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payement de la Piece; Arlequin le lui donne en coups de batte: voilà qui eft de mauvaise augure pour la Piéce, dit Trafiquet en fortant. Meffieurs, dit Arlequin au Parterre, en voulant parler des fifflets dont il a été question dans le Prologue ne tirez rien, tout eft payé La Piéce eft en trois actes en profe mêlée de danses & de couplets, dont Mouret a fait la mufique.

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Lelio, Banquier Italien, ayant appris la mort d'un de fes Correfpondans à Paris, nommé Lombardini, eft parti de Rome pour venir régler fes affaires & apurer fes comptes avec la Signora Cicilia Lombardini; comme il eft extrêmement jaloux de fes deux filles, Flaminia & Silvia, il n'a pas manqué de les amener avec lui, ainfi que fon Domeftique Arlequin, Violette fa Ser vante, & Pafquella, vieille Duegne, à qui la garde des deux filles eft confiée; il a pris à Auxerre le Coche d'eau; mais un orage affreux l'a obligé de relâcher au Port-à-l'Anglais. Defcription de la tempête par Arlequin, qui dit que le tonnerre était fi épouvantable, que le foleil s'eft caché de peur, & la pluie fi horrible, que la riviere de Seine eft encore toute trempée; le

Coche d'eau étonné du bruit, aveuglé par l'obfcurité, s'eft brifé l'omoplatte contre un bateau auffi étourdi que lui, & tous deux fe feraient noyés, fi le vent charitable ne les avait pouffés à terre ; il bénit enfuite l'orage qui l'a fait échouer contre un bon Cabaret, & il maudit la jaloufie de Lelio, qui l'empêche de parler à Violette fa maîtreffe; elle paraît.

VIOLETTE.

Eh, bon jour, mon cher Arlequin; comment as-tu passé la nuit?

ARLEQUIN.

Je ne fçais, car je dormais; je ne t'en fçaurais rien dire ; & toi?

Pour moi, je ne fçais fi j'ai dormi; car je n'ai fait que rêver toutela nuit; & quand on rêve, en ne fçait ce qu'on fait non plus..

ARLEQUIN.

Et tu rêvais à moi, fans doute?

VIOLETTE.

Non, je rêvais à ce gros garçon Pâ tiffier qui était ton rival à Rome.

ARLEQUIN.

Ah ingratte! tradi&trice... Eh! qu'eftce qu'il te faifait, ce garçon Pâtiffier?

VIOLETTE

Il me faifait tenir une lettre à Lyon, dans laquelle il me promettait de venir inceffamment à Paris.

ARLEQUIN.

Fi: cela ne me plaît point; tu fais A des fonges.cornus, &c.

Lelio les furprend ensemble, les gronde, fait rentrer Violette, recommande à Pantalon l'Aubergifte, de ne laiffer parler fes filles à perfonne, & fur-tout de ne point donner de vin à Pafquella; il ordonne enfuite à, Arlequia de le fuivre à Paris; ce n'eft pas

le compte de celui ci, qui veut refter avec Violette; mais loin de laiffer paraître fa répugnance, il feint beaucoup de joie de voir la belle ville de Paris; il faute, il danfe, & fe laiffe tomber en difant qu'il a la jambe caffée; Lelio> eft obligé de partir feul.

Scêne Italienne entre Arlequin & Pantalon, qui fait apporter du vin & de l'huile pour penfer Arlequin, qui boit le vin à plufieurs reprises, & finit par courir fur le théâtre, en difant qu'il eft bien guérie, parce qu'il a pris le reméde en dedans.,

Flaminia & Silvia paraiffent, & s'entretiennent de leurs amours & de la contrainte où leur pere les retient; ce qui donne occafion à Flaminia, qui eft plus inftruite que fa foeur, de: parler des différentes manieres d'aimer, des différentes nations l'amour, dit-elle, eft en France un amufement; en Efpagne: une folie; en Italie une fureur, une maladie; en Allemagne un reméde FEspagnol a l'amour dans la tête, dans Fimagination; l'Italien dans le cœur & dans le fiel; l'Allemand dans l'eftomach & dans le foye; le Français un peu par-tout l'amour en Italie occupe dès:

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le matin, c'est la principale affaire en France, on y donne l'après-midi, les momens deftinés aux jeux, à l'oifiveté; en Espagne, on y employe le foir & la nuit; c'eft le temps du myftere des avantures, des chimeres, des vifions; en Allemagne, on aime le lendemain matin, quand la digeftion eft faite.

SILVIA,

N'en pourrait-on point trouver uM qui eût le bon de tous les quatre?

FLAMINI A.

Oui-dà, cela fe pourra trouver avec la pierre philofophale.

Le Chevalier de la Baftide qui a vu la veille les Italiennes nouvellement débarquées, eft devenu amoureux de Silvia; & pour trouver le moyen de lui déclarer fa paffion, il fe déguife en Payfan par le confeil de Tontine, fille d'Opéra, qui fe déguife auffi en Pay-fanne, & ils arrivent, fuivis d'une troupe de Villageois &.de Villageoifes,, qui forment un balet, & qui chantent les couplets fuivans..

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