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» tu as réfolu, ô mon Pere! Pere des an» ges & des hommes ! que ta divine volonté » foit faite, & la tienne auffi, ô Fils du » Pere!... De toutes les difficultés qui fe » préfentent à moi, la plus impénétrable » eft de comprendre que tu puiffes fouffrir,

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Ô Fils de Dieu!... Elevé, au-deffus de » la colline, & fufpendu par des clous à » une croix, une vie mortelle femble s'é-. » couler de ton corps; & tu fembles toi» même fentir douloureufement qu'elle est » prête à s'enfuir ! Et vous, efprits céleftes, >.vous, nos guides, & qui autrefois éclair»ciffiez nos doutes, vous gardez le filence?... » Mais quel fentiment fecret me dit inté »rieurement que cette vie qui s'échappe » & s'envole, eft un myftere qui me con» cerne de plus près que tous les féraphins! » Je fens qu'il me devient encore plus cher... » Ah! s'il avoit pour moi le même amour » dont je brûle pour lui alors peut» être il effaceroit la tache de mon origine, lorfque je pris part à la révolte & à l'or» gueil des premiers enfants de la terre.! » Il intercéderoit pour moi auprès de l'Eter»nel; il me pardonneroit & m'affocieroit » à fa béatitude! Acheve ton ouvrage dans ta

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créature, ô mon Dieu! & fortifie en elle le » faint attrait, le defir ardent qu'elle a de s'u», nir à toi pour jamais! Tu es le centre de la

» félicité ! ce n'eft que dans ton fein qu'on peut goûter la paix & la joie

» éternelle..».

Dieu lui-même rempliffoit cette ame de ces fentiments pieux: il l'avoit préparée de loin pour être l'exemple de la terre & pour la couronner dans les cieux.

Les anges destinés à fervir de gardiens à ces ames, attendoient avec une douce impatience, au pied de la croix

, que le Sauveur leur commandât de les conduire vers les corps mortels qui les at tendoient. L'ordre fuprême partit d'un regard béniffant du Sauveur, qui difoit : «Allez, vivez, croyez & triomphez; jé » vous aimois déja avant la naiffance du » monde. » Et les anges les conduifirent.

Raconte-moi, Mule de Sion, comment ces ames employerent le temps de leur pélerinage fur la terre, & par quelles vertus héroïques elles fe confacrerent à l'auguste Rédempteur, chacune felon les dons qu'elle avoit reçus.

L'impreffion qu'elles avoient éprouvée à la vue de Jefus en croix gravée en elles, fe développa, & s'étendit avec les idées de la vie mortelle, & avec les idées plus fublimes de la grace que le Sauveur avoit verfées fur elles.

Une des plus nobles & des plus pieufes de ces ames, fut celle du jeune Timothée..

Il étoit encore dans la fleur de l'adolefcence, lorfqu'il commença à fe diftinguer par le zele ardent avec lequel il gouverna une des églifes Chrétiennes. Il reçut avec docilité la doctrine de Jefus-Chrift mort & reffufi cité. Il fut inftruit par Paul, ce favori du Médiateur, qui, inftruit lui-même par la lumiere redoutable que lui envoya le Sei-gneur, renverfa avec un zele infatigable tous les obftacles qui s'oppofoient à la propagation de la foi. Timothée reçut avec refpect la fcience de la vie éternelle, & la répandit par la prédication. Il l'étendit encore plus par fa mort, lorfqu'il tomba fous le glaive des bourreaux. Ferme & constant jufqu'au bout de fa carriere, il fut une des lumieres de l'églife, & un témoin auffi puiffant que Paul & Céphas.

Jefus nommera un jour, en préfence de tous les morts reffufcités, ceux qui ont dépofé en faveur de fon nom, & les couronnera par-là d'une gloire fupérieure à toutes les gloires..

Tu reçus de bonne heure cette récompenfe célefte, vertueux Antipas! toi, dont le Juge du monde dagna nommer le nom immortel, lorfque dans l'ifle de Patmos il prononça fur le fort des églifes! Tu as aimé ton Dieu couvert de bleffures, avec une fidélité inébranlable; tu l'as amé d'un

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amour pur & ardent, jufqu'à mourir pour

lui.

Hermas, livré aux larmes & à la joie, chanta le Meffie dans des Pfeaumes. Il chanta le Fils de Dieu, mort, reffufcité élevé aux cieux. Il chanta le Miférateur des foibles & malheureux mortels. Lorsque les Chrétiens difperfés dans les cavernes, . en fortoient à la voix de l'Eternel, pour courir à la mort, en volant à l'affemblée des efprits bienheureux, ils chantoient les hymnes d'Hermas.

La courageuse Phoebé, fupérieure à fon fexe, en oublia les foibleffes, & le voua toute entiere au fervice d'une églife. Connue des anges feuls, & fous les yeux d'un petit nombre de faints, brûlant du defir de faire le bien & de gagner des ames à Dieu, elle confacra toute fa vie à adou-cir la mifere du pauvre, à fecourir le ma-lade, à confoler le mourant.

Après avoir été long-temps égaré par les preftiges d'une fauffe fageffe, Herodion recourut à la fin au plus divin des Maîtres: il fentit que celui qui annonçoit des vérités auffi fublimes que les prodiges qu'il faifoit étoient grands, étoit le feul qui pût véritablement faire connoître aux hommes la volonté de l'Eternel, & que connoître cette volonté & favoir s'y foumettre, étoit

le chemin qui conduifoit à fon divin Auteur. Par combien de routes tortueufes &: difficiles l'auftere fpéculation ne le fit-elle · pas paffer, avant qu'il parvînt à la lumiere que Dieu lui envoyoit? Dans combien. d'incertitudes & de doutes flotta fon ame? Combien de combats n'eut-il pas à fou-tenir , avant de connoître le néant des chofes humaines,, & le prix des chofes céleftes?

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Epaphras, jugé digne, avec Paul, d'être dans les prifons du tyran, fervit les églifes l'activité. de fon zele. & la ferveur de fes prieres.Il pria fur-tout pour les Coloffiens qu'il aimoit. Tant qu'il vécut parmi eux, il ne ceffa de veiller &.de combattre. Dieu le récompenfa par les fruits de fanétification que fes foins produifirent à Coloffe. L'ar-deur de fon zele & de fes prieres retint auffi, pendant quelque temps, à Laodicée quelques ames pieufes dans le chemin de la vertu; mais enfin Laodicée fe relâcha entiérement, & tomba dans la tiédeur. Elle étoit dans cet état, lorfque le prophete de Jefus prononça fur elle à Patmos fon arrêtde réprobation; mais ce jugement même refpiroit l'indulgence, & étoit une invitation au repentir..

Perfis fut une de ces ames tendres que Dien éprouve par les tribulations, & fanc

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