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vol vers la maifon d'une femme Juive, » étoit entré chez elle avec toutes les marques » du plus profond refpect; qu'il l'avoit » faluée, comme on falue les immortels » & lui avoit annoncé qu'il naîtroit d'elle » un roi qui rendroit illuftre à jamais l'héri> tage de David; qu'elle donneroit à ce >> Fils du Tout-puiffant le nom de Jefus ; » & que l'empire qu'il établiroit, dureroit » éternellement. Voila ce que vous avez » entendu. De pareilles abfurdités étoient>> elles faites pour en impofer aux divinités » des enfers? J'ai été témoin de chofes » plus extraordinaires, & je n'en ai pas » été ébranlé. J'aurai le courage de vous » en faire un récit fidele, & je ne vous » déguiserai pas la moindre circonstance : » vous verrez au moins par-là, que ma » fermeté, loin de s'abbattre, s'accroît par » le danger même, fi cependant on peut » donner ce nom aux intrigues d'un fourbe qui prétend paffer pour un Dieu ?

Satan, dans ce moment, apperçut fur lui les cicatrices du tonnerre ཛཱ་ & fe troubla. Mais rappellant bientôt tout fon orgueil, & ranimant fon audace, il continue en ces termes:

« J'attendois la naiffance merveilleufe de cet enfant divin. O Marie! me difois-je » à moi-même, le Fils de l'Eternel va

» donc fortir de ton fein? Sans doute » qu'auffi prompt que la vue de l'homme, » auffi rapide que la penfée, cet Enfant » va croître dans un inftant, & portera fa » tête jufqu'aux cieux. Il me femble le voir »couvrir d'un de fes pieds la furface de la » terre, & de l'autre l'immenfité des mers. » Il pefera le foleil & la lune dans fa droite » terrible, & dans fa gauche les étoiles » du matin. Je crois l'entendre venir; la » mort le devance. Environné des orages » qu'il a raffemblés de toutes les parties de » l'univers, rien ne peut arrêter fa marche: » il vole à la victoire. Fuis, Satan, Satan, fuis. » Tremble que fa main puiffante ne te pré»cipite à travers tous les mondes, & ne » t'enfeveliffe à jamais dans les abymes les

plus reculés de l'efpace infini. Telles » étoient, Efprits immortels, les idées que » je m'en faifois. Mais il lui plut d'être » homme d'être un enfant infortuné » comme tous les autres enfants de la » terre, qui, au moment de leur naiffance ? gémiffent déja fur leur mort.

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» Il eft vrai que la fienne fut célébrée par les chantres des cieux. Quelquefois » ces vils efclaves descendent fur la terre » où nous régnons, pour y chercher ces » lieux de délices, qui l'embelliffoient au»trefois. Mais ils n'y trouvent plus que

des tombeaux & des morts entaffés, & >> regagnent auffitôt les plaines du ciel, » où ils vont fe confoler en chantant les »louanges de leur Maître. Voila vraifem» blablement le motif de leur apparition fur la terre qu'ils abandonnerent prompte»ment, fans penfer à cet enfant malheu » reux, ou, fi vous l'aimez mieux, à ce Fils du Maître du tonnerre qu'ils » oublierent dans la pouffiere.

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» Quelque temps après, il prit la fuite » devant moi, & je le laiffai fuir. Il me » parut indigne de moi de pourfuivre un » ennemi fi timide. Cependant, pour ne » pas refter oifif fur la terre, j'infpirai à » Hérode, mon favori, ce roi choifi felon » mon cœur, l'affreux deffein de faire » égorger dans Bethléem tous les enfants à la mamelle. Les ruiffeaux de fang, qui couloient de tous côtés, les cris de ces tendres victimes, les hurlements, le défefpoir de leurs meres, & l'odeur de tous ces cadavres, qui s'élevoit en tour» billons vers moi, furent une offrande » bien agréable pour le pere des calamités.... » Mais n'eft-ce pas l'ombre d'Hérode, que j'apperçois là-bas ? Réponds, ame fan» guinaire, n'eft-ce pas moi qui te fug» gérai le projet de détruire les enfants des » Bethléémites? Crois-tu que le tyran du

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> ciel auroit pu étouffer dans toi, & puiffe jamais étouffer dans les ames des autres » mortels le poifon de mes infpirations » fecretes? Non: il ne pourra jamais les garantir de mes piéges, & m'empêcher » de les perdre. Apprends, Hérode, que » tes gémiffements actuels, ton défespoir ➜ & tes remords inutiles font aujourd'hui » auffi fatisfaifants pour mon coeur, que » la poffeffion des ames de tous les infor» tunés que tu as fait périr dans le péché, » & en maudiffant leur Créateur,

l'Enfant

» Après la mort d'Hérode » prétendu divin revint d'Egypte. Ignoré » du monde entier, il perdit lâchement » fes premieres années dans les tendres »embraffements de fa mere. Il ne fit entre»voir dans fa jeuneffe aucune étincelle de » ce beau feu, de cette noble ardeur, qui » annoncent les ames nées pour les grandes » chofes. Mais c'eft peut-être au fond de » la folitude, & fur les rivages ftériles » qu'il fréquentoit fi fouvent, qu'il aura » préparé ces terribles projets qui menacent » l'enfer de fa ruine, & qui exigent de

notre part une nouvelle vigilance, un >> courage nouveau. Nous pourrions peut» être le craindre eu effet, fi, au lieu de » s'amufer à la contemplation des fleurs de la campagne; fi, au lieu de perdre un

» temps

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temps précieux avec les enfants dont il » étoit toujours environné; & fi, au lieu » de chanter en efclave les louanges de » celui qui ne l'avoit formé que de boue » comme les plus vils reptiles, il avoit >> nourri fon efprit de pensées hautes & » fublimes. Sa conduite me donnoit fi peu » d'occupation, que j'aurois péri fur la » terre dans l'ennui & le défœuvrement » fi je ne m'étois amufé à vous envoyer » dans les enfers, en dépit du ciel que je » bravois, toutes ces ames qui femblent » n'avoir été créées que pour moi.

« Cependant il parut tout-à-coup qu'il » alloit devenir plus remarquable. Un jour

qu'il fe promenoit fur les bords du Jour» dain, la gloire de Dieu defcendit du » ciel & l'environna. Je l'ai vue de mes >> yeux immortels. Ce n'étoit point une » illufion; c'étoit la gloire de Dieu même, » telle qu'elle brille, lorfque, defcendue » du trône éternel, elle marche pompeufe»ment au milieu des rangs des féraphins » profternés; mais j'ignore l'objet de cette » apparition. Etoit-ce pour honorer Jefus, » l'Enfant de la terre? étoit-ce pour nous » alarmer? Voila ce que je ne puis vous » dire. Mais ce que je ne veux pas vous » diffimuler, c'eft que, dans le même inf tant, je diftinguai une voix qui, ar

y

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