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les regles de la Perspective: L'efprit dans cette 1494. compofition, comme dans les autres, eft au-deffus de l'âge de l'Auteur. Dans le même temps il grava plufieurs planches, représentant un Payfan & une Payfanne auprès de trois vaches, ce morceau est fort recherché; Adam & Eve chaffés du Paradis Terreftre; une Femme qui careffe un petit chien, & une grande quantité d'autres Eftampes de la même beauté.

;

Il avoit un foin particulier de fes épreuves; une feule tache étoit capable de les lui faire rebuter. Ses Eftampes ont été vendues fort cher, de fon temps même. Il n'a jamais forti de Flandres Valsary s'eft trompé, lorfqu'il a cru qu'il avoit été en Italie. On prétend qu'outre l'amitié qui unifsoit Lucas & Albert Durer, il régnoit entr'eux une noble émulation, fans jaloufie: Ils ont fouvent traité les mêmes fujets & fe font admirés l'un l'autre. Albert fut voir fon ami à Leyden, où ils fe peignirent fur un même panneau. Pouvoientils fe donner des preuves plus marquées de leur amitié & de leur estime? Voilà les feuls prefents que peuvent fe faire ordinairement les Peintres.

Les Tableaux de Lucas font bien peints & d'une touche légere, quoique finie. Un de ceux où il s'eft furpaffé, a deux volets: Il représente la guérifon de l'Aveugle de Jéricho. Goltzius l'acheta à Leyden un très-grand prix en 1602, & l'a toujours regardé comme un des plus précieux de fon Cabinet. La couleur eft d'une grande fraîcheur & l'ordonnance riche & variée Le Payfage d'une touche légere, foutient agréablement le sujet principal du Tableau. Il eft daté de 1531, & on croit que c'est le dernier qu'il ait peint à l'huile

n'ayant

n'ayant depuis vécu que deux ans. Les Magiftrats de Leyden confervent dans leur Maison de Ville 1494. le Jugement dernier : Ce Tableau est d'un détail immenfe, la compofition en eft belle. On voit à quel point il avoit étudié la nature dans le nud de fes figures: Les femmes fur tout font délicatement peintes, les carnations vraies; mais felon l'usage du temps, elles tranchent trop avec leurs fonds, fur tout du côté de la lumiere. Sur le dehors d'es volets, font deux figures affifes, Saint Pierre & Saint Paul, mieux coloriés & les draperies de meilleur goût que celles du dedans du Tableau. Plufieurs Princes en ont en vain offert un grand prix, les Magistrats ont toujours marqué la nobleffe de leurs fentiments, en préférant les Chefs-d'œuvres du génie à un vil intérêt.

Nous avons encore de ce Peintre une Vierge avec l'Enfant Jefus, tenant une grappe de raisin. L'harmonie de la couleur en eft remarquable: Ce Tableau, avec fes deux volets, avoit été fait pour M. François Hoogftraeten, Gentilhomme d'auprès de la Ville de Leyden. Il a depuis paffé dans le Cabinet de l'Empereur : La date eft du 22, avec fa marque ordinaire.

On connoit encore de lui un autre Tableau à Amsterdam, représentant le Veau d'or, une petite Vierge d'une grande beauté, faite pour le fieur Barth-Ferreris, Peintre & amateur, un nombre confidérable de Portraits bien finis & d'une grande reffemblance. Il a laiffé plufieurs grands sujets d'hiftoire peints en détrempe, à Leyden, chez M. Knotter: Une Rebecca, où Jacob près de la fontaine, lui demande à boire : Toutes ces figures font belles & le paysage fort agréable. On

a do

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a de lui en la Sacriftie des Jefuites de la rue Saint 1494. Antoine à Paris, une Defcente de Croix, Tableau d'une grande compofition: Et un autre au Valde-Grace, fur le même fujet ; mais plus grand que le précédent & auffi eftimé. A Delft plufieurs fujets de l'histoire de Jofeph. Le nombre de fes Ouvrages en tout genre de Peinture & de Gravure eft extraordinaire. On ne fçait en quoi il a le mieux réuffi en Peinture fur verre, à l'huile ou en détrempe; en Gravure au burin ou à l'eau-forte. On prétend qu'il apprit à graver chez un Armurier, qui faifoit mordre à l'eau-forte des ornements fur des cuiraffes, qu'il se perfectionna depuis chez un Orfévre.

Après avoir tant donné au Public, il conçut le deffein d'aller vifiter les Peintres Flamands & Hollandois, chez qui fa réputation faifoit grand bruit. A l'âge de 33 ans il fit équiper un Navire à fes dépens, & fut à Middelbourg, voir Jean de Ma bûfe, excellent Peintre, qu'il admira. Il donna à fes dépens une fête aux Peintres de cette Ville : Il en fit autant à Gand, à Malines & à Anvers, toujours accompagné de Mabûfe. Chaque repas lui coutoit 60 florins. Ces deux Peintres, fort riches par leurs talents, firent par-tout une belle figure, Mabûfe habillé en drap d'or, & Lucas d'un camelot de foie jaune, qui avoit le même éclat. Ce voyage, qui devoit lui fervir de délassement, lui couta la vie. Le Public & lui-même accuferent les Peintres, jaloux de fa réputation, de l'avoir empoisonné. Il eft vrai qu'il n'eut jamais depuis, un moment de fanté ; & pendant fix années il fut prefque toujours au lit: Mais l'opinion commune attribue fes infirmités à la foibleffe de fon tempé

rament,

tament, & à une application continuelle. Cet épuifement, qui dégénéra en langueur, ne l'empêcha 1494point de peindre ni de graver, quoique retenu au lit. Le dernier morceau qu'il grava, eft une Pallas, qu'il finit. Peu de temps avant fa mort, il demanda avec inftance à voir le Ciel, & fe fit transporter hors de fa chambre. Il mourut deux jours après, en 1533, âgé de 39 ans. Il s'étoit marié fort jeune à une Demoiselle de la Maison de Boshuysen, de qui il n'eut qu'une fille, qui accoucha neuf jours avant qu'il mourut : Ayant demandé le nom de l'enfant, il parut avoir regret qu'on lui eût donné le fien, difant qu'on ne cherchoit qu'à se débarraffer de lui, puifqu'on lui avoit fubftitué un autre Lucas. Ce dernier Lucas, fon petit-fils, eft mort à Utrecht en 1604, âgé de 71 ans, affez bon Peintre, ainfi que fon frere Jean de Hoey, Peintre à la Cour de France. Le Portrait de Lucas de Leyden, peint & gravé par lui-même, a été rendu public: Il eft reprefenté fort jeune, fans barbe, à demi- corps, un bonnet fur la tête, avec des efpeces d'ailerons, & une tête de mort entre for habit & fa poitrine.

JEAN

L'HOLLANDOIS.

An Mander rapporte peu de chofe de ce Peintre: Il y a quelque temps, dit-il, qu'on vit paroître les Portraits gravés des plus habiles Peintres,

Peintres, parmi lesquels fe trouve celui de Jean 1494. Hollandois, natif d'Anvers, célébre Payfagiste en détrempe & à l'huile. Il étoit fouvent à fa fenêtre pour examiner les différents effets des nuages, qui entroient dans fes Payfages. Il fçavoit fe fervir du fond, foit du panneau ou de la toile, avec fuccès: Maniére que Breughel a bien imitée. Sa femme fuivoit les Marchés, où elle expofoit fes Tableaux, qui font bien recherchés encore. Il est mort à Anvers ; on n'en fçait point le temps.

JACQUES

L

CORNELISZ.

A Ville d'Amfterdam vante beaucoup les talents de Jacques Cornelifz, né dans le Bourg d'Ooft-Sanen. Van Mander ne peut exactement marquer le temps de fa naiffance; il dit feulement, felon le rapport de Jean Schooréel, Eleve de Cornelifz, qu'en 1512 il jouiffoit déjà d'une grande réputation. Son Maître eft également ignoré. Cornelifz avoit peint dans l'ancienne Eglife d'Amfterdam une defcente de Croix, pour un Tableau d'Autel : On y voyoit une Madelaine affife au bas de la Croix; on y reconnoiffoit la Nature, auffi ne faifoit-il rien fans la copier. On voyoit de lui, dans la même Eglife, les Œuvres de miféricorde; mais de tous ces Tableaux, il en est peu qui ayent échappé aux fureurs des Guerres de Religion de ce temps-là : Guerres qui ont

toujours

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