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(a) J'ai banni (dit Nemours) de mon camp le vain luxe des villes,

Qui retardant toujours la courfe des héros,

Amoliffoit des bras formés pour les travaux.

(b) C'étoit-là l'efpece des ferviteurs dont Charles VIII faifoit grand cas. Demandant un jour à Bellievre quarante Gentilshommes pour faire la guerre, il lui recommandoit

que ce ne fût pas de ces Seigneurs qui ne fachent bien » fervir pour faire trop les grands. Il vouloit de ces Gen» tilshommes moyens, & defquels on s'affure plus, & qui "font plus de fatigue que ces grands ». Brantofme.

ART. XXVII. RECRUES.

N'AVONS-nous 'AVONS-nous pas trop donné à la haute taille & à la jolie figure? La taille nationale n'est pas plus élevée que l'étoit celle des anciens Romains. Ils n'enrôloient perfonne avant dix-fept ans, & jamais après trente-cinq. Les raifons d'après lefquelles ils partoient, font, je crois, trop claires & trop juftes, pour qu'il foit befoin de les déduire & de les commenter.

La taille exigée étoit de cinq pieds deux pouces. L'état, la profeffion, l'activité, l'emportoient fur deux ou trois pouces de plus. Les Soldats pris dans la lie du peuple fervoient dans les Vélites. Voici, au rapport de Végece, comme l'on choi fiffoit ceux qui devoient former ces redoutables

légions: «< celui qui étoit chargé de la levée des » troupes, devoit s'attacher fur toutes chofes à » connoître par les yeux l'ensemble des traits » & par la conformation des membres, ceux qui » pouvoient faire les meilleurs Soldats. Il y a des » indices fûrs & avoués par les gens d'expérience, » pour juger des qualités guerrieres dans les hom»mes, comme pour connoître la bonté des che>>vaux & des chiens de chaffe. C'est à de pareilles » marques extérieures que Virgile veut que » l'on reconnoiffe le roi des Abeilles. Souvent » dit-il, il y en deux : l'un a l'air fier, le corps »poli, des couleurs vives; voilà la bonne efpece: » l'autre eft mal teint & chargé de ventre, figne » de lâcheté & de pareffe».

Le nouveau Soldat doit donc avoir les yeux vifs & affurés, la tête élevée, la poitrine large, les épaules fournies, les flancs arrondis, la main forte, les bras longs, le ventre petit, la taille dégagée; Machiavel ajoute à ces fignes la Gagliardia, & cette gaillardife fignifie vigueur. alerte. Ces obfervations du Secrétaire de Florence prouvent bien que tout eft du reffort d'un homme de génie ; cela m'amene infenfiblement à une question que j'ai fouvent entendu faire à plufieurs Officiers. Croyez-vous, difoientils, que Voltaire eût bien commandé une armée? fort mal, leur répondit on. Les premieres campagnes,

campagnes, fur-tout fi à quatre-vingt ans il eût rêvé pour la premiere fois à cet état; mais fi fon génie l'y eût porté de bonne heure, fecondé des circonstances ordinaires, il eût fait un très grand homme de guerre.

M. de Turenne parut être du même avis, quand affiftant à la fcene qui fe paffe entre Sertorius & Pompée, dans le moment où ces deux Généraux y déploient la noble fierté des héros, & paroiffent en même tems épuiser toutes les grandes reffources de leur art & de leur politique; Turenne s'écria: quelle fublimité! Où donc Corneille a-t-il appris l'art de la guerre? On auroit pu lui répondre, dans la retraite avec les mêmes fecours que Newton, Defcartes Léibnitz, Bayle & Mallebranche ont acquis les connoiffances qui nous ont tiré du chaos de là barbarie, & du néant de l'ignorance.

Quant à la Tactique, remarquons encore avec M. de Voltaire que l'Europe la doit à un homme de lettres, à ce même Machiavel; bataillons fur trois, fur quatre, fur cinq de hauteur; bataillons marchans à l'ennemi; bataillons quar rés pour n'être point entamés après une déroute; bataillons de quatre de profondeur, foutenus par d'autres en colonnes, bataillons flanqués de Cavalerie, tout eft de lui; il apprit à l'Europe l'art de la guerre,

L

Le Grand Duc voulut que l'Auteur de la Mandragore & de Clitie, commandât l'exercice à fes troupes felon fa nouvelle méthode; Machiavel s'en donna bien de garde, il ne voulut pas que les Officiers & les Soldats fe moquaffent d'un Général en manteau noir; les Officiers exercerent les troupes en fa préfence, & il fe réferva pour le Confeil. Voltaire, Obfervations fur l'Encyclopédie.

Si j'avois l'honneur de commander un Corps, cet éloge moderne dont je fuis étourdi me flatteroit bien peu: Ah! que voilà un beau Corps! mais je ferois pénétré de la volupté la plus vive, la plus pure, fi je pouvois dire avec tous mes concitoyens: voici un Corps brave, fage, bien inftruit, & fur-tout heureux.

ART. XXVIII. STRATAGÊMES.

APRÈS avoir lu Polien, Frontin, & le grand traité de Joli de Mezeroy, j'ai été fort furpris qué l'on ait paffé autant de tems à écrire fur un pareil fujet; l'efprit felon les circonstances fait naître les ftratagêmes; le cœur feul les épure; il eft des chofes que l'on ne peut jamais enfeigner. Gaudeant benè nati.

ART. XXIX. MARAUDE.

IL eft bien humiliant pour la Nation que cè mot, ainfi que beaucoup d'autres, exifte dans la langue, & qu'il doive fon fens à la foibleffe d'une multitude d'hommes qui font profeffion de n'en pas avoir.

Voici en deux mots l'hiftoire de la guerre : les Loix divines & humaines femblent ne l'avoir autorifée que pour affurer le bonheur & la tran quillité des différentes fociétés. Tout peuple qui eft affez malheureux pour avoir recours à cé moyen violent, doit porter chez les ennemis autant de fenfibilité, autant de retenue (a), de délicateffe même qu'il en auroit au fein de fa propre famille. C'eft au génie du Chef, c'est à la bravoure du Soldat à tout décider en rafe campagne.

Il est un moyen fur & facile (ils le font tous avec des hommes qui fe conduifent par l'honneur) (b); que l'on perfuade donc au Soldat François, que de couper le col d'un revers de fabre à un coq Autrichien, n'eft nullement une gentilleffe; mais bien dans fon vrai fens un vol, par confequent un acte dégradant; que c'est être bien mal-adroit que d'employer à fa honte les mêmes armes qu'il avoit prifes pour se couvrir

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