célefte. Le refte de fes defcendants difperfés autour de lui fur des collines riantes s'inftruifoit à la vertu, par fes leçons & fon exemple. Les peres & les meres de ces contrées chéries lui portoient leurs enfants encore à la mamelle, pour qu'il les bénît. Il fe livroit au raviffement de ce fpectacle touchant, lorfqu'en levant les yeux, il apperçut l'Eternel, & s'écria:

>> Profternez-vous, mes chers enfants, » adorez; voila votre Dieu, voila votre » Maître ; voila celui qui nous a créés » tous, qui a couronné les montagnes de » nuages, & couvert de fleurs toutes ces » vallées. Mais il n'a pas donné aux vallées, » il n'a pas donné aux montagnes une » ame immortelle comme à vous. Il ne » leur a pas donné non plus cette forme » brillante dont il vous à revêtus, ni ce » visage enchanteur fur lequel fe peignent

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