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AN. 1218.

leur

Venitiens, François & Hongrois, que le pape avoit excitez contre lui par la promeffe de l'indulgence; & les Venitiens étoient encore plus animez par interêt particulier de recouvrer Durazzo. Voyant donc ces troupes prêtes à fondre fur lui, il écouta les propofitions du pape, & promit avec ferment de Te foumettre à l'obéïffance de l'églife Romaine & de délivrer le légat. Le pape le reçut à bras ouverts, comme il parut par fa lettre du vingt-cinquième de p. 1881. Rain.n. Janvier 1218. Ille mit fous la protection du S. fiege, & défendit aux croifez qui s'étoient afssemblez à Venife & à Ancone d'attaquer les terres de Theodore fous peine d'excommunication. Tant le pape fouhaittoit de délivrer le légat, & d'envoyer tous les croisez à la terre sainte. Il n'est point mention dans ce traité de l'empereur, de Pierre de Courtenai, parce qu'il étoit mort dans fa prifon. Le légat Jean Colomine fut delivré au mois de Mars, & alla à `C. P. exercer fa légation.

22.

Ep. 881. 884.

Rie. S, Germ.

1218.

tranfact,

,

c. Ult, extrà. de Il y trouva quantité d'abus à réformer, fur lefquels il confulta le pape en ces termes : Quelques Grecs recevoient furtivement les ordres facrez d'évêques dont ils n'étoient pas les diocefains: quelques-uns étant excommuniez,celebrent dans les églifes interdites ; & s'attachant opiniâtrément au rite grec, ne veulent obéïr en rien aux prélats Latins. Quelques évêques tantGrecs que Latins font des confecrations dans les diocefes des autres, & y perçoivent les dîmes au préjudice des évêques diocefains : quoique les évêques Grecs n'ayent accoutumé ni de prendre les dîmes, ni de faire de ces fortes de confécrations. De plus les Grecs laïques ne font point difficulté de

quitter leurs femines quand il leur plaît, & d'en AN, 1218. prendre d'autres, & de travailler les dimanches & les fêtes comme les jours ouvriers. Quelques feigneurs & autres nobles tant Latins que Grecs rete nant injuftement des abbaïes & d'autres églises,avec leurs fujets & leurs domaines, ne payent point les dîmes, & protegent ceux qui refufent de les payer; & fi on prononce contre-eux quelque excommunication, foit pour ces abus, foit pour d'autres, il n'en tiennent compte. Sur tous ces articles le légat demandoit au pape ce qu'il devoit faire, & comment il falloit punir un métropolitain, qui avoit donné permiffion d'aller à Alexandrie avec des marchandifes contre la défense du concile general.

Le pape répondit: Puifque les canons & les loix civiles ont prononcé fur prefque tous ces articles, vous devez y proceder fuivant leurs difpofitions. Vous pourrez auffi emploïer vôtre médiation pour accommoder les parties: & relâcher quelquefois un peu de la feverité des regles, felon que vous jugerez expedient: eu égard à l'état de l'empire, & à la multitude des coupables. Excepté toutefois les cas qui n'admettent ni compofition ni difpenfe, comme le facrement de mariage. Mais dans les cas où il n'y a point de loi expreffe, vous inclinerez toûjours au parti le plus humain felon la qualité des perfones, des affaires, des tems & des lieux. Vers le même tems le pape Honorius fe plaignit le patriarche à Gervais patriarche Latin de C. P. de plufieurs en treprises contre l'autorité du faint fiege. Nous avons apris, dit-il, que vous envoïez quelquefois en qualité de vos légats de fimples clercs, & même por

XIV. Plaintes contre

Gervais.

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Ep. 1002.

R. 11.26.

·AN. 1118.

16.

tant des chapes à manches, c'étoit un habit défendu conc. Lat. iv. c. aux clercs, & que vous leur donnez la plenitude de puissance que reçoivent les légats du S. fiege. Car ils · s'attribuent dans l'étenduë de vôtre patriarcat la connoiffance de caufes qui ne font portées par apel ni devant vous ni devant eux. Ils communient & abfolvent les excommuniez fans la participation de leurs prélats. Ils mettent des évêques au-deffus de leurs métropolitains: ils ne déferent point aux apellations interjettées au faint fiege. Ils donnent l'abfolution à ceux qui portent leurs mains avec violence fur les évêques, quoi qu'ils doivent être envoïez au pape, fuivant vôtre propre privilege. Enfin ils conferent les benefices fans attendre que le droit vous en foit dévolu, fuivant le concile de Latran. Le pape conclut ainfi : Quelque éclatante que foit vôtre dignité,fachez que vous nous êtes foûmis ; & quelquè déference que nous voulions avoir pour vous, nous ne pouvons diffimuler de tels attentats.

C.23.

XV.

Palestine.

2. Epift. 117.ap.

R.n. 1.

Pelage évêque d'Albane qui avoit été légat à C.P. Pelage legat en fous l'empereur Henri, étant revenu à Rome,le pape Honorius l'envoïa légat en Palestine à la tête des croifez, avec une lettre adreffée aux prélats Latins du païs, où il disoit en substance: Les pechez des Chrétiens ont rendu jusques ici inutiles leurs travaux & ceux des papes nos predeceffeurs pour la délivrance de la terre fainte; fi ce n'eft cue plufieurs en voulant regagner la Jerufalem terreftre, font arrivez à la celefte par le martyre. Nous efperons toutefois que Dieu nous fera enfin mifericorde, quand nous voïons la multitude innombrable de croisez qui vient à vôtre fecours de toute la Chrétienté; & la vic

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toire miraculeufe qu'il a donnée à ceux qui paffoient en Espagne. Il leur recommande enfuite le légat envoïé principalement pour procurer & maintenir l'union des efprits. La lettre eft du dix-huitiéme de Mai 1218. Le pape écrivit de même aux rois & aux fei- Ric„de S ̧Ger. gneurs du païs. Le légat Pelage s'embarqua à Brindes avec Jacques comte d'Andrie, chef de l'armée Romaine, & alla en Syrie au paffagè de Septembre.

Peu de tems après arriva à Gennes une grande multitude de croifez François, à la tête defquels étoient l'archevêque de Bordeaux, les évêques de Paris & d'Angers, les comtes de la Marche & de Nevers. Ils demanderent au pape un cardinal pour 3. Ep. 1. les accompagner en qualité de légat ; & le pape leur manda le vingt-huitiéme de Juillet qu'il leur envoïoit le cardinal Robert de Courçon,non en qualité de légat,mais seulement pour leur prêcher la parole de Dieu,car il paffoit pour éloquent prédicateur. Qu'ayant donné la légation à Pelage, il ne pouvoit la donner à un autre; & qu'ils devoient s'adresser à lui pour tout ce qui feroit de fon ministere.

Cependant le pape reçût une lettre de Jean roi de -3. Ep. 38. Jerufalem, de Leopold duc d'Autriche, du patriarche de Jerufalem & de l'archevêque de Nicofie en chipre qui difoient : Les premiers vaiffeaux de l'armée chrétienne font arrivez au port de Damiete le mardi avant la Pentecôte. C'étoit le vingt-neuviéme de Mai; & ces croifez qui arriverent les pre- Fac. Vier.p.11327 miers étoient les Allemans qui avoient paffé l'hiver Godef. an. 1218. à Lisbonne. Leur defcente à Damiete fut heureufe & Ford. Mf. ap. fans résistance de la part des infidelles. La lettre continuë en marquant le détail du fiege & fon état au M. Parif. 1218,

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Rain.

A N. 1218.

3. Ep. 39.

Fordan.

départ du courier, & priant inftamment le pape d'envoyer du fecours. Pendant ce fiege & le neuviéme de Juillet arriva une éclipfe de lune que lesChrétiens & les Musulmans tirerent de part & d'autre à leur avantage. Pour fatisfaire aux prieres des affiegeans, le pape écrivit à Genes, à Venife & aux autres ports d'Italie, tant aux croifez François, Allemans & autres, qu'aux évêques & aux magiftrats des lieux, , que tous les croifez allaffent droit à Damiere & s'uniffent ensemble pour la conquête de l'Egypte car on n'efperoit pas moins du bon fuccès de ce fiege.

L'arrivée du légat Pelage à Damiete fit un effet contraire à celui qu'en avoit attendu le pape, qui étoit la réünion des esprits. Car le roi de Jerusalem avoit jufques-là commandé l'armée : mais le légat dans une conference qu'il eut avec ce prince foûtint que c'étoit lui qui devoit commander, puifque c'étoit l'églife qui avoit reglé le paffage des croisez, & qu'ils n'étoient point dépendans du roïaume de Jerufalem.Le roi diffimula,mais il ne laiffa pas d'agir en maître, & toute l'armée fe trouva divifée d'affection entre lui & le légat. Le fiege de Diamete dura tout le refte de cette année 1218.& jufques au mois deNovembre de l'année fuivante.

Pendant ce fiege & au mois de Septembre 1218. Jac. Vitr. p. l'an 615. de l'Hegire mourut le Sultan d'Egypte fre1135. Codef. re de Saladin que nos auteurs nomment Safadin & Abulfar.p.228. que les Arabes nomment Melic-el-Adel Aboubecre Bibl. Orient. P. fils de Job. Il vécut foixante & treize ans, & en regna

745.

dix-huit: il laiffa quinze fils dont l'aîné Melic-elCamel futSultan d'Egypte,& fix autres partagerent la Syrie. Nos Latins nomment Camel Meledin; &

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