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Il part, & vole en diligence vers l'affemblée des anges gardiens, de ces génies tutélaires, qui, dépofitaires des fecrets de la Providence, gouvernent la terre avec elle. Avant de prendre fon effor vers le foleil, il étoit chargé de leur annoncer la réconciliation prochaine, cet objet des defirs de tous les efprits bienheureux, & le fecond fabbat, le fabbat de la grande victime.

Toi qui, après Gabriel, veilles fur la fphere de la rédemption, protecteur divin de cette mere inépuifable de tant d'enfants immortels que, dans la révolution des ficcles, elle fait paffer rapidement de fon fein aux régions du ciel, tandis qu'elle brife ici-bas la cabane de leur efprit éternel, & qu'elle en enfevelit les ruines fous ces collines que le voyageur fuit, & fur lefquelles il ne fe repofe jamais; toi, choifi pour gouverner cette terre autrefois fi magnifique, pardonne, Eloa, pardonne à ton ami futur, fi, inftruit par la Mufe de Sion, il découvre aux hommes ta demeure cachée depuis la création d'Eden; fi, rempli de cette volupté qu'on ne puife que dans la folitude, il s'eft perdu dans les profondes méditations & dans les fpheres lumineufes d'un paisible enthoufiafme; s'il a ofé mêler fes pensées aux penfées des immortels; fi fon ame, en s'élevant jufqu'à eux, a retenu leurs difcours.

Daigne encore l'écouter, lorfqu'à l'imitation de la jeuneffe du ciel, il entreprend de chanter fur un ton hardi & fublime, non les reîtes corrompus des races qui ont précédé le Sauveur, mais les heurcufes générations confacrées par la mort du rédempteur, & qu'il les introduit dans l'affemblée des faints & dans le confeil des anges.

Dans la contrée déferte & paifible du pole feptentrional, où l'oeil de l'homme n'a jamais pénétré, regne éternellement la nuit folitaire.

L'obfcurité & les nuages fans ceffe découlent de fon fein, comme une mer immenfe qui s'étend au loin. C'est ainfi qu'autrefois le Nil refferré dans fes quatorze rives, & vous, ton beaux immortels des rois, pyramides d'Egypte, vous futes couverts des ténébres accourues à la voix de Moïfe. Jamais la vue d'aucun mortel ne s'eft égarée sur ces campagnes inhabitées qui repofent de tout temps dans le filence de la nuit. Aucune voix humaine ne s'y eft fait entendre; aucun mort n'y eft enfeveli; aucun mort n'y reffufcitera. Ces lieux confacrés aux profondes fpéculations, font quelquefois embellis par la préfence des féraphins, lorfque femblables à des aftres étincelants, ils marchent fur ces montagnes, & qu'abforbés dans un

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filence prophétique, ils viennent y méditer fur la béatitude future du genre humain. Au milieu de ces vaftes régions s'éleve une porte célefte, par laquelle les anges de la terre entrent dans leurs fanctuaires.

cons,

Comme, après des temps triftes & nébuleux, le foleil, dans un beau jour d'hiver, montant fur l'horizon, darde fes rayons fur les montagnes couvertes de neige diffipe les brouillards, chaffe l'obfcurité qui cachoit les campagnes chargées de gla& découvre les forêts dont les arbres dépouillés laiffent un libre paffage à la vue; ainfi s'avançoit Gabriel fur les montagnes du nord. Déjà l'immortel touche de fon pied à la porte facrée qui s'ouvre devant lui, comme les ailes bruyantes d'un chérubin, & fe ferme à l'inftant derriere lui. Il a déjà pénétré dans l'intérieur de la terre. Ià, des Océans roulent lentement leurs flots fur des bords vuides d'habitants; & les fleuves, enfants impétueux des Océans rentrent dans leur fein en retentiffant, comme les orages qui accourent du fond des déferts. I marche; il parvient à fon fanctuaire. Le nuage qui en cache l'entrée fe divife à fa préfence, & fe diffout en lueur célefte. L'immortel laiffe fur fes traces des fillons de lumiere dont la flamme incer

taine éclaire ces bords ténébreux. Il arrive à l'affemblée des anges.

Dans un vuide immenfe, rempli d'un éther pur, qui fe forme en voûte dans l'intérieur de la terre, à l'endroit où elle tourne fur fon centre, s'éleve un foleil qui nage dans un fluide lumineux. Les feux, qui émanent de ce foleil, font circuler la chaleur & la vie dans toutes les veines de la terre : c'eft cette chaleur combinée avec celle du

foleil fupérieur, qui fait éclore les fleurs du printemps, qui jaunit les moiffons de l'été, & mûrit les fruits de l'automne. Cet aftre bienfaisant jamais ne fe leve ni ne fe couche. Un matin éternel fourit autour de lui, dans des nuages qui diftillent la rofée. Quelquefois l'être fuprême, qui remplit tout l'univers, imprime miraculeufement fur les nuages de ces cieux fouterrains, des caracteres dans lefquels les anges lifent fes intentions. C'est ainfi qu'après les pluies qui fertilisent la terre, l'arc-en-ciel fe peint fur les nues que le fouffle de Dieu a calmées, & rappelle à l'homme le fouvenir de l'alliance & les bienfaits de fon Maître.

Gabriel fe rend fur ce foleil. Auffitôt s'affemblent autour de lui les anges protecteurs des empires, les anges de la guerre & de la mort, qui, dans les routes tortueufes de la

deftinée, fuivent le fil conducteur qui les ramene jufqu'à la main de l'Eternel. Ce font eux qui préparent & dirigent en fecret tous ces grands événements dont les rois s'enorgueilliffent comme de leur propre ouvrage. Vinrent enfuite fe ranger auprès du féraphin les gardiens des hommes vertueux, ce petit nombre d'ames nobles, & ceux qui veillent fur le fage, lorfque, méditant dans le calme de la retraite, & foulant aux pieds les erreurs & les délices de la terre, il ouvre le grand livre de l'avenir éternel. Souvent ils préfident auffi invisiblement à ces affemblées pieufes où le Chrétien, plein de ferveur, fent la préfence de fon Dieu; où un peuple de freres unis, & fanctifiés par le fang de l'alliance, fe répandent en cantiques de jubilation devant le Réconciliateur.

Ce font eux qui reçoivent les ames des Chrétiens, lorfque, venant de quitter leur dépouille mortelle, elles contemplent avec un fentiment d'effroi ces corps pâles & livides qu'elles ont laiffés fur la terre, ces triftes reftes de la nature vaincue par la douleur. « Un jour, leur difent ces génies » confolateurs, un jour, mes cheres amies, » nous raffemblerons tous ces triftes débris. » Cette même demeure de la mortalité » ces mêmes os que la main du trépas a fi

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