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ARLEQUIN.

Perfonne.

L'INGÉNIEUR.

Paix donc; il ne faut pas parler ; nous tâcherons de prendre le fort par furprise.

ARLEQUIN.

N'y a-t-il aucun danger?

L'INGÉNIEUR.

Non.... non. Quelques coups de fufil dans la tête; mais quoi qu'il arrive, il ne faut pas parler, & aller toujours en

avant.

EULARIA.

Comment tout ceci finira-t il?

ARLEQUIN.

Paix donc, Madame; fi vous êtes faite

aux coups de fufil dans la tête, je ne le fuis pas, moi.

Les affiégés font une fortie. Arlequin tremble d'effroi, & dit que c'est une convulfion de bravoure : on tient confeil de guerre : on demande l'avis du Baron,

ARLEQUIN.

Qu'on les laiffe en repos; je n'aime pas à défobliger perfonne.

Enfin on commence l'attaque, les ennemis font feu. Arlequin fe cache fous la jupe d'Eularia, & entre ainsi dans la place.

Au troifiéme acte, la ferme s'ouvre; on voit plufieurs foldats qui paffent devant Arlequin. Le Capitaine lui dit qu'il vient de la part du Roi d'Yvetot, pour le faire Chevalier. En vérité, Monfieur, répond Arlequin, c'est une vérité.... très-véritable, que je fuis.... trèsvéritablement obligé à mon véritable coufin.... le très-véritable Roi d'Yvetot (1).

(1) C'était fur ce dernier, très-véritable, que tombait la plaifanterie,

Le

Le Capitaine le fait affeoir dans un Fauteuil, & veut lui chauffer les éperons. Ah! Monfieur, s'écrie le Baron, je ne fouffrirai pas que vous me rendiez ce fervice, & j'ai un laquais qui me les mettra. Non, Monfieur, replique le Capitaine; car cela eft effentiel à la cérémonie. On lui met le manteau, & enfuite le Capitaine lui dit de jurer. Arlequin répond qu'il ne jure jamais, & lorfqu'on veut lui donner le coup de plat d'épée fur l'épaule; il tombe de frayeur, & fait tomber tous ceux qui font autour de lui. Enfin, on lui met le bonnet à deux cornes. Madame, dit-il, en tournant vers Eularia, fi je prends ce bonnet, j'efpere que dans la fuite vous m'en fournirez un autre. Le Capitaine en lui paffant le colier de l'ordre, l'avertit qu'il ne faut jamais l'ôter. Oh! je fçais bien, répond Arlequin, que quiconque porte une fois cet ordre, le porte toute la vie.

Arlequin arrive au quatrieme acte en habit de chaffe. Le cordonnier veut lui effayer une paire de bottes, & après l'avoir culbuté plufieurs fois : vos bottes font trop étroites, dit le Baron. Je yous demande pardon, Monfeigneur, Tome I.

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dit le Cordonnier, ce font vos jambes qui font trop groffes.

Quelques fcênes après, il dit à Eularia Madame, en voulant vous offrir du gibier, un autre vous aurait préfenté des cailles, des bécaffes, des perdrix rouges, bleues, de toutes fortes de couleurs; mais comme ce font des animaux trop petits pour une grande Dame comme vous; j'ai pris du gibier proportionné à votre taille, & vous amene en conféquence un petit cochon bien blanc, bien gras, bien dodu, bien potelé, bien peigné, bien poudré, bien appris & bien plein de rubans.

Arlequin paraît au cinquiéme acte avec fon habit ordinaire. Il donne la main à Eularia, qui eft mafquée : il dit qu'il a choifi cet habit pour se réjouir, fe & commande qu'on laiffe entrer tous les mafques. On danfe chacun fon entrée, & enfuite on exécute un concert: il dit à celui qui mene l'orchestre. Bravo, Amphitrion (Amphion) n'eût pas mieux fait. Lorfque le Muficien chante, il fait le lazi de tomber en foibleffe par excès de plaifir: il ôte fon chapeau, fon labre, ou fa batte & fon habit; il eft prêt même d'ôter fa chemife déchi

rée. Eulatia rit. Ah! que Madame eft belle quand eft rit, s'écrie-t-il, fes dents font blanches comme du corail.

Scaramouche arrive. Après les premieres politeffes, il s'affied à côté d'Arlequin & ils converfent ensemble. Scaramouche vente fort fes richesses.

ARLEQUIN.

Ah! Seigneur, ôferais-je vous dire que vous êtes très-pauvre, en comparaifon de moi; j'ai nombre de villes qui m'appartiennent en pro pre dans les défeits d'Afrique.

SCARAMOUCHE.

Mais, Monfieur, il n'y a point de villes dans les déferts d'Afrique.

ARLEQUIN.

Avec toute la civilité poffible, Monfeur, vous en avez menti.

SCARAMOUCHE.

Ah! Monfieur, permettez-moi de

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