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culbute Arlequin qui s'eft avancé de trop près; j'ai encore, ajoute-t-il, une poudre fimpatique qui attire des amans aux filles, & qui de ces amans fait des

maris.

Flaminia & Silvia approchent. J'ai encore une poudre plus admirable que toutes celles-là, Meffieurs, & c'eft le plus beau de tous mes fecrets; j'ai, dis-je, une poudre qui a la vertu d'augmenter l'argent à ceux qui en ont, & d'en faire venir à ceux qui n'en ont point : Flaminia & Silvia demandent de la poudre pour avoir de l'embonpoint & des maris; & Arlequin veut avoir de celle qui fait venir de l'argent.

ARLEQUIN.

Signor Operatore, quanto vendete la polvere qui fait venir l'argent?

L'OPERATEUR.

Plus on la paye, & plus il en vient.

ARLEQUI N.

Mais je n'ai pour tout vaillant qu'une piéce de vingt-cinq fols.

L'OPERATEUR.

Je ne prends pas garde à vous, voilà; il faut la prendre comme du tabac.

SILVIA, qui a acheté auffi de la poudre.

Et la poudre de fimpathie pour les

amans?

L'OPERATEUR.

Tout de même comme du tabac : (Silvia prend de la poudre; l'Opérateur touffe, & le Chevalier paraît :) Flaminia & Silvia font d'abord furprises; mais elles le reconnaissent pour le Lucas qui leur a donné des bouquets, & elles fe retirent.

ARLEQUIN..

Mais puifqu'il eft déja venu un amant à cette Demoifelle-là, les fecrets de Opérateur font bons; je m'étonne que Fargent ne me foit pas encore venu: Seigneur Opérateur, j'ai beau fouiller, il ne m'en eft point encore venu d'argent.

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Elle vous en fera venir, quand vous l'aurez vendue à un autre.

Arlequin paraît fâché de s'être laifle tromper.

L'OPERATEUR.

Allons mon cher ami, afin que vous ne vous en alliez pas mécontent, je veux bien vous arracher une douzaine de dents par-deffus le marché.

ARLEQUIN.

J'ai auffi un fecret qui vous fera venir quelque chofe..

L'OPERATEUR.

Quoi?

ARLEQUIN

Cinquante coups de bâton. Il les lui 'donne l'Opérateur fe fauve dans fon char; Arlequin l'y fuit: le char fe ferme, & la fuite de l'Opérateur les entraîne tous deux enfermés, & criant de toutes leurs forces. Le Chevalier continue de fe plaindre à Pantalon & à Tontine du mauvais fuccès de leurs ftratagêmes: celle ci lui promet de parler encore aux jeunes italiennes, de les raffurer fur leur crainte, de détruire leur timidité, & de les rendre d'un abord plus facile.

Arlequin revient, & fe plaint de la fourberie de l'Opérateur : il ne t'a pas trompé, dit le Chevalier; voilà deux écus qu'il te fais venir de ma part pour aller dire à tes Maîtreffes qu'une Dame défirerait avoir une converfation avec elles; elles defcendent; mais comme Tontine s'eft retirée pour méditer aux moyens dont elle doit fe fervir pour les engager à recevoir le Chevalier de

Baftide & le Comte de Trinquemberg, fon camarade; Silvia & Flaminia fe font quelques reproches mutuels fur leur timidité; Tontine arrive, & après un compliment honnête, elle leur propofe de fe joindre à fa compagnie, qui eft compofée d'une jeune veuve qui chante très-bien; d'une tante âgée, mais qui eft de bonne humeur; & de deux Cavaliers très-fages, qui feront enchantés de leur faire leur cour: Flaminia s'en excufe fur le caractere des

Français, qu'elle connaît d'après les biftoriettes qu'elle en a lue.

TONTIN E.

N'efpérez-pas les trouver tels que vous les avez vu dans les Romans, les chofes font un peu changées.

FLAMINIA.

Je crois que l'amour aura perfectionné chez eux de plus en plus la galanterie.

TONTINE.

On voit bien que vous venez de loin

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