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tiere des jugemens civils & criminels: ainfi tout AN. 1203. feroit foûmis au tribunal ecclefiaftique, & il n'y auroit plus de puiffance temporelle. Il faut donc convenir que les autoritez de l'écriture alleguées en cette decretale, ne regardent que le fort interieur & le tribunal de la confcience: où tout évêque & même tout prêtre autorifé a droit de lier ou délier, mais feulement par raport aux facremens & aux autres biens fpirituels.

LIX.

Mcaux.
Fram. Duchefne
to. §. p. 801. ex

L'abbé de Cafemaire travailla un an entier à faire Concile de la paix entre les deux rois ; & pour cet effet fit plufieurs voyages en France & en Angleterre. Enfin voïant qu'il n'avançoit rien, il assembla un concile à Geftis. Inn. n. Meaux: où après que les lettres du pape eurent été cil. p. 27. · lûës, les évêques de France répondirent, que le roi d'Angleterre n'y ayant point obéi, ils avoient refolu de confulter le pape même à caufe des grands embarras dont ils voïoient l'églife Gallicane menacée; & de peur que l'abbé de Cafemaire ne procedât cependant en qualité de legat, ils appellerent au pape : donnant un certain terme à leur appel, qu'ils s'engagerent à poursuivre par le baifer de paix, en presence des envoyez du roi de France: en forte que fi quelqu'un d'eux ne poursuivoit pas l'appel en perfonne au terme prescrit, il feroit fufpens. Car le legat ne voulut recevoir leur appel qu'à ces conditions. Mais le pape difpenfa les évêques de ce ferment, & leur permit par grace finguliere, que quelques-uns d'eux allaffent à Rome pourfuivre leur appel au nom de tous. Ainfi les archevêques de Sens & de Bourges vinrent au terme prefcrit avec les évêques de Paris, de Meaux, de Chaalons & de Nevers, & plufieurs GAY

du

AN. 1203. ecclefiaftiques confiderables. Ils attendirent longtems à Rome, fans qu'il vint perfonne de la part roi d'Angleterre : après quoi ils declarerent en confiftoire public, qu'ils n'avoient point appellé pour éluder le mandement du pape, mais pour l'intereft qu'ils y avoient, étans perfuadez que la caufe de leur roi étoit jufte. Que fi après cette declaration le pape avoit encore quelque foupçon contre-eux, ils offroient de s'en purger canoniquement; mais le pape

les en difpenfa.

LIVRE SOIXANTE-SEIZIE ME.

C

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AN. 1204

I.

Affaires de C. P.

VI. ep. 229. ap.

Rainald.

Ependant le pape Innocent III. fit réponse à la lettre que le jeune empereur Alexis lui avoit écrite fur fon rétablissement à Conftantinople. Il Rail an ne manque pas de relever la proteftation que faifoit 1204.8.2 Alexis de fa foumiffion au S. siege, & la promesse d'y ramener l'église Orientale, s'il y eft fidelle, le pape lui promet toute forte de profperité : mais s'il y manque, il lui prédit qu'il fuccombera à fes ennemis. La lettre eft datée d'Anagni, où le pape vint fur la fin de Septembre 1203. après avoir paffé tout l'été à Ferentino. Car il avoit été obligé à fortir de Chr. Fossa. no. Rome pour éviter l'indignation des Romains, & il n'y rentra qu'au mois de Mars 1204.

1203. Gefta lan 7. 137.

Rain.

Le pape fit auffi réponse à Boniface marquis de VI. ep. 230. ap Montferrat, à Baudouin comte de Flandres & aux autres feigneurs croifez mais il ne les falua point avec la benediction ordinaire, craignant qu'ils ne fuffent tombez dans l'excommunication, en at taquant C. P. contre fa défense. Car-on doutoit fr la promeffe qu'ils avoient exigée du jeune empereur touchant la réunion des Grecs n'étoit point un prétexte pour couvrir leur faute. Nous en jugerons, dit le pape, par les effets : fi l'empereur nous envoïe des lettres patentes que nous puiffions garder, par lefquelles il confeffe avoir prêté ce ferment; s'il engage le patriarche à envoyer une députation folemnelle, par laquelle il reconnoiffe la primauté de l'église Romaine, nous promette obéiflance, & nous demande le pallium, fans lequel il ne peut legitiTome XVI.

T

AN. 1204. mement exercer les fonctions patriarcales. Que fi l'empereur refuse de le faire dès le commencement de fon regne, il paroîtra que ni son intention, ni la vôtre n'a été fincere ; & que vous avez ajoûté ce second peché à celui que vous avez commis à Zara, omploïant encore contre les Chrétiens les armes que vous sembliez avoir prifes contre les infidelles.

Ville-harden 110.

Ville. 112.

Mais la face des affaires avoit bien changé à C. P. le jeune empereur Alexis croïant sa puissance affermie, commença à meprifer les croifez. Il ne les vifitoit plus comme auparavant : il retardoit les paiemens de ce qu'il leur devoit de reste, les reduifoit à de petites sommes & enfin à rien ; & toutefois pour les fatisfaire, il avoit pris jusques aux Nicer.p.355.B. Vafes facrez & aux ornemens des églifes, ce qui l'avoit rendu très-odieux aux Grecs. Enfin les croifez ennuïez de fes remifes & de fa mauvaise foi, lui declarerent la guerre ; & l'envoïerent défier lui & Ifaac fon pere,jufques dans leur palais. Les defordres qu'attira cette guerre,irriterent encore plus les Grecs contre Alexis; & un autre Alexis de la famille Ducas, voulut profiter de l'occafion, pour se faire luimême empereur. On l'avoit furnommé MourchouNicet. p. 360.D. fle; à caufe de fes fourcils épais, & il eft plus connu fous ce nom. La revolte éclata le vingt-cinquième de Janvier l'an 7612. indiction septiéme, felon nous l'an 1204. Ce jour le peuple accourut en foule à sainte Sophie, & obligea le fenat, les évêques & les principaux du clergé à s'y affembler, pour élire un empereur. On en propofa plufieurs, & enfin au bout de trois jours un jeune homme nommé Nicolas Canabe fût élû & facré. L'empereur Ifaac étoit alors à

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l'agonie, & fon fils Alexis ayant apris la revolte, en- AN. 1204. voya querir le marquis Boniface ; & refolut avec lui

de faire venir les troupes des Latins, pour chaffer ce nouvel empereur.

Alors Mourchoufle profitant de l'occafion se rendit maître des Danois armez de haches de la garde de l'empereur & les fit inftruire du deffein d'Alexis: puis comme fa charge de protovestiaire, ou maître de la garderobe,lui donnoit toutes les entrées:il vint trouver ce prince au milieu de la nuit, & comme tout allarmé, lui dit, que fes parens & toute la garde Danoise étoient à la porte avec des mouvemens furieux, voulant le mettre en pieces, parce qu'ils venoient de découvrir fon intelligence avec les Latins. Le jeune prince effraïé demande à Mourchoufle ce qu'il y avoit à faire. Celui-ci le mene dans la chambre qu'il avoit au palais, comme pour le fauver : mais auffi-tôt il lui met les fers aux pieds & le jette dans une prison affreuse. Puis il prend les brodequins d'écarlate & les autres marques d'empereur, le fait reconnoître,& met en prifon le pauvre Nicolas Canabe abandonné du peuple qui l'avoit élu. Mourchoufle ellaïa par deux fois d'empoisonner le jeune Alexis; & n'y ayant pû réüffir, il l'étrangla, après que ce malheureux prince eut regné fix mois & huit jours: ce qui tombe au huitiéme de Fevrier 1204. Le nouvel empereur publia qu'Alexis étoit mort naturellement, feignant en être fort affligé, & lui fit faire des fune-Ville Hard. n. railles magnifiques mais la verité ne pût demeurer cachée.

Sur cet évenement, les barons croifez s'affemblerent avec le duc de Venise, les évêques, le cler

117.

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