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à l'oreille, ainsi cette prison où l'eau coule renfermée produit un jet d'eau qui plaît à la vue? La comparaison n'estelle pas aussi juste que riante? M. de La Faye a pris sans doute un meilleur parti que moi; il s'est conduit comme ce philosophe qui, pour toute réponse à un sophiste qui niait le mouvement, se contenta de marcher en sa présence. M. de La Motte nie l'harmonie des vers; M. de La Faye lui envoie des vers harmonieux : cela seul doit m'avertir de finir ma prose.

OEDIPE

PERSONNAGES.

CEDIPE, roi de Thèbes.

JOCASTE, reine de Thèbes.

PHILOCTÈTE, prince d'Eubée.

LE GRAND-PRÊTRE.

ARASPE, confident d'Edipe.

ÉGINE, cofidente de Jocaste.

DIMAS, ami de Philoctète.

PHORBAS, vieillard thébain.

ICARE, vieillard de Corinthe.

CHEUR DE THÉBAINS.

La scène est à Thèbes.

OEDIPE

ACTE PREMIER.

SCÈNE I.

PHILOCTÈTE, DIMAS.

DIMAS.

Philoctète, est-ce vous? quel coup affreux du sort
Dans ces lieux empestés vous fait chercher la mort?
Venez-vous de nos dieux affronter la colère?
Nul mortel n'ose ici mettre un pied téméraire :
Ces climats sont remplis du céleste courroux,
Et la mort dévorante habite parmi nous.
Thèbes, depuis longtemps aux horreurs consacrée,
Du reste des vivants semble être séparée :
Retournez...

PHILOCTÈTE.

Ce séjour convient aux malheureux : Va, laisse-moi le soin de mes destins affreux, Et dis-moi si des dieux la colère inhumaine, En accablant ce peuple, a respecté la reine.

DIMAS.

Oui, seigneur, elle vit; mais la contagion
Jusqu'au pied de son trône apporte son poison.
Chaque instant lui dérobe un serviteur fidèle,
Et la mort par degrés semble s'approcher d'elle.
On dit qu'enfin le ciel, aprèe tant de courroux,
Va retirer son bras appesanti sur nous :
Tant de sang, tant de morts ont dû le satisfaire.
PHILOCTÈTE.

Eh! quel crime a produit un courroux si sévère ?

Depuis la mort du roi...

DIMAS.

PHILOCTÈTE.

Qu'entends-je? quoi! Laius...

DIMAS.

Seigneur, depuis quatre ans ce héros ne vit plus.
PHILOCTÈTE.

Il ne vit plus! quel mot a frappé mon oreille!
Quel espoir séduisant dans mon cœur se réveille!
Quoi! Jocaste... Les dieux me seraient-ils plus doux ?
Quoi! Philoctète enfin pourrait-il être à vous?

Il ne vit plus!... quel sort a terminé sa vie?

DIMAS.

Quatre ans sont écoulés depuis qu'en Béotie
Pour la dernière fois le sort guida vos pas.
A peine vous quittiez le sein de vos États,
A peine vous preniez le chemin de l'Asie,
Lorsque, d'un coup perfide, une main ennemie
Ravit à ses sujets ce prince infortuné.

PHILOCTÈTE.

Quoi! Dimas, votre maître est mort assassiné?

DIMAS.

Ce fut de nos malheurs la première origine :
Ce crime a de l'empire entraîné la ruine.
Du bruit de son trépas mortellement frappés,
A répandre des pleurs nous étions occupés,

Quand, du courroux des dieux ministre épouvantable,
Funeste à l'innocent, sans punir le coupable,

Un monstre (loin de nous que faisiez-vous alors?)
Un monstre furieux vint ravager ces bords.
Le ciel, industrieux dans sa triste vengeance,
Avait à le former épuisé sa puissance.

Né parmi des rochers, au pied du Cithéron,
Ce monstre à voix humaine, aigle, femme, et lion,
De la nature entière exécrable assemblage,
Unissait contre nous l'artifice à la rage.

Il n'était qu'un moyen d'en préserver ces lieux.
D'un sens embarrassé dans des mots captieux,
Le monstre, chaque jour, dans Thèbe épouvantée,
Proposait une énigme avec art concertée;
Et si quelque mortel voulait nous secourir,
Il devait voir le monstre et l'entendre, ou périr.

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