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après le voleur, & Arlequin fort graž vement de l'autre côté, en continuant de répéter fon rôle.

Pantalon voulant troquer de la vieille vaiffelle d'argent pour en acheter de neuve, dit à fa fille Flaminia qu'il s'en eft accommodé avec un de les amis qui la doit envoyer prendre; mais il lui ordonne de ne la mettre qu'entre les mains de celui qui apportera fa montre qu'elle connaît bien.

Trivelin vient déguifé en Marchand & pourfuivi de fes camarades déguisés en Archers qui le faififfent, comme pour le mener en prifon; il s'écrie qu'il est bien malheureux d'être ainfi traité pour une miférable fomme de mille écus, tandis qu'il a chez lui dix fois plus d'effets qu'il n'en faut pour l'acquitter; il implore le fecours de Pantalon, & le prie d'écrire pour lui à fa fille, parce que, dit-il, en montrant fon bras en écharpe, je ne fuis pas en état de le faire moi-même : Pantalon ne peut lui refufer ce fervice, & écrit fous la dictée de Trivelin: » Ma fille, ne manquez

pas de donner au porteur ce que vous fçavez bien; tandis que Pantalon écrit ce billet, Trivelin lui vole fa montre,

& muni de ce double témoignage, il va trouver Flaminia, qui lui remet la vaiffelle fans difficulté.

Scapin & Trivelin ayant appris que Pantalon & le Docteur font assemblés pour conclure le double mariage de leurs enfans, vont comme Comédiens qui courent la Province leur offrir la Comédie; on les reçoit avec plaifir en cette qualité, & on les engage à donner quelqu'échantillon de leurs talens; ils s'en excufent fur ce que leurs habits ne font pas encore arrivés; chacun de l'affemblée leur en offre; les filoux qui ne demandaient pas autre chofe, les dépouillent, & afin d'ôter tout foupçon, ils chargent Arlequin, valet de la maifon, de tous ces habits, ajoutant qu'ils ont auffi befoin de ce valet pour remplir un rôle dans leur Piéce ; ils paffent dans une autre chambre avec lui comme pour fe concerter & s'habiller. Un moment après, on voit arriver Arlequin nud en chemife; les Gens de la noce qui croyent que c'eft lui qui ouvre la fcéne, rient de tout leur cœur, en le voyant dans cet équipage; & quelques raifons qu'il puiffe leur dire, quelqu'efforts qu'il faffe pour les mettre au fait de la fourberie, ce n'eft qu'a qua

près qu'ils font bien las de rire, qu'on' peut leur apprendre que les Comédiens font des fripons, qu'ils emportent leurs habits ainfi que le fien.

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Les Comédiens Italiens, malgré leurs foins & leurs efforts continuels pour attirer le Public à leurs Spectacles, n'avaient pû l'y fixer; on convenait de leurs talens; on approuvait leur zele; mais on n'allait point à leurs représentations : les Dames qui avaient montré le plus grand empreffement d'apprendre la langue Italienne, ne garderent pas long-temps cette réfolution, & leur émulation s'évanouit avec la nouveauté; leur défertion entraîna naturellement celle des hommes, & les Comédiens étaient réduits à parler fouvent dans le défert.

Défefpérés de voir leurs travaux fi mal récompenfés, ils méditaient leur retraite en Italie, lorfqu'un Auteur Français eut le courage de travailler pour eux; fon effai réuffit, & le fuccès du Port-à-l'Anglais ramena les Spectateurs en foule, & fixa les Comédiens en France.

Leurs, manieres honnêtes pour les 'Auteurs, leur en attirerent plufieurs, &

quelques-uns des plus diftingués, s'emprefferent à travailler pour leur théâtre, qui prit bien-tôt une forme nouvelle.

LE PORT-A-L'ANGLAIS

OU LES NOUVELLES DÉBARQUÉES..

25 Avril 1718.

Le Prologue de cette Piéce peint fort bien la crainte de l'Auteur & des Comédiens, pour une nouveauté, dont la réuffite était fort incertaine; les Partifans de la fcêne Italienne, blâmaient cette innovation, & ceux qui avaient intérêt à s'opposer à leurs fuccès, fe joignaient également à ces frondeurs; amis & ennemis, tous leur étaient contraires ; leurs terreurs n'étaient donc que trop bien fondées; & c'eft fur ce fujet que roulait ce Prologue vivement dialogué entre Flaminia & Silvia.

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Trafiquet, Courtier du Parnaffe vient finir leur difpute, & les détermine à jouer la Piéce nouvelle; Arlequin paraît en habit de Ville, elles le querellent de ce qu'il n'eft pas encore habillé; elles fortent & le laiffentavec Trafiquet, qui lui demande le

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