ARLEQUIN. Mais, Violette, confidere un peu ; poulets, dindons, fricaffées, matelotes, vin frais, cinquante écus & les profits. VIOLETTE. Petits pâtés, tartelettes, biscuits, confitures, un gros garçon.' ARLEQUIN, Ohimé, fon difperato; (il reporte encore l'écu). Mais Tontine ajoute: Au deffert, vin de champagne, pâtifferie, fruits de toute forte, roffolis, ratafias, fromage de Milan, & tout cela, pour les garçons. ARLEQUIN. O pauvre Arlequin,' malheureuse victime de l'amour & de la gourmandife! Ah! Violette, ma chere Violette, par pitié & même pour ton intérêt, laiffe-moi engraiffer ici feulement quatre mois, je reviendrai à toi, riche, gras, potelė; je vaudrai quatre gart çons Pâtiffiers. VIOLETTE. Non; en arrivant, j'épouse le Pâ tiffier. ARLEQUIN. Allons, c'en eft fait; il faut mourir. M. Pantalon, n'avez-vous point quelque refte de matelote? PANTALON. Pourquoi faire? ARLEQUIN. Pour me tuer, vous dis-je; je l'avallerai tout d'un coup, & je m'étrangle rai avec les arrêtes. VIOLETTE. Fi: voilà une mort gourmande; je me te regretterais point; je veux que tu meures d'amour feulement. ARLEQUIN. Mourir d'amour! on en a perdu le fecret; cela me paraît même impoffible; l'amour eft l'auteur de la vie, il ne fçaurait donner la mort. - Tontine détermine enfin Pantalon & prendre Violette à fon fervice,. & tous font contens. Lelio arrive, & fe plaint de l'inconféquence de la Signora Cecilia Lombardini, qui le jour de fon arrivée, va fe promener à la campagne, malgré la promeffe qu'elle lui avait faite de lui tenir un logement préparé : il rencontre Violette & Arlequin, qui feignent de ne le pas reconnaître. ARLEQUIN. 'Ah! Monfieur, faites-nous l'honneur d'entrer chez nous, nous avons d'excellens vins de toutes fortes; poulets, pigeons, dindons, fricaffées, matelo tes; vous ne fçauriez être mieux. LELIO. Violette, eft-ce que ce coquin-là eft déja ivre ? VIOLETTE. Non, Monfieur, il parle, fort jufte Vous ne ferez pas mieux ailleurs; entreź vous ferez bien traité, bien fervi, bien couché, beau linge, draps blancs, excellens lits de toutes fortes, lits à dormir, lits de repos; vous ne manquerezde rien.. LELI O ab 9o. A Eft-ce que la cervelle vous tourne? Ne reconnaiffez- vous pas le Seigneur Lelio? VIOLETTE, & Arlequin. Te fouviens-tu du Seigneur Lelio ?? ARLEQUIN, à Violette.. Qui était notre maître à Rome? Oui. VIOLETTE. ARLEQUIN. Qui ne laiffait aucune liberté à ses: filles ni à toi ? ཛ Qui VIOLETTE. ARLEQUIN. Qui était fi jaloux, fi brutal, fi ri'dicule ? VIOLETTE. Lui-même. (Ils apprennent à Lelio qu'ils ne font plus à fon fervice, mais à celui de Pantalon, qui eft un galant homme, qui donne toute forte de liberté dans fa maison).. Lelio effrayé, demande fes filles 'Arlequin répond qu'il faut s'adresser à la Signora Tontine; elle arrive & apprend à Lelio ce qui s'eft paffé en fon abfence; Lelio croit d'abord que c'eft une plaifanterie, & fe fâche; mais il s'emporte bien plus, lorfqu'il apprend que c'eft une vérité, il s'écrie; ô ciel!! en quelle maifon fuis-je tombé?~~ TONTIN E. Il eft vrai, Monfieur, que cette maison-ci infpire furieufement les defirs du mariage.. |