DE

M. LE CHANCELIER

D'AGUESSEAU.

TOME SIXIEME,

CONTENANT

LES PLAIDOYERS

VII. VIII. IX. X. XI. XII. XIII. XIV.

Prononcés au Parlement en qualité
d'Avocat Général.

T VERDON

MDCCLXIV.

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VII.

PLAYDOIER

Du 19. Juillet 1691.

Dans la caufe de PIERRE L'ES-
CUYER, ANNE POUSSE, fa
premiere femme, & la fille dudit
L'ESCUYER, & de la dite A N-
NE POUSSE; la Demoifelle de
la SANSERIE, feconde femme;
ANNE DE CORMEIL, troifié
me femme dudit l'ESCUYER, & la
veuve de l'EscUYER, fa mere.
Il s'agiffoit de fçavoir, 1. Si le premier
mariage de l'Efcuyer ayant été contracte
pendant fa minorité avec une domeftique,
Jans le confentement de fes pere & mere,
& Sous un faux nom, étoit nul?
2. Si l'Efcuyer ayant depuis fa majorité re-
connu Anne Pouffe pour la femme légi
time pur plufieurs actes publics, & for
pire n'ayant pas attaqué ce mariage, fa

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mere & lui étoient recevables à l'attaquer après vingt-huit ans de poffeffion. 3. S'il étoit du des dommages

intérêts à la troifiéme femme qui avoit ignoré les précédents mariages.

4. S'il y avoit lieu de faire le procés à PEScuyer, comme coupable de Polygamie.

'Il n'y a point de cause dans

le miniftere de la Justice, dont la décifion foit plus importante & plus difficile que celles dans lef quelles il s'agit d'assurer l'état d'une feule perfonne; peut-on entreprendre fans crainte, de décider par un même arrêt, celui de tant de parties qui attendent toutes de votre jugement la certitude de leur destinée, & la fin de leurs difgraces?

La condition de différentes femmes qui demandent la confirmation de leur mariage paroît également malheureuse, leur caufe également favorable. Elles fe plaignent toutes de l'inconftance & de la légèreté d'un mari qui a violé