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fcêne en impromptu; ils la jouerent alternativement avec la bonne Comédie, même avec la Tragédie, & fçurent par cette variété de fublime & d'agréable, de gracieux & de comique, attirer le public, toujours avide de la nou

veauté.

Mais vers l'an 1520, l'Empereur Charles-Quint ayant amené plufieurs fuites de Seigneurs Efpagnols dans le Royaume de Naples & de Sicile, dans le Duché de Milan & dans d'autres Provinces, les comi-Tragédies Efpagnoles y furent introduites, & le Théâtre Italien alla tellement en décadence, que la Comédie impromptu reprit le deffus, & refta feule en poffeffion de la fcêne.

Andreini dit Lelio, effaya de relever la Comédie écrite, il en compofa dixhuit à lui feul; mais obligé de fuivre le mauvais goût de fon fiécle, il fe livra trop aux obfcènités dont on ne rougiffait point alors, & les Comédiens ne firent point difficulté d'en répandre dans les bonnes Comédies qu'ils métamorphoferent honteusement, & dont ils tirerent des canevas pour leurs Acteurs mafqués. Au milieu de cette décadence du théâtre Italien & de cette

dégradation de la bonne Comédie, une feule Troupe conferva la décence & la modeftie; mais ce bon exemple ne dura pas affez long-temps pour ramener les autres à la bienféance: elle quitta l'Ita fie & paffa en Allemagne à la fuite de l'Electeur de Baviere, à Munic & à Bruxelles, & depuis au fervice de l'Empereur Léopold & de Jofeph, Roi des Romains.

L'aviliffement du théâtre avait néceffairement entraîné celui des Acteurs: plus de mœurs, plus d'émulation, plus de talens; la Comédie Italienne était plongée dans l'ignominie, lorsqu'un jeune Acteur de la Troupe dont je viens de parler, entreprit de lui rendre fon ancien luftre: Pietro Cotta, dit Celio, commença par épurer le théâtre, & y remit avec fuccès les excellentes Piéces anciennes, telles que le Paftor fido del Guarini, l'Aminta del Tafso, l'Aristo, demo del Dottori, &c.

Ce bon exemple encouragea un autre Comédien à fuivre la même carriere aux dépens de fon intérêt, de fon travail & de fa tranquillité; ce fut Louis Riccoboni dit Lelio, dont nous aurons occafion de parler fouvent dans le cours de cette hiftoire : fes talens le firent

choifir par fes camarades, qui le mirent & leur tête, quoiqu'il n'eut alors que 22 ans; le fuccès de fes travaux répondit aux efpérances de fes compagnons, & ils parvinrent à faire goûter au public plufieurs bonnes Tragédies, telles que la Sophonis be du Triffino, le Torifmonde du Taffe X'Iphigénie en tauride de Martelli, &c. mais il ne put engager aucun Auteur à compofer une bonne Comédie : les Acteurs mafqués de ce tems auraient rebuté l'homme le plus entreprenant.

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Lelio n'eut d'autre reffource que de chercher chez les Etrangers ce qu'il ne pouvait trouver dans fa nation; il eut recours au théâtre Français; les vieil lards furent joués par le Pantalon & le Docteur; l'Arlequin & le Scapin fu rent chargés des rôles de Valets. Le Menteur de Corneille, la Princeffe d'Elide de Moliere, furent traduites & récitées, d'autres grandes Piéces furent réduites, de petites furent alongées; quelquesunes même, telles que le Chevalier à la Mode & l'Homme à bonne Fortune, furent fondues enfemble, le tout felon le goût de la nation, que Lelio familiarifa ainfi peu à peu avec les Piéces fuivies & les intrigues vrai-femblables; enfin il mérita par fes travaux la répu

tation qui le fit défirer en France, où il vint en 1716 avec une Troupe qu'il avait été chargé de former pour M. le Duc d'Orléans Régent, & qui après la mort de S. A. S. obtint le titre de Comédiens du Roi.

C'eft à cette époque que je commencerai l'histoire du théâtre Italien, après avoir parlé fuccinctement des différentes pérégrinations que les Italiens firent en France avant ce temps fous le nom de Gelofi. (1) Henri III en fit venir pour jouer pendant les Etats de Blois ; ils continuerent enfuite à représenter leurs Comédies fur le théâtre du petit Bourbon, (2) avec une grande affluence de peuple; leurs repréfentations furent interrompues par des défenses du Parlement, & recommencerent trois mois après par ordre exprès du Roi; mais les troubles qui agitaient alors le Royaume, étant peu favorables aux fpectacles, ils furent obligés de retourner en Italie.

(1) (Jaloux) doit être pris ici pour am bitieux de plaire.

(2) Rue des Poulies; il fut abbatu en 1660, lorsque l'on bâtit le péristyle du Louvre,

Il en vint une feconde en 1584, & une troifiéme en 1588; mais l'une & l'autre ne demeurerent que peu de temps & ne laifferent aucune époque remarquables. Henri IV en amena du Piémont une quatriéme qui s'en retourna deux ans après. Louis XIII en fit auffi venir une qui ne refta qu'une année; & celle qui fut mandée par le Cardinal Mazarin en 1645, n'eut pas beaucoup plus de fuccès, & fut remplacée par une autre qui fut elle-même fupprimée. Celle qui leur fuccéda, eut la permiffion de jouer à l'Hôtel de Bourgogne alternativement avec les Comédiens François; fur le théâtre du petit Bourbon avec la Troupe de Moliere. & enfuite fur le théâtre du Palais Royal; car ce ne fut qu'au moment de la réunion des deux Troupes Françaises fur le théâtre de la rue Guenégaud, que les Comédiens Italiens fe trouverent feuls poffeffeurs de celui de l'Hôtel de Bourgogne, où ils continuerent leurs représentations jufqu'au 4 Mai 1697, que M. d'Argenson, Lieutenant-Général de Police, en vertu d'une lettre de Cachet du Roi, fe tranfporta à onze heures du matin à l'Hôtel de Bourgogne, & y fit appofer les fcellés fur les portes des rues Maucon

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